Ismaÿl Urbain (ou Ismaël Urbain), né Thomas Urbain le 31 décembre 1812 à Cayenne et mort le 28 janvier 1884 à Alger, est un journaliste et interprète français.
Il est le fils illégitime d’un négociant ciotaden du nom d’Urbain Brue et d’une Guyanaise de couleur libre, Marie Gabrielle Appoline. Urbain, qui portait le prénom de son père comme nom de famille, fut amené, à l’âge de huit ans par celui-ci à Marseille, où il reçut une éducation. Il fut ensuite renvoyé en Guyane en 1830 par son père qui espérait le voir entrer dans les affaires. Le piteux état des affaires de son père ne lui ayant pas permis de les reprendre, Urbain reprit le chemin de Marseille l’année suivante.
Après avoir découvert le saint-simonisme, Urbain prend le chemin de Paris où il est secrétaire de Gustave d'Eichthal. Il vit un temps avec les saint-simoniens avant de s’embarquer avec eux pour l’Orient. Thomas Urbain part en 1833 en Égypte avec les saint-simoniens en quête de la femme messie. Là, il enseigne le français à l'école militaire de Damiette jusqu’en 1836. L’année précédente, il s’est converti, « dans des vues apostoliques », à l’Islam et a pris le prénom d’Ismaÿl, en étant convaincu que l’islam a libéré les esclaves et défendu les femmes, contrairement aux autres religions .
De retour à Paris, il travaille un temps pour le Magasin pittoresque de Charton, le Temps, la Charte de 1839, la Revue du xixe siècle.
Ayant appris l’arabe en Égypte, il obtient le poste d’interprète aux armées en Algérie, pour lequel il a postulé. Débarqué à Alger en 1837, il sert comme interprète sous divers généraux, dont Bugeaud, Rumilly, Changarnier. Le 28 mars 1840, il épouse une jeune Algérienne, Djeyhmouna Massoud Ezzebin, dont il aura, en 1843, une fille, Beia/ Baya. Ses vastes connaissances et son expérience de l’islam l’amènent à participer à l’administration algérienne à un haut niveau. Devenu membre du Conseil Consultatif affecté au Gouverneur-Général, il est inclus dans la plupart des décisions majeures touchant à l’Algérie.
Appelé au ministère de la guerre en 1845, il retourne en France, où il fera venir sa femme. Le 29 mai 1857, constatant l’échec du rapprochement qu’il avait espéré entre la famille musulmane et la famille française, il se résout à épouser sa femme devant l’état-civil et fait baptiser le lendemain sa fille, qui subissait sans cesse les moqueries de se camarades de pension des Sœurs de la Doctrine Chrétienne à Constantine. Cet acte ne suffit pas à apaiser le milieu catholique composé d’Espagnols, de Maltais, d’Italiens et de Méridionaux composant la nouvelle société des colons en Algérie, qui lui reprochent de ne pas avoir fait bénir son mariage à l’église et l’absence de baptême de sa femme.
Urbain s'installe définitivement en Algérie en 1845 où le lie une grande amitié avec l'émir Abdelkader .
Largement responsable de la politique arabophile de Napoléon III, dont il était le conseiller personnel, Urbain correspondait avec de nombreuses personnalités politiques, militaires et culturelles majeures de l’Algérie de son temps. Dans un article de la Revue de Paris de 1857, Urbain dénonça l’expression de « Kabylie » comme une invention due à l’esprit français de systématisation, que n’utilisaient ni les Arabes ni les Berbères d'Algérie4. En 1861, il publie sous le nom d’emprunt de Georges Voisin l’Algérie pour les Algériens, où il défend les idées de royaume arabe que Napoléon III, influencé par les idées saint-simoniennes, voulait mettre en œuvre à l’instigation d’Urbain, mais auxquelles s’opposèrent farouchement les colons et les intérêts économiques algériens. Le renouvellement des attaques d'Urbain, dans l’Algérie française : indigènes et immigrants, en 1870, suscita une très vive agitation dans la colonie. Les écrits d'Urbain soulevèrent des réactions si passionnées que la polémique qui en résulta eut pour conséquence d’éclipser presque complètement les idées qui y étaient développées.
Après la chute de l'empire, Urbain quitte l'Algérie. C'est à Alger toutefois qu'il décède le 28 janvier 1884. Il est inhumé dans le cimetière chrétien d'Alger, à Saint-Eugène, au pied de Notre-Dame d'Afrique.
À la mort d'Urbain, Émile Masqueray reprit le combat pour la défense des Algériens musulmans.
Publications :
Lettres sur la race noire et la race blanche, avec Gustave d'Eichthal, Paris, Paulin, 1839, ouvrage disponible sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France
Algérie. Du gouvernement des tribus. Chrétiens et musulmans, Français et Algériens, Paris, J. Rouvier, 1848
De la Tolérance dans l’islamisme, Paris, Pillet fils aîné, 1856
L’Algérie pour les Algériens, Paris, Michel Lévy frères, 1861, ouvrage disponible sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France
L’Algérie française. Indigènes et immigrants, Paris, Challamel aîné, 1862, ouvrage disponible sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France
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Posté Le : 16/11/2014
Posté par : Slash
Source : http://fr.wikipedia.org