Tlemcen - Mohammed El-Ouareghmy

Biographie de Mohammed El ouareghmy



MOHAMMED BEN MOHAMMED BEN ARAFA EL-OUAREGHMY
Il était originaire d'El.Qaçabat (1) et habitait Tunis dont il était l'imam, le savant et le prédicateur. Il fut le guide, l'érudit savant suscité pour être le chef des docteurs du huitième siècle, ainsi que le dit Es-Soyouty (2) dans son poème. Ibn Ferhoun, qui le cite dans son Dibadj (3), en fait le plus pompeux éloge. Qu'il nous soit permis d'ajouter ici ce qu'Ibn Ferhoun a omis.
Voici en quels termes s'exprime le cheikh Abou Abdallah Er-Ressaà en parlant de notre docteur :
«'C'est le pontife de l'Islam et des hommes illustres, l'imam vertueux, le modèle à suivre, le génie, la source de bénédictions célestes, le pèlerin, le très pur et parfait Abou Abdallah. Son père fut un homme de bien, vertueux et pieux, qui ne cessa jusqu'à sa mort de séjourner à Médine la noble. Vers le matin, après avoir passé toute la nuit eu prières, il invoquait Dieu en faveur de son fils ; puis il demandait au Seigneur d'accorder bénédiction et salut à Mohammed et s'écriait: « 0 Prophôte de Dieu! Mohammed ben Arafa est dans ton sanctuaire. » Il répé¬tait ces paroles chaque nuit, en sorte qu'il finit par être favorisé des gràces divines pendant sa vie, et qu'après sa mort il donna des signes non équivoques de la faveur dont il jouissait auprès du Très haut. Ce fut un saint homme qui aimait Dieu ; c'est lui qui remettait au saint sidi Khalil le bâton sur lequel s'ap¬puie le prédicateur en chaire. Chaque fois qu'il le lui passait, il ne manquait jamais de lui dire : « Priez, sidi, pour mon fils Mohammed. » Cela lui valut la grâce de faire des prodiges.
« Quant à son fils, le cheikh qui fait l'objet de cette notice, il se fit remarquer dans sa jeunesse par son ardeur et son applica¬cation à l'étude, par son autour pour la lecture et les entretiens scientifiques, et par son assiduité aux leçons des professeurs illustres. Il fréquenta longtemps l'imam Ibn Abd-es-Salam qui lui enseigna les dix leçons du Coran, les traditions, et lui orna l'esprit d'une foule de connaissances. Il apprit le partage des successions auprès du cheikh Es-Satty; les sciences rationnelles auprès d'Ibn Andras et d'Ibn El-Djebbab, le calcul et les autres sciences rationnelles auprès d'El-Aboly qui su plaisait à faire l'éloge de son élèye et disait : « Je n'ai jamais eu de disciples aussi distingués que lui. „ Il apprit les sept leçons du Coran auprès d'Ibn Salama , la jurisprudence sous la direction d'Ibn Abd-es-Salam, d'Ibn Qaddah (4), d'Ibn Haroun et d'Es-Satty.
« Quant à son ardeur et à son zèle, pour les actes de piété, c'est-à-dire pour la prière, le jeûne et l'aumône, on dit qu'il était parvenu au rang qu'occupaient, sous ce rapport, un grand nombre de tabi'oun, ou mahométans de la deuxième génération (5). Son histoire, à ce point de vue, fournirait la matière de tout un volume.
« On lui doit de merveilleux ouvrages, tels que :
1° Son Précis de jurisprudence, qui, si on considère sa concision, l'abondance des matières qui y sont condensées, les subtiles discussions qu'on y trouve sur la loi, ne saurait être comparé à aucun autre ouvrage ;
2' Son admirable Traité des définitions ;
3° Son Traité de logique, qui, malgré son petit volume, renferme plus de règles fondamentales et de renseignements utiles que ne pourraient en donner les savants les plus érudits ;
4° Son Traité des principes fondamentaux de la religion et du droit, et autres écrits relatifs aux traditions, au Coran et aux maximes juridiques;
Il vécut jusqu'à un âge fort avancé, dans l'aisance et à l'abri de tout reproche en ce qui touchait ses devoirs envers Dieu. Les rois le craignaient et rendaient gloire à son mérite. Il eut le bonheur de ne pas avoir été investi par eux des fonctions de cadi, quoiqu'il eût pu les obtenir : le Très-Haut le préserva de cette épreuve. Nommé imam de la grande mosquée (Ez•Zeïtouna, de Tunis) en 756 (inca 16 janvier 1355) (6), prédicateur de cette même mosquée en 772 (inc. 26 juillet 1370) et muphti en 773 (7), il ne manqua jamais de présider toutes les prières, sauf pendant ses maladies qui survinrent en 766, 770 et 785, pendant la maladie qui l'emporta, pendant son pèlerinage à La Mecque, et, enfin , pendant la mission que, dans l'intérêt des musulmans, il remplit à l'étranger sur l'ordre du roi magnanime Abou'l-Abbés (de Tunis). Dieu lui avait accordé les deux sortes de biens désira¬bles : les temporels et les spirituels. Il était saint, pieux, intelligent, un vrai modèle à suivre, sublime dans toutes ses actions et dans toutes ses pensées, très érudit et fortuné. Il fut le professeur d'un grand nombre de nos professeurs ; il possédait à fond toutes les sciences rationnelles et traditionnelles ; c'était l'élite des érudits, la perfection des dévots. La tradition a célébré, jusqu'à nos jours, sa bonne conduite, sa vaste érudition et la puissance de son intelligence. Dieu avait inspiré à tous les cœurs de l'amour pour cet homme. Tous ceux de nos professeurs qui ont été ses élèves le reconnaissent pour chef, se plaisent à honorer son mérite et à rendre hommage à son génie. Ce sont eux qui nous ont fait connaître ses miracles, ses belles qualités, sa bonne conduite et sa vertu. Ses livres sont d'une extrême concision et très difficiles à comprendre ; ils font le désespoir des plus habiles, et ceux des jurisconsultes qui parviennent à en déchiffrer les énigmes et à en saisir le sens s'en font un titre de gloire qu'ils se transmettent de père en fils. »
Tels sont, résumés, les renseignements fournis par Er-Ressâa. Le cadi Abou Abdallah ben El-Azreq dit : « Ibn Arafa rapporte, dans l'un de ses écrits dont j'ai pris connaissance, qu'il a lu d'une manière sérieuse et minutieuse une partie du Livre de Sibaoueïhi, sous la direction d'Ibn El-Djebbab, et une partie du Teshil, sous un autre de ses professeurs ; qu'il a entendu faire à Ibn Abd-es-Salam l'explication entière du Coran sublime, possédant, de son côté, tout ce que cette explication exige de la part de ceux qui l'écoutent, de profondes connaissances sur les dogmes, le droit, les règles fondamentales de la langue arabe, la rhéto¬rique, les principes du droit et autres sciences dont celles qui viennent d'être énumérées dépendent, et cela avec répliques, dis¬cussions, demandes et réponses. J'ai lu moi-même, sous la direc¬tion d'Ibn Arafa, le Sahih, de Moslim, moins une petite partie que j'ai entendu lire par un autre. Je lui ai entendu expliquer une portion d'El-Bokhary et du Mowatta. J'ai lu, toujours sous lui, une partie du Tehdhib et lui en ai ouï expliquer le reste plus d'une fois; cette lecture fut faite d'une manière sérieuse, avec citation des questions auxquelles donnent naissance les questions principales et des traditions qui se rapportent aux maximes juri¬diques, avec, en outre, des avertissements sur ces maximes, soit pour les rectifier, soit pour les approuver, soit encore pour revi¬ser ce qu'en ont revisé les docteurs de la loi. J'ai lu aussi, sous sa direction, plusieurs autres ouvrages de ceux qu'il avait lui même lus sous ses professeurs, et j'ai enfin profité de ses leçons de littérature. »
Son disciple El-Obby dit : « On sait combien notre professeur était beau et parfait de forme dans sa jeunesse. Il éprouvait de grandes craintes an sujet du sort qui nous est réservé après la mort, et demandait souvent, aux personnes qu'il croyait pieuses, de prier Dieu de le faire mourir en bon musulman. Un jour, il me donna un jouet et me dit : « Remets-le à ton fils (mon fils était alors âgé de sept ans) et dis-lui de prier Dieu qu'il me fasse mourir en bon musulman. » II pensait, en effet, que les voeux exprimés par l'enfant sont exaucés. J'eus pour lui, à cause de cela, beaucoup de considération et de sympathie. Il avait cou¬tume de dire : « Un discours ou une science ne peuvent être intéressants et utiles que s'ils traitent de quelque chose de nou-veau. Pour être utiles, les livres doivent de même renfermer des notes additionnelles, sinon les mots écrire un livre ne signifient pas autre chose qu'enjoliver du papier. » Par notes additionnelles, il désignait les observations et renseignements utiles qu'on ne trouve pas dans les livres publiés antérieurement, et par enjoliver du papier, il voulait dire : copier purement et simplement les ouvrages qui ont déjà paru. Il en disait autant des leçons : « Il est inutile, disait-il, d'assister aux leçons d'un maître, si l'on ne peut y recueillir un renseignement ou une observation qu'on ne trouve pas dans les livres; dans ce cas, il est au contraire préférable, pour celui qui tonnait le sens technique des expressions et qui est capable de comprendre le contenu des livres, de travailler et étudier seul. » Il composa, à ce sujet, les vers suivants :
« Lorsqu'aux leçons d'un maître, tu n'entendras ni faire une réflexion spirituelle, ni élucider une question obscure,
« Ni nommer l'auteur d'une citation curieuse, ni donner la solution d'un problème ou d'une difficulté qui se présente à l'esprit après réflexion,
« Abandonne les leçons de ce maître pour étudier et travailler seul ; abandonne-les, car c'est tout ce qu'il y a de plus détestable. »
El-Obby dit encore : « Voici les vers que j'ai composés en réponse à ceux que l'on vient de lire :
« Je jure par Celui qui t'a accordé ton haut rang et a fait de toi la plus belle parure de ce monde,
« Que ton haut enseignement assure toutes ces choses (c'est-à-dire tout ce que tu exiges qu'on trouve dans l'enseignement des autres professeurs), alors qu'aujourd'hui elles sont négligées dans les écoles.
Qu'Il te conserve, Celui qui t'a élevé si haut pour être la miséricorde du monde, pour servir à la Religion de sabre qui tranche toute hérésie »
EI-Obby ajoute ensuite ce qui suit : « Je suis. sincère dans le serment que je viens de faire, car il m'est arrivé de prendre chaque jour par écrit, aux cinq cours qu'il professait, sur l'exégèse coranique et les traditions, et aux trois sur le Tehdhib, environ deux pages de notes, d'observations et de remarques qu'on ne trouve pas dans les livres.
« C'était un professeur accompli : les notes utiles que renferment ses livres en font foi. Son Précis de jurisprudence suffirait seul, du reste, à prouver l'éminence de son mérite: c'est, en effet, un ouvrage dont on peut dire qu'on n'a jamais composé le pareil dans le monde islamique, si on considère l'exactitude avec laquelle les questions de droit malékite et les opinions des docteurs y sont exposées, les notes complémentaires qui accompagnent ces questions, les éclaircissements qui y sont donnés sur les passages obscurs, et les définitions des vérités légales qu'il renferme.
« Un jour, il me dit ceci : « Si je ne craignais d'avoir besoin d'argent dans ma vieillesse, je ne garderais jamais dix dinars chez moi. » Peu de temps avant sa mort, il habousa un certain nombre de maisons dont les loyers, qui sont distribués à la fin de chaque mois, s'élèvent à environ vingt-deux dinars. »
« Quand nous connùmes Ibn Arafa, dit son disciple El-Berzely, il enseignait, en été, les fondements de la religion et du droit, la logique, le partage des successions et le calcul, et, vers la fin de sa vie, la lecture coranique. Nous avons fréquenté ses leçons durant quarante années pendant lesquelles nous avons appris toutes les sciences qu'il possédait ainsi que sa méthode d'enseignement.. »
Après avoir rapporté dans son recueil de notes plusieurs demandes et plusieurs réponses ayant trait à certains versets du Coran, son disciple Abou'l-Abbès El-Becily (8) dit ceci : « Ces demandes et leurs réponses, ainsi que les remarques que nous avons citées dans notre présent livre, sont de celles qu'on entendait faire dans les discussions qui s'élevaient entre les étudiants à l'école de notre professeur Ibn Arafa, ou entre celui-ci et les étudiants: elles témoignent du mérite éminent de ce maitre et donnent une idée des grands avantages qu'on relirait de son enseignement. C'est pour. cela, du reste, que les gens bien avisés préféraient son école à toute autre. »
Son disciple, le hafidh Ibn Hadjar, dit dans son livre intitulé : Inba el ghomr (Enseignement donné aux ignorants) :
« C'est le pontife de l'Islam dans le Maghrib. Elève d'Ibn Abd-es-Salam, d'Ibn Slama et d'Ibn Belal (9), il a étudié les diver¬ses branches des connaissances humaines et y est devenu très habile. Il est si versé dans les sciences rationnelles, que dans tout le Maghrib on a recours à lui quand on se trouve embarrassé sur une question scientifique quelconque. Le sultan et tous les grands du royaume l'honorent. Il a une foi solide et beaucoup de vertu. On lui doit un certain nombre de livres, parmi lesquels il convient de citer celui qui est intitulé : L'étendu. Cet ouvrage traite de la doctrine malékite et se compose de sept volumes ; il est écrit dans un style très obscur. Ibn Arafa a mis en vers le Traité de lecture coranique de Yaqoub (10). Lorsque postérieurement à l'année 790 (inc. 11 janvier 1388), il partit en pèlerinage pour La Mecque, il me conféra un diplôme de licence écrit de sa main. Un de nos condisciples a noté, pendant les leçons que faisait Ibn Arafa sur l'interprétation du Coran, une grande quantité de renseignements très utiles qui forment la matière de deux volumes. Ces renseignements, qui ont été recueillis au fur et à mesure qu'ils ont été fournis par le professeur, sont une preuve de la vaste érudition de ce dernier. »
Son disciple Abou Hamid ben Dahira El-Mekky dit dans son dictionnaire biographique: «Il fut un docte imam très versé dans la science des principes du droit et de la jurisprudence, en langue arabe, en rhétorique, en lecture coranique, dans le partage des successions et en calcul. Il avait entendu Ibn Abd-es-Salam faire l'explication du Mowatta, et avait étudié le droit sous la direction de ce professeur. Il était excessivement pieux, méprisait le monde, craignait Dieu et s'occupait constamment de l'enseigne-ruent de la science. Les étudiants accouraient en foule auprès de lui pour profiter de ses doctes leçons. Nul, dans le Maghrib, ne pouvait rivaliser d'érudition avec lui, et aucun savant ne possédait autant de sciences que lui. Il recevait de villes éloignées d'un mois de marche des lettres dans lesquelles on lui demandait la solution de questions juridiques. On lui doit plusieurs livres utiles. I1 est mort sans laisser après lui un savant d'un mérite égal au sien. »
Ahmed Baba fait à ce propos l'observation suivante : « Quant à ces paroles d'Abou Harnid ben Dhahira El-Mekky : « Nul, dans le Maghrib, ne pouvait rivaliser d'érudition avec Ibn Arafa, etc. »,
je crois — et Dieu sait mieux que personne la vérité à ce sujet — qu'il faut les entendre avec l'une des deux restrictions suivantes : vers la fin de sa vie, ou en Ifriqiya; car il y avait à cette époque dans le Maghrib Moyen et le Maghrib Extrême, ainsi qu'en Espagne, des savants qui étaient ses égaux sous le rapport du savoir, et dont le rang, tant au point de vue de l'érudition que de la variété des connaissances, n'était pas inférieur au sien. Je citerai, pour Tlemcen: l'imam Ech-Cherif Et-Tlemcêny et le cadi Abou Othman (Said) El-Oqbany; pour l'Espagne: le cheikh des cheikhs Abou Said Faradj ben Lobb et l'imam, le connaisseur accompli, Abou Ishaq Ech-Chatiby; pour Fez : l'imam Abou'I-Abbés El-Qabbab. A coup sûr, tous ces docteurs le valaient sous le rapport du savoir. Voici, du reste, ce que l'imam Ibn Merzouq dit en parlant d'Ech-Cherif Et-Tlemcény et qu'on peut lire plus haut dans la biographie de ce dernier : «On est unanime à déclarer qu'il est le plus savant de son époque. n Souvenez-vous aussi des disputes et des discussions qui s'élevèrent entre Ibn Arafa et Ibn Lobb et entre le premier et l'imam Ech-Chatiby, au sujet de plusieurs questions. Il est vrai qu'Ibn Arafa a survécu longtemps à tous ces savants, c'est-à-dire qu'il mourut plus de trente ans après le Chérif et plus de vingt ans après Ihn Lobb, El-Qabbab et Ech-Chatiby : seul, El-Oqbany survécut à Ibn Arafa. Au surplus, Dieu sait le mieux ce qu'il en est.

Voici ce que dit de lui son disciple Abou't-Taïyeb.ben Alouan (11), dont le père est connu sous le nom d'El-Misry (l'Égyptien) :
« Notre cheikh, le docte et pieux imam, le professeur, le prédicateur, le muphti, l'érudit savant, le pèlerin Abou Abdallah ben Arafa gagna un très gros lot de chaque science, et obtint dans le partage de celle des principes du droit et de la jurisprudence non seulement une part, mais encore toutes les autres. Il décocha sur la cible de toute action noble et généreuse une flèche qui atteignit le but. Des étoiles de science parurent dans le ciel de son enseignement. Sa pluie fut abondante et son pftturage fertile (c'est-à-dire: il était très généreux). Il fut utile même après sa mort ; les bénédictions célestes dont il jouissait se sont perpétuées dans ses compagnons, ses disciples et ses proches. La science d'un homme disparaît avec lui, sauf celle de celui qui a des. Disciples. Il allia à l'étude de la science la pratique des bonnes oeuvres et employa tous ses moments à faire le bien. Il ne plaisantait jamais et passait ses journées à jeûner et ses nuits à prier. Il luttait d'insomnie avec les étoiles qui brillent dans la nuit et préférait la prière au sommeil. »
Son disciple Chems-ed-Din ben Amrnar El-Misry (12) dit : « C'est en 793 (inc. 9 déc. 1390) que je me suis attaché à l'enseignement de ce maitre dont les Egyptiens suivirent les leçons. Nul, à son époque, tant en Orient qu'en Occident, n'était plus versé que cet imam dans la jurisprudence de sa secte (la secte malékite). Il avait la prééminence dans tous les pays occidentaux. Très érudit et possédant des connaissances variées, il était consulté sur toutes sortes de questions. Il était peu accueillant, très éloquent, évitait de lutter d'intelligence avec ses émules et de les traiter avec dureté. »
