C'était l'un des plus grands amis de Dieu, un saint mort entièrement au monde. Les révélations célestes lui étaient familières. Dans la mosquée où il avait l'habitude de se rendre, il enseignait le Coran aux djinns (génies) : tout le monde pouvait entendre distinctement la voix de ces djinns quand ils lisaient en sa présence. Un jour que dans son école il était occupé à faire lire ses élèves, un serpent entra tout à coup dans la salle. A cette vue, les étudiants épouvantés s'enfuirent, qui d'un côté, qui de l'autre. « Laissez-le », leur dit paisiblement le cheikh. Le serpent s'étant alors avancé, lui présenta un billet qu'il tenait dans la gueule. Le cheikh le prit et, ayant demandé une plume et de l'encre, traça quelques mots au bas du papier et le remit dans la gueule de l'animal : tout cela se passait à la vue des assistants. Muni de son billet, le serpent s'en retourna par où il était venu, après avoir fait de nombreuses contorsions devant le cheikh comme pour le prier d'appeler sur lui les bénédictions du ciel. Quand il eut disparu, les élèves dirent au maître : « Voudriez-vous nous fournir quelques explications sur la scène merveilleuse à laquelle nous venons d'assister et que nous n'avions jamais vue? — Celui que vous venez de voir, leur répondit le cheikh, a été envoyé par une tribu de djinns habitant l'Iraq, pour m'adresser une question, et je lui en ai donné la réponse. » En parlant de la sorte, il avait particulièrement en vue un de ses élèves qui avait exprimé des doutes sur le pouvoir qu'il avait de voir les djinns.
Les faits miraculeux que la tradition attribue à ce cheikh sont innombrables. Son tombeau, que l'on voit près de la porte Wahb Ibn El-Monabbih (1), est célèbre, et les prières que l'on y adresse sont exaucées. Que Dieu agrée ce saint marabout !
Note1Wahb ben El-Monabbih est le nom d'un des musulmans les plus autorisés en fait de traditions reçues de la bouche de Mahomet, car ce personnage est du nombre de ceux qui sont nommés Sahaba, c'est-à-dire Amis, Compagnons ou Contemporains de Mahomet. Abou Dja'far Et-Tabary cite plusieurs choses de lui, touchant l'origine et la fin du monde. On lui attribue un ouvrage intitulé El-Mobtada oue'l-Mobtadi, et un autre qui porte le titre de Kitab el-lsraëlya (Histoire des Israélites).
Le nom entier de ce personnage est Ahou Abdallah Wahb ben El- Mouablilt ben Kemal Es-Saghany. Il était Persan d'origine, natif d'une bourgade proche de la ville de Merw, appelée Saghan, qui est maintenant détruite. Il est ordinairement qualifié de Sahib el-qoçous oua'l-akhbar (Auteur de récits et d'histoires). Il fut disciple de Djabir ben Abdallah, et mourut l'an 114 de l'hégire (inc. 3 mars 732).
Voyez sa biographie dans Ibn Khallikan, tome III, p. 106.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 15/09/2008
Posté par : nassima-v
Source : Ouvrage "El Bostan" d'Ibn Maryem, trad par F. Provenzali