Biographie du Cheikh Bensaâd Djaballah

(Né vers 1827). Poète et musicien. Djaballah Ben Saâd naquit à Annaba, dans le quartier Bathèt Sidi Chariet (Place d’Armes). Précoce et doué, il fit de bonnes études à l’école coranique de Sidi Khélif. A l’âge de 12 ans il perdit son père qui fut masseur de bain maure avant de devenir épicier. Il fut pris en charge par une famille aisée, les Snani. Au contact de ces nouveaux tuteurs très versés dans la musique classique, eux-mêmes compositeurs de quelques Madaïh dont Sidi braham et Sidi Ali Faldoun, il a appris à connaitre les modes et les règles qui régissent la Nouba. Soul la direction de l’un d’eux, Cheikh Sghaïr, ses récitals en étaient à un tel point de virtuosité que les voisins quittaient leurs maisons, leurs labeurs, pour venir entendre non seulement sa voix d’une exceptionnelle pureté , chaleureuse avec ce qu’elle comporte de variations et de sensibilité, mais aussi son luth, qui appartenait à son père, dont le frémissement des cordes suscitait l’enthousiasme. Il s’intéressait aussi au Zedjel, au hawzi et au Mahdjouz. A l’âge de 25 ans, devenu maître incontesté dans la manière de manier l’archer du violon, il sut s’entourer d’une pléiade de musiciens et, avec eux, constitua un orchestre pilote, une innovation depuis que l’émigration massive vers la Tunisie avait dépeuplé la ville. Vers les années 50, s’il a eu l’idée de reprendre du Hawzi pour les développer et les compléter, il compose de nombreuses mélodies et, en tant que poète quelques Qacidates, toutes considérées comme des chefs-d’œuvre, transcrites dans un Diwan. A cette même époque, il entreprit une tournée en Tunisie et y devint célèbre. Quelques mois plus tard ce sont des voyages répétés qui le retinrent à Constantine. Là dans les milieux cultivés, on remarque son génie et il était rare que son orchestre reste une nuit sans activité. C’est à cette occasion qu’il eut le coup de foudre pour une jeune fille de haut rang et qu’il décide de ne plus quitter Constantine. Cette passion est admirablement décrite dans sa Qacida Yal Baghi ou Yal Boughi, un chef-d’œuvre chanté plus de cent ans après sa composition par pratiquement l’ensemble des orchestres algériens et plus particulièrement pat M. T. Fergani. Admiré pour sa voix et ses compositions, Djaballah Bnesaâd mourut victime de la fierté des parents de la jeune fille qui n’arrivaient pas à admettre qu’un fils de Hammamdji ait pu un instant espérer devenir leur gendre. Grâce à son orchestre et à son œuvre abondante, le malouf sortit de sa somnolence. Son évolution sera plus marquée avec d’autres virtuoses, tels les Bel Khammars, Boubaker Belksiret, ferdjioui et quelques juifs dont le célèbre Boukhchima.