«Tout le monde reconnaît, dit le cadi Abou Abdallah ben El-Azreq, que le cheikh Ibn Arafa est parvenu au plus haut degré de science qu'il soit possible d'atteindre. Quant à son rang dans les joutes scientifiques, il est trop notoire et trop célèbre pour qu'il soit nécessaire de le faire connaitre. J'extrais d'une lettre que m'a écrite de Tunis le cheikh, le jurisconsulte, l'illustre cadi, celui qui a hérité de la science de nos ancêtres, Abou Abdallah Mohammed ben Mohammed ben Iça Ez-Zeïdouny El-Qocentiny (13), résidant à Tunis, le passage suivant où il dépeint notre savant : « Le cheikh Ibn Arafa, dit-il, possède réellement le savoir que dénotent les ouvrages qu'il a composés sur les diverses sciences; quant à sa piété, elle est on ne peut plus grande.'» Ibn El-Azreq ajoute : « J'ai entendu notre professeur, l'honorable imam, le cadi de la communauté Abou Mahdy Iça El-Ghebriny, tenir le propos suivant : « Sauf les hommes dont parle El-Qocheiry dans sa Riçala, il n'y a personne au monde qui, sous le rapport de la constance à jeûner, à prier et à lire le Coran, soit comparable au jurisconsulte sidi Ibn Arafa. Chaque année, il passait les dix dernières nuits de ramadhan en prières dans la mosquée Ez-Zeitouna ; c'est une habitude qu'il conserva tant que ses forces le lui permirent, c'est-à-dire jusqu'à près de sa mort. Que Dieu lui fasse miséricorde 1»
Ez-Zeïdouny, susmentionné, dit.: « La première fois que nous rencontrâmes Ibn Arafa, ce fut en 793 (inc. 9 décembre 1390); il était alors àgé de 77 ans, vu qu'il naquit en 716 (inc. 26 mars 1316) ; il mourut en 803 (inc. 22 août 1400). C'est sous sa direction que notre professeur, le cadi de la communauté Abou Mahdy, susnommé, nous fit une lecture complète du Sahih d'El-Bokhary.. Tout ce que Tunis comptait de grands personnages, de savants, d'étudiants grands et petits, assista à cette séance. Cette admirable solennité, qui réunit tous les savants de cette époque, eut lieu au mois de ramadhan de la première année du IX' siècle (mai juin 1398), à l'occasion d'un accident dont faillit être victime, au mont Aurès (14), le prince des croyants, l'argument dont Dieu se sert pour prouver son existence aux rois, Abou Faris Abd-el-Aziz (15). Ce prince avait ordonné cette lecture parce qu'elle est l'antidote de l'adversité. Le Sahih ayant été lu ainsi qu'il vient d'être dit, sidi Abou Mahdy et l’imam et cheikh Ibn Arafa délivrèrent ensuite à tous les assistants, le premier en sa qualité de lecteur, et, le second, de professeur, un diplôme de licence pour l'enseignement de cet ouvrage. »
Ibn El-Azreq dit encore: « Le cheikh, le jurisconsulte, le professeur, le savant versé dans les diverses branches de la science, l'écrivain, le traditeur par excellence, le grand voyageur, le pieux et vertueux pèlerin Abou'l-Hacén Ali ben Mohammed ben Ali El-Qoréchy, plus connu sous le nom d'El-Qalaçady, originaire d'Albacete, résidant à Grenade (Dieu le rende illustre et le protège !), m'a adressé une lettre autographe dont j'extrais le pas sage suivant : « Voici, dit-il, ce qui m'a été rapporté par notre professeur et notre source de bénédictions célestes, le très docte sidi Mohammed ben Oqab, ainsi que par d'autres savants de Tunis : Le cheikh et imam Ibn Arafa était une sommité scientifique ; il composa sur les diverses sciences un grand nombre d'ouvrages dont la plupart sont sobres de développements. C'est dans les dernières années de sa vie, et surtout à partir de son élévation à la dignité de muphti, qu'il se consacra à l'enseignement du droit. Il s'était adonné à l'étude de la' Modawana qu'il revoyait constamment. Il étudia les sept leçons du Coran, sous la direction d'Ibn Selama, d'après les leçons d'Ed-Dany (16) et d'Ibn Choreïh (17), et sous Ibn Berra , d'après les leçons d'Ed-Dany ; les principes fondamentaux du droit,, sous Ibn Alouan; les principes fondamentaux de la religion, sous lbn Selama et Ibn Abd-es-Salam; la grammaire, sous Ibn Younès; la controverse et toutes les sciences métaphysiques, sous le cheikh El-Aboly qui faisait le plus grand éloge de son élève et disait qu'il n'avait jamais eu de disciples aussi distingués qu'Ibn Arafa et le Chérif Tlemcénien. Il fut nommé imam de la mosquée Ez-Zeïtouna en l'année 756(inc. 16 janvier 1355), prédicateur de cette même mosquée en 772 (inc. 26 juillet 1370), et muphti en 773. En 792 (inc. 20 décembre 1389), il fit le pèlerinage de La Mecque, durant lequel il se fit suppléer dans les fonctions d'imam par Iça El -Ghebriny, qui était alors cadi de la communauté, et dans celles de prédicateur par le pieux cheikh, le saint Abou Abdallah El-Baterny (18). A son retour du pèlerinage, en 793 (inc. 9 décembre 1390), il reprit ses diverses fonctions qu'il conserva jusqu'à sa mort. La fortune lui souriait et le comblait de ses faveurs : richesse, considération, influence, rien ne lui manquait. »
Voici ce que son disciple El-Becily et autres rapportent : « Notre professeur Ibn Arafa naquit dans la nuit du 26 au 27 Red¬jeb 716 (nuit du 14 au 15 octobre 1316) et mourut le mardi (lisez : le mercredi) 19 Djoumada Premier 803 (5 janvier 1401), âgé de 87 ans moins deux mois et 8 jours (19). Il convient de citer parmi ses poésies les vers suivants qu'il composa peu de temps avant
sa mort :
« J'ai atteint ma quatre-vingtième année ou, plutôt, je l'ai dépassée. Aussi méprisé-je le pénible montent du trépas.
« Mes contemporains sont tous trépassés et devenus des spectres semblables à ceux que l'on voit en songe.
« J'espère, grâce à ces vers, grâce à mon désir de me rencontrer avec mon Souverain Maitre, et grâce aussi à l'horreur que m'inspire le séjour en ce monde, j'espère, dis-je, obtenir ce que promettent les premiers mots du hadith.
« Je dois aux voeux que mon père fit autrefois pour moi, à la Station (d'Abraham, à La Mecque), d'avoir passé une vie douce et paisible. »
« Dans le passage où il dit : J'espère, etc., il fait allusion à la tradition qui porte que Dieu se rencontrera avec ceux qui désirent le rencontrer, etc. ; quant à l'expression s'adr, elle signifie : les premiers mots du hadith. Un habile taleb a composé le tekhmis (poème quintain) suivant où il parle de lui-même :
« J'ai su et enseigné les sciences ; j'ai acquis et même détenu le premier rang.
« J'ai fait le compte de mes années : j'ai atteint ou, plutôt, dépassé le nombre de quatre-vingts. Aussi méprisé-je le moment difficile du trépas.
« Je n'espère plus séjourner longtemps encore dans ce monde, ni arriver au faite des grandeurs et au comble de la gloire.
• Comment l'espérerais je un seul instant, quand tous nues contemporains sont trépassés et devenus des spectres semblables à ceux que l'on voit en songe !
« Quand la Mort m'appelle sans que personne puisse me protéger contre elle ! quand la Mort presse sa monture !
