Né à Arras, demeurant aujourd'hui à Maroeuil, Jean-Luc Yacine, sociologue, squatte aujourd'hui le rayon roman de vos librairies avec son très actuel "Free Rider", histoire de l'errance d'un immigré dans la France d'aujourd'hui.
Onze livres dont cinq romans, le tout en trente-cinq ans, Jean-Luc Yacine est loin d'être aussi prolifique qu'un Marc Lévy ou un Guillaume Musso. Peut-être aussi parce qu'à côté, monsieur a un métier, sociologue au service psychiatrie du centre hospitalier d'Arras. De plus, cet Arrageois de naissance ne boxe volontairement pas dans cette catégorie. Dans les années 80, le petit monde de la littérature avait choisi de le mettre dans une case, celle de "l'écrivain beur". Né d'un père kabyle et d'une mère française, actif dans les marches de l'égalité ayant marqué les années Mitterrand, Jean-Luc ne renie pas ses origines mais aimerait que l'on cesse dans l'enfermer dans ces poncifs. « Une fois enfermé, tu ne cherches plus à travailler ton écriture.
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Un bon roman, un vrai
Le style Jean-Luc Yacine, c'est sans doute lui-même qui en parle le mieux. « Mon but est de tirer le lecteur car on lit peu. Mon écriture est rapide, avec des descriptions bien ciselées. J'aime mettre plein de tiroirs. » Après lecture de "Free Rider", on confirme. Des livres écrits par des locaux, on en reçoit à longueur d'année à la rédaction. Leurs auteurs ont sans doute la passion de l'écriture chevillée au corps, mais cela n'achète pas le style. Jean-Luc Yacine n'en manque pas et "Free Rider" se dévore en très peu de temps pour qui se donne la peine de le prendre. D'ailleurs, l'homme est reconnu dans le milieu. En février il sera invité, parmi 130 auteurs, à l'Hôtel de ville de Paris pour le Maghreb des livres. La retraite approchant, il envisage déjà sa prochaine vie. « J'essaie de me réinstaller dans le paysage littéraire. Je suis bientôt à la retraite. Je vais avoir du temps pour écrire. Je travaille sur un autre roman. Je ne peux pas encore en parler. Cela fait six mois que je travaille dessus. » Espérons pour lui qu'il aura le nez aussi creux que lors de l'écriture de Free Rider en 2009. « C'est un roman qui en 2011 est devenu un vrai sujet d'actualité avec les arrivées à Lampedusa de personnes venant de pays ayant connu les révolutions arabes. "Free Rider" annonce un peu le printemps arabe et l'ostracisation des étrangers dans notre pays. D'ailleurs, on m'a dit "ton livre annonce le printemps arabe". »
Le combat d'une vie
Le roman feinte les clichés. Le personnage principal et narrateur arrive d'Ossétie du Sud (territoire du Caucase) et issu d'une famille de lettrés. « La facétie c'est de montrer une personne aux cheveux châtains et aux yeux clairs, pas le "bicot de service". Cela permet de jouer sur certaines situations. » Affilié au mouvement des écrivains issus de la marche pour l'égalité de 1984, le sexagénaire reste rebelle dans l'âme. « Je ne suis pas politique. Plutôt politiste, c'est-à-dire que je m'attache à la manière dont on traite les choses. En ce moment, je suis particulièrement outré par la dégradation d'un climat politique où certains font tout pour attirer les voix du Front national. » Ce combat, Jean-Luc le mène pour ainsi dire depuis son premier cri, lui, le fils d'un Kabyle et d'une Française. « J'ai pas attendu 1984 pour parler de ses problèmes. Déjà en 1976, je publiais de la poésie sur ce sujet. » Nul doute que durant la deuxième vie qui l'attend bientôt, la retraite, ce spécialiste de Saint-Simon et du socialisme continuera de suivre la voix du mouvement contre les discriminations par le biais des pages qu'il aura tout le temps de noircir. « J'ai commencé à écrire très jeune », se souvient-il. La machine à produire des mots n'est pas prête de s'enrayer.
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Posté Le : 09/11/2014
Posté par : Slash
Source : http://www.lavenirdelartois.fr