« J'espère, brûlant d'un amour ardent ; oui, j'espère, grâce à cet amour, grâce à mon désir de me rencontrer avec Dieu et à l'horreur que m'inspire le -séjour en ce inonde, obtenir ce que promettent les premiers mots du hadith.
« Mon Dieu! réalisez l'espoir de votre humble serviteur d'avoir bientôt sa part dans votre céleste demeure.
« J'attends avec une impatience toujours croissante la mort qui m'assurera tous ces avantages; et pourtant ma vie s'est écoulée douce et paisible, grâce aux vœux que mon père fit , autrefois pour moi à la Station d'Abraham. »
Ahmed Baba fait la remarque suivante : « Ce tekhmis est l'oeuvre du très docte EI-Obby (20).
« L'imam Ibn Arafa, dit son disciple Ibn El-Khatib El-Qocentiny, a été notre professeur. C'est le guide, l'argument, Abou Abdallah. on lui doit plusieurs ouvrages dont le plus important est son Grand Précis de jurisprudence malékite ; j'en ai lu une partie sous sa direction. Il eut la bonté de m'en remettre un exemplaire. En l'année 777 (inc. 2 juin 1375), je le trouvais se livrant tout entier à la science, mais quand je le revis quelque temps avant sa mort, ses facultés intellectuelles s'étaient affaiblies et sa mémoire s'était un peu obscurcie. Il exerça les fonctions d'imam de la mosquée Ez-Zeïtouna pendant cinquante ans. »
Mentionnons aussi, parmi les poésies du cheikh, celle qu'il composa pour réfuter les assertions contenues dans le distique que récitait Ez-Zamakhchary (21), et qui est l'ouvre d'un héré¬tique mo'tazilite. Ce distique commence par ces mots : « Celui
qui a dit à une assemblée, etc. » (22).
Son élève, l'intelligent El Obby, a fait son éloge dans une pièce
de vers dont voici le commencement :
« Accourez, étudiants qui voulez vous instruire, car la science
vous sera désormais facile à acquérir;
« Voici (Puissiez-vous être bien dirigés!) Ibn Arafa qui vous
apporte un livre qui n'a pas son pareil.
« Prenez-le donc; il vous dispensera d'avoir recours aux autres livres, malgré son petit volume. Jetez-y un coup d'œil, et vous
serez convaincus de la vérité de ce que j'avance.
« Ibn Arafa occupe, en érudition, le rang le plus élevé. Il a fait la critique de certaines opinions et les citations qu'il a faites à ce sujet sont exactes.
« Il a parfaitement défini toutes les vérités ; aussi n'y a-t-il pas
à craindre que quelque erreur ou quelque défaut ne viennent désormais les fausser ou en ternir l'éclat.
« Dans ses explications et dans ses citations, il a laissé de côté tout ce qui lui a paru faible, et il a donné des avertissements qui méritent d'être écoutés.
« C'est ainsi qu'on doit écrire tous les livres, sinon qu'on y
renonce. Toutes les connaissances qu'il a étalées dans son ouvrage sont, ne vous en étonnez pas, la moindre partie de son
savoir.
« Et si, par hasard, quelqu'un s'avisait de le contredire, ne l'écoutez pas, mais dites-vous bien que l'oppression et l'injustice
existaient longtemps avant ce contradicteur ;
« Que l'humanité est divisée en deux parties : opprimés et oppresseurs. C'est d'ailleurs une vérité si bien établie, qu'il n'est
pas bon de l'ignorer, etc., etc. »
Son disciple Mohammed ben Abou Qacim, plus connu sous le
nom d'Ibn El-Haffa, a chanté ses louanges dans un long poème qui renferme environ cinquante-quatre vers ; en voici quelques
Uns :
« C'est un savant qui mérite l'épithôte d'unique. On peut citer
parmi ses qualités : la bonté et la générosité.
« Il s'est rendu incomparable par ses nobles actions, sa sagacité et la douceur de sou caractère, qui ne le cède en rien à celle du miel.
Qu'il suffise de vous dire, pour le faire connaître, qu'il est semblable à une haute montagne dominant les alentours. Il y a entre lui et les autres savants la même différence qu'entre la Kaaba et les autres lieux saints: on ne visite ceux-ci qu'après avoir visité celle-là.
« Lorsqu'il explique le Livre révélé, il fait des merveilles, et quand il cite les traditions, il ne faut pas lui demander celles relatives à l'otage ou à l'esclave (car il les connait toutes).
« Lorsqu'il parle sur la grammaire, la jurisprudence, les principes fondamentaux du droit, la théologie scolastique, les langues disputeuses se taisent devant lui et se soumettent.
« Fait-il le partage d'une succession ? il s'empresse d'être juste et équitable. Aussi, tel un nouveau marié, le Droit décou¬vre-t-il le visage de son épouse la Loi.
« El-Haufy aurait eu besoin de lui comme guide. Lorsque l’injustice veut l'atteindre, une barrière se dresse entre Elle et lui.
« Je me suis évertué à déchiffrer les énigmes d'un livre que Mohammed, digne de louanges (Ibn Arafa), a composé, lequel livre n'a pas son pareil.
« Il est peu volumineux, mais son mérite et sa richesse sont
considérables; il est substantiel et très difficile à comprendre si on ne le lit pas avec la plus grande attention.
« Ni la rhétorique d'Ibn Rochd ni celle d'aucun autre savant
du nom d'Ibn X ou de Rochd n'ont jamais expliqué si clairement à l'homme doué d'intelligence ce qu'Ibn Arafa a lui-même exposé avec tant de lucidité dans son livre.
« Si Malik (à la lettre : le possesseur de la science), l'imam de Taïba (Médine), l'avait vu, il l'aurait nommé cadi et lui aurait certainement dit: « Tu seras mon successeur. »
« C'est sur lui que tout guide se guide ; l'humanité marche derrière lui les yeux fixés sur le flambeau qu'il tient à la main et qui éclaire le droit chemin.
Ses disciples les plus célèbres sont : le noble seigneur Abou'1-Fadhl Es-Salaouy, que nous avons déjà mentionné et qui est l'auteur du livre intitulé : »Ikmal el ikmal (L'achèvement de l'achèvement) (23) ; le cadi Abou Mahdy Iça El-Ghebriny ; l'imam El-Obby qui est aussi l'auteur d'un livre intitulé Ikmal el ikmal; le hafidh El-Berzely; Ibn El-Khatib El-Qocentiny (de
Constantine) ; l'imam Ibn Merzouq El-Hafid (le petit-fils); Abou Et-Taïyeb ben Alouan ; le cheikh et cadi Abou Abdallah Et-Qalchany (24); son fils, le cadi Abou'l-Abhès, le commentateur
de la Ricala (24) ; le cadi Abou Mahdy Iça .El-Ouannoughy, l'auteur d'un commentaire sur la Modau'ana ; Abou Abdallah Mohammed ben Omar El-Ouannoughy, qui résidait alternative vement à La Mecque et à Médine ; le cadi Abou'l-Abbès Ahmed, plus connu sous le nom d'El-Meridh (le malade) ; le cheikh Abou Abdallah ben Qalil El Hemm ; l'imam et hafidh Abou'l -Qacim El-Abdoucy Et-Facy (25) ; l'imam et cadi de la commu¬nauté, lbn Oqab EI-Djoudhamy ; Abou'l-Abbès Ahmed El¬ Becily; le cadi Abou Youçof Yaqoub Ez-Zoghby; l'émir Abou Abdallah Mohammed, plus connu sous le nom d'El-Hacèn El-Hafsy, fils du docte sultan Abou'1-Abbès ; le cadi Abou'l-Qacim lbn Nadji ; le très savant Abou Yahia ben Oqeiba El-Gafsy (de Gafsa) (26) ; le lettré imam Abou Abdallah ben Dja'l ; le noble seigneur et médecin Es-Saqilly (le Sicilien) ; le docte imam Ech-Cherif Et-Adjicy; l'imam el. muphti, le cadi des mariages, Abou Abdallah Mohammed ben Mohammed Ez-Zeïdouny, et une foule innombrable d'autres savants.
Il convient de citer aussi parmi les disciples qu'il eut en Orient : le très docte Chems-ed-Din Ibn Ammar, Bedred-Din Ed-Demaminy (27), Abou Hamid ben Dhahira, le hafidh Ibn Hadjar, et un grand nombre de savants illustres qui ont été des pontifes de l'Islam. Que Dieu nous fasse profiter des grâces qu'il leur a accordées ! Amen ! (28).

Notes

1 El-Qaçabat, appelée aussi Qaçabat oua Tallout, bourgade et ruines romaines situées à six lieues E.-N.-E. de Tlemcen.
2 inclus, a été écrite par son maître Djélal-Eddin Mohammed el - Mahalli, né'en 1389, mort ;en 1459, professeur de jurisprudence au Caire et commentateur obstiné, et la seconde moitié par notre Djélal-Eddin Soyoûti, son élève, qui acheva l'ouvrage en qua¬rante jours. Kosegarten et Grangeret de Lagrange ont donné des extraits de l'anthologie intitulée El-Merdj-en-nadir (le Pré fleuri). Le Chams sikh, sur la science historique, a été publié par M. C.-Fr. Seybold (1896), ainsi que son traité sur les Konya ou surnoms. » (CI. Huart, Littérature arabe, p. 361-363.)
il se livrait. Son avidité lui fit retrancher une partie des pensions attribuées aux soufis de son école, ou les réserver à d'autres; ils se soulevèrent contre lui en février 1501; à la suite d'une enquête judiciaire, il fut destitué par le sultan Touman-Baï. Il se retira alors dans son habitation de l’ile de Rauda. On voulut lui rendre sa place de professeur à la mort d'Ibn Ballân, qui lui avait succédé, mais il n'accepta pas et mourut dans sa retraite le 17 octo¬bre 1505. Il a donné lui-même les titres de trois cents de ses écrits; la liste de M. Brockelmann en énumère trois cent quinze; Flügel a dressé une autre liste qui en comprend cinq cent soixante et un. Cependant beaucoup de ces compositions, qui pour la plupart ne sont pas originales, se réduisent souvent à un seul cahier; à Leyde, il y a un seul volume qui contient quatorze de ces traités. On l'a accusé d'avoir pris des ouvrages de ses devanciers, de les avoir un peu remaniés et transformés, et de les avoir donnés comme siens. Cependant ils ont eu un succès considérable, comme tout travail de compilation qui met à la portée des jeunes générations les ouvrages conservés dans les bibliothèques de pays lointains et que l'imprimerie n'est pas encore là pour multiplier et populariser; ce n'est qu'à la fin du xviiie siècle que la typographie, appliquée aux caractères arabes, fera son apparition à Constantinople. ,Jusque-là l'Orient ne connaîtra d'imprimés que les incunables orientaux de Rome et de Leyde. Quoi qu'il en soit, Soyoüti a pour nous le mérite d'avoir conservé dans son travail d'abréviateur et de compilateur, d'anciens écrits qui sans cela seraient perdus pour nous.
« Son Histoire des khalifes a été admirée parce que c'est un résumé commode peut-être pour l'usage des classes en Orient, mais qui ne peut aucunement nous satisfaire. Elle s'étend depuis Abou Bekr jusqu'à l'année 1497, où El-Mostamsik devint khalife abbasside au Caire; elle a été publiée par Nassau Lees à Cal¬cutta et traduite en anglais par M. Jarrett; elle est suivie d'un poème didactique, destiné à être appris par coeur, et où les noms des khalifes sont rangés par ordre. Son Histoire de l'Egypte et du Caire, Hosn el-Mohadara, est une compilation de vingt-huit ouvrages historiques. Il est l'auteur de l'abrégé et de la continuation du Tabagat el-Hoffâzh, de Dhahali, qui a été publié par Wüstenfeld. Son livre des interprètes du Koran a été édité par Meursinge. Son abrégé du Lobâb, d'Izz Eddin Ibn el-Athir, extrait du grand ouvrage de Sam'âni, a paru à Leyde, par les soins de Veth. Le Kitab et-Awaïl (Livre des connaissances primordiales) est un abrégé d'El-'Askari, étudié par Gosche. Son Itqân, sur l'exégèse du Koran, a été édité à Calcutta, réimprimé au Caire. Un commentaire du Koran, célèbre en Orient, est le Tafsir des deux Djélals, dont la première moitié, jusqu'au chapitre XVII
« Un homme destiné, par ses travaux encyclopédiques, à incarner la science musulmane au xv°, siècle, c'était l'Egyptien Soyoùti (Djélâl-Eddin Abou'l-Fadl 'Abder-Rahman). Il était ori-ginaire d'une famille persane établie depuis plus de trois siècles à Syout ou Osyout, dans la Haute-Egypte, mais il naquit au Caire le 3 octobre 1445. Ses ancêtres avaient occupé des fonctions publiques: l'un avait été juge, l'autre chef de la police municipale; un troisième était devenu un riche marchand; son père avait été cadi au Caire, et s'était ensuite retiré du monde pour se consa¬crer à la lecture du livre sacré: Quand il mourut, en mars 1451, le jeune 'Abd-er-Rahman n'avait que cinq ans et demi ; il fut élevé par un ascète qui lui fit apprendre par coeur le coran avant d'avoir huit ans. Après avoir visité le F'ayyoum et Damiette, il partit en pèlerinage pour la Mecque en décembre 1464; à son retour, il professa la science des traditions, et son maitre 'Alam Eddin El-Bolqini lui obtint la chaire du premier professeur de jurisprudence à la medressé Chéïkhouniyya, place jadis tenue par son père.
« Son arrogance et même son manque de loyauté lui attirèrent la haine des savants, attisée par les controverses âpres auxquelles
3 Voyez le Dibadj, page 288.
4 Omar ben Ali ben Qaddah El-Hawary Et-Tounecy était très versé dans la doctrine de Malik. Il fut cadi de la communauté à Tunis, et mourut dans cette ville l'an 736 de l'hégire (inc. 21 août 1335). Voyez sa biographie dans le Dibadj, p. 191.
5 Tabi'oun signifie en arabe : les suivants. C'est ainsi que les musulmans appellent les personnages et docteurs qui ont suivi immédiatement ceux qui portent le nom de Sahaba ou Compa¬gnons de Mahomet (v. note 3), dont le dernier, Abou Tofaïl 'Amir ben Wathela El-Kinany, mourut dans la centième année de l'hégire; de sorte que les Tabi'oun commencent seulement depuis ce temps.
L'autorité des tabi'oun est beaucoup moindre que celle des Sahaba, et leur durée s'étend dans le second siècle de l'hégire.
6 Ez-Zerkéchy, dans sa Chronique des Almohades et des Hafcides (p. 80 du texte arabe et 149 de la traduction de M. Fagnan), dit qu'Ibn Arafa fut nommé imam de .la Mosquée Ez-Zéïtouna en l'année 755 (inc. 26 janvier 1354).
8 Ahmed ben Mohammed ben Ahmed El-Becily, disciple d'Ibn Arafa, d'Abou'I-Hacén El-Baterny, d'Ibn Khaldoun et d'Abou Mehdy 'Iça El-Ghebriny, est l'auteur d'un recueil de notes qu'il avait prises aux leçons qu'Ibn Arafa faisait sur le Coran. Il mourut en 830 de l'hégire (inc. 2 novembre 1426).
Voyez sa biographie dans Neïl el-ibtihadj, p. 60.
9 Le nom de ce personnage varie dans les manuscrits du Bostan, ainsi que dans le Neïl el-ibtihadj. Dans deux copies du Bostan, il est nommé Ibn Beddal dans les autres: Ibn Belal ; le Neïl el-ibtihadj lui donne tantôt (p. 284, ligne 8 d'en bas) le nom d'Ibn Bellar , et tantôt (p. 281, ligne 2d'en bas) celui d'Ibn Berra . Dans la Chronique des Almohades et des Hafcides d'Ez-Zerkéchy (p. 106, ligne 11 du texte arabe), on lit : Ibn Beddhal . Quoi qu'il en soit de la bonne leçon, je n'hésite pas à l'identifier à Abou Ali Omar ben
El-Berra cadi des mariages à Tunis, qui mourut dans cette ville en 797 (inc. 27 octobre 1394). Voyez Chronique des Al¬mohades et des Hafcides, p. 103, ligne 7 d'en bas du texte arabe, et p. 172, lignes 8 et 9 de la traduction.
10 La Mandhouma fi qirat Yaqoub, par Ibn Arafa, est mentionnée par Hadji Khalfa (tome VI, p. 194, n» 13,201). Pour Yaqoub, voyez supra, note 763.
11 Abou't-Taïyb Mohammed ben Ahmed ben Mohammed ben 'Alouan El-Misry est l'auteur d'un opuscule sur les réunions que tiennent les fidèles pour réciter le dhikr ou leçon lithurgique. Il mourut en Dhou'l-qa'da 827 de l'hégire (ce mois a commencé le 25 septembre 1424). Voyez sa biographie dans Neïl el-ibtihdaj, p. 297, et celle de son père, ibid., p. 55.
12 Chems eddin Abou Yacir Mohammed ben Mohammed ben Mohammed ben Ahmed naquit le 20 Redjeb 768 (22 mars 1367). Il fut le disciple d'Ibn Arafa, d'Es-Soueïdaouy, d'Et-Tenoukhy, de Tadjeddin Ibn El-Facih, etc. En l'année 803 (inc. 22 août 1400), il fut nommé professeur au collège El-Moslimiya, au Caire. On lui doit de nombreux recueils, un commentaire sur le Teshil, intitulé Djellab el mawaïd; un commentaire sur le Moghni d'Ibn Hicham, qui a pour titre El-Kafi et-ghany ; un commentaire sur l'Alfiya, un autre sur le 'Omdat el-ahkam, etc. Il mourut de l'éléphantiasis, dans la nuit du vendredi au samedi 14 Dhou'l¬hiddja 8 44 (nuit du 6 au 7 mai 1411). Voyez sa biographie dans Neïl el-ibtihadj, p. 318.
13 Mohammed ben Mohammed ben 'Iça El-'Aqouy Ez-Zeldiouy El-Qocentiny, disciple d'Ibn Arafa, était cadi des mariages à Tunis. 1l mourut dans cette ville l'an 882 de l'hégire (inc. 15 avril 1477), âgé de plus de cent ans.
Voyez sa biographie dans Neïl el-ibtihadj, p. 332. Ez-Zerkéchy (Chronique des Almohades et des Hafcides, p. 218, 220, 221, 236, 237, 241, 248, 250, 261) le nomme : Ez-Zendiwy et le fait mourir le 5 Djomada 1°r 874 (10 novembre 1469).
14 C'est l'Aurasius ou Audus Mons des Anciens; massif monta¬gneux au sud de la province de Constantine. Son plus haut sommet, le Djebel Chelia, atteint 2,300 mètres.
Voici à quel accident on fait allusion: « Un lion bondit sur le sultan qui était à cheval ». Cf. Zerkéchy (Chronique des Almohades et des Hafcides), p. 104 du texte arabe et 194 de la traduction.
15 Sultan hafside, fils d'Abou'I-Abbès; il régna de 1391 à 1434.
16 « Abou 'Amr 'Othman ben Sa'ïd ed-Dâni, né en 981 de J.-C., à Denia, en Espagne, fit le pèlerinage en 1006, et demeura quatre mois à Kairouan et un an au Caire. A son retour, il s'établit dans sa ville natale, où il mourut en 1052-53. Il a laissé, sous le titre de Taïsir, un traité des sept lectures différentes; un autre du même genre appelé Djami' el-béyan, un livre sur la composition du Koran et quelques autres traités du môme genre : ce qui ne fait guère que neuf sur les cent vingt qu'il avait composés. » (Cl. Huart, Littérature arabe, p. 257.)
Voyez sa biographie dans le Dibadj, p. 191.
17 Abou Abdallah Mohammed ben Choréïh est l'auteur de l'ou¬vrage intitulé, Kitab el-kafi (le Livre suffisant), qui traite des leçons du Coran. On lui doit un grand nombre d'ouvrages sur le Coran. Il mourut l'an 476 de l'hégire (inc. 21 mai 1083).
18 Cf. Ez-Zerkéchy (Chronique des Almohades et des Hafcides, p. 182 de la traduction).
19 Ez-Zerkéchy (Chronique des Almohades et des Hafcides, p. 196 de la traduction) dit qu'il mourut le 21 Djomada II 803 et qu'il fut inhumé au Djebel el-Djellaz, au-dessous du cimetière du cheikh Abou'l-Hacen el-Montacir.
20 Ez-Zerkéchy (Chronique des Almohades et des Hafcides, p. 105 du texte arabe et page 196 de la traduction de M. Fagnan), qui donne ce tekhmis, dit que son auteur est l'imam Er-Ramli. Il ajoute (p. 241-242 de la traduction) que Mohammed Er-Ramli mourut à Tunis le 14 Cha'ban 857 et qu'il fut enterré au mont Djellaz.
« Il était franchement mo'tazilite, et quand il écrivit son commentaire du Koran, il le commença par ces mots : Louange à Dieu qui a créé le Koran » ; plus tard l'orthodoxie remplaça le mot créer par le verbe révéler...
« Son grand commentaire du Koran s'appelle le Kachchâf (Celui qui découvre les vérités de la révélation); il a été imprimé à Calcutta et au Caire, et fréquemment commenté. Le Kitab el-Mofaççal (le Détaillé) est un manuel complet de grammaire arabe ; il a été édité par Broch, à Christiania. Le Moggadimat et-adeb (Préface de la littérature) est un dictionnaire arabe-persan qui a été publié par Wetzstein; le Ki/ab el-Amkina (Livre des loca¬lités, des montagnes et des eaux), lexique géographique, a paru gràce aux soins de Salverda de Grave. Le Nawâbigh el-Kalim (Les Paroles jaillissantes), recueil de proverbes, avait déjà, au xviiie siècle, attiré l'attention de H. A. Schultens, qui l'a traduit en latin; M. Barbier de Meynard a de nouveau étudié ce texte ; l'Atwaq ed-dhahab (Les Colliers d'or), allocutions morales, a été traduit en allemand par Joseph de Hammer, Fleïcher et Weil ; en français, par M. Barbier de Meynard. » (Cl. Huart, Littérature arabe, p. 167-168).
Voyez la biographie d'Ez-Zamakhchary dans Ibn Khallikan, tome II, p. 509.
21 Ces deux vers où on attaque la Sonna ou loi traditionnelle ont également été réfutés par Mohammed ben Yahia (ou Yehbech) dans un poème. Voyez la note 1000 et Neil el-ibtihadj, p. 361, ligne 2.
22 L'Ikmal el-lkmal est un complément du livre du caïd Ayyadh, intitulé El-Ikmal.
23 Abou Abdallah Moharnmed ben Abdallah EI-Qalchany, le Tunisien, disciple d'Ibn Arafa, remplaça Abou Mehdy 'Iça El-Ghebriny comme professeur, après la mort de celui-ci. Il fut ensuite nominé cadi des mariages, et mourut à Tunis le mardi 13Rebi' Il 837 (27 novembre 1433), âgé de 83 ans. Voyez sa biographie dans Nei'l el-ibtihadj, p. 303. Ez-Zerkéchy (Chroniques des Almohades et des Hafcides, p. 210 de la traduction) le fait mourir le 11 Rebi'll 839; mais c'est 837 qu'il faut lire, car c'est des événements de cette année qu'il parle; il le nomme Abou Abdallah Mohammed El-K'aldjani et ajoute qu'il fut inhumé au mont El-Djellaz.
24 Abou'l-Abbès Ahmed El Qalchany mourut à Tunis le 8 Cha'ban 863. Voyez sa biographie dans Neïl-ibtihadj, p. 61. Cf. Ez-Zer¬kéchy (Chronique des Almohades et des Hafcides), p. 248 de la traduction.
25 Aboul'l-Qacim Abd-el-Aziz ben Mouça ben Mo'ti El-Abdoucy habitait Tunis. Il mourut dans cette ville le 29 Dhou'l qa'da 837 (7 juillet 1434). Voyez sa biographie dans Neil el.ibtihadj, p. 157. Ev.-Zerkéchy (Chronique des Almohades et des Hafcides, p. 210 de la traduction) dit qu'il mourut entre le 11 et le 13 de Dhou'I-hiddja 839 (27-29 juin 1436).
26 Abou:Yahia Abou Bekr ben Oqéiba EI-Gafsy (de Gafsa) avait été le disciple d'Ibn Arafa, d'Abou Mehdy lça El-Ghebriny, 'etc. II adressa un certain nombre de questions à Ibn Merzouq El Hafidh, auxquelles celui-ci répondit dans un opuscule intitulé Occasion qu'on est heureux de saisir pour s'entretenir avec le sa¬vant de Gafsa. Voyez sa biographie dans Neïl el-ibtihadj, p. 391.
27 Bedr-eddin Mohammed ben Abou Bekr ben Omar ben Abou Bekr ben Ahmed ben Soléïman El-Qoréchy El-Mekhzoumy El-Iskandery, plus connu sous le nom de Bedr- eddin Ed-Demaminy, naquit à Alexandrie l'an 763 de l'hégire (inc. 31 octobre 1361). Il enseigna la grammaire à la mosquée El-Azhar, au Caire, et mourut à Kelbardja, dans l'Inde, le mois de Chà'ban de l'an 827 ou 28 (juin-juillet 1424 ou juin-juillet 1425). On lui doit un com¬mentaire sur le Moghni, intitulé Tohfat El Gharib fi hachiat Moghni 'l-labib ; un commentaire sur le Teshil ; un commentaire sur El-Bokhary; un commentaire sur la Khazradjiya ; un traité de métrique intitulé Djawahir el bohour; un poème qui porte le titre de Faouakih. et bedriya ; un ouvrage intitulé Maqati' ech¬cherb; un autre appelé Nozoul el-gheith; uu commentaire sur le masdar el-djouahir; un traité d'analyse grammaticale ; un: ou¬vrage intitulé Ain el-Haïat, qui n'est qu'un résumé du Haiat el haiaouan, d'Ed-Demiry. Voyez sa biographie dans Neil el-ibtihadh, p. 298.
28 Cette notice biographique est extraite du Neïl el-ibtihadj, p. 281. La biographie d'Ibn A.rafa se lit aussi dans Ez-Zerkéchy (Chronique des Almohades et des Hafcides,.p. 196 et suiv. de la traduction).



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