Biographie de Mohammed Ben Yahia Ben Ali Ben En-Nedjjar
Il naquit à Tlemcen. C'est le phénix des siècles. Voici ce qu'a dit le très docte El-Aboly : « J'ai toujours dit ceci à quiconque a été mon élève : Je n'ai plus rien à vous enseigner ; faites-vous maintenant le disciple d'Ibn En-Nedjjar.
El-Maqqary rapporte ce qui suit: « Je citai un jour ce qu'a dit Ibn Bochd au sujet du vin: qu'il est permis de le boire quand il s'est aigri de lui-même, car il est alors légalement pur, et j'opposai à cette opinion celle d'Ibn Ouaddah (1) qui est mentionnée dans le livre intitulé : El-ikmal (Le complément) (2), et d'après laquelle il n'est pas permis de boire le vin aigre parce qu'il n'est pas légalement pur. « Ne vous laissez pas prendre aux paroles d'Ibn Ouaddah, me répondit Ibn En-Nedjjar, car s'il en était ainsi qu'il le dit., il faudrait défendre l'usage du vinaigre, attendu que le raisin (lisez : le moûl) ne devient vinaigre qu'après avoir passé par l'état de vin. »
Comme je citais, ajoute El-Maqqary, les paroles d'Ibn El Hadjib, au sujet des femmes qu'il est défendu d'épouser à cause des liens de parenté qu'on peut avoir avec elles, lesquelles paroles sont ainsi conçues : « Tout musulman (homme ou femme) ne peut contracter mariage ni dans la ligne directe ascendante, ni dans la ligne directe descendante (c'est-à-dire : point de mariage entre parents au degré de père, ou de mère, ou d'aïeul, ou d'aïeule, ou de mère ou père de l'aïeul ou de l'aïeule, et ainsi de suite ; point de mariage non plus entre les parents et leurs propres enfants), ni dans la première descendance de chaque origine médiate (c'est-à-dire dans la descendante immédiate ou les enfants immédiats du grand-père ou de la grand'mère ; mais le mariage entre parents est permis avec les enfants du fils ou de la fille du grand-père ou de la grand’mère), quelque éloigné que soit le degré de parenté dans ces différentes lignes (3) », Ibn En-Nedjjar répondit : « Quand l'expression qui désigne le degré de parenté entre deux personnes est, de part et d'autre, un nom composé (de deux noms en rapport d'annexion ), le mariage entre elles est permis ; dans le cas contraire, il est défendu. Réfléchissez-y bien ! ». Or, j'ai trouvé qu'il en est ainsi qu'il l'a dit. Cette règle s'applique, en effet, aux quatre cas suivants : 1 Les deux parents ont, l'un par rapport à l'autre, un nom de parenté, composé, comme cousin germain (en arabe : fils d'oncle paternel) et cousine germaine (en arabe : fille d'oncle paternel) ; 2' le cas opposé, c'est-à-dire celui. où aucun des deux parents n'a, par rapport à l'autre, un nom de parenté composé, comme : père et fille ; 3' le parent femme a seul, par rapport au parent homme, un nom composé, comme : nièce (en arabe : fille du frère) et oncle paternel ; 4° le cas opposé, c'est à dire celui où le parent homme a seul, par rapport au parent femme, un nom de parenté composé, comme : neveu (en arabe : fils du frère) et tante maternelle. »
Cette remarque d'Ibn En-Nedjjar a été transcrite par Ibn El-Khatib dans son histoire de Grenade, à l'article : Vie d'El-Maqqary, et par le très docte Ahmed El-Ouenchericy dans son livre intitulé: Observations utiles faites par El-Magqary. Ahmed Baba ajoute ceci : « Lorsque j'eus montré à notre professeur, l'érudit, le très intelligent sidi Mohammed ben Abou Bekr Baghi'ou (4) la remarque ci-dessus, c'est-à-dire les paroles d'ibn En-Nedjjar commençant par : Quand l'ex:pression qui désigne et finissant par : Réfléchissez-y bien !, il en fut très agréablement surpris et se mit dès lors à la citer dans ses conférences. »
El-Maqqary dit encore : « Ibn En-Nedjjar n'était pas très versé en droit, mais il était doué d'une très grande sagacité. »
C'est à cause de la remarque précitée, dit Ahmed Baba, que j'ai accordé à Ibn En-Nedjjar une place dans mon Complément (5).
(Extrait du livre intitulé : Moyen de se réjouir en brodant du brocart, par Ahmed Baba, page 239) (6).
Notes1 Ibn Ouaddah naquit l'an 199 de l'hégire (inc. 22 août 811) et mourut en 286 (inc. 17 janvier 899) ou en 287 (inc. 7 janvier 900). Voyez sa biographie dans le Dibadj, p. 226.
Il y a un autre personnage qui porte aussi le nom d'Ibn Ouaddah; c'est Abou Abdallah ben Ouaddah ben Rebi' El-Andaloucy El-Morcy, célèbre traditionniste, qui professa à Grenade et mourut en 681 de l'hégire (inc. 9 mars 1285). C'est de lui que parle Ibn Khaldoun dans l'Histoire des Berbères, t. III, p. 311 de la traduction.
2 L'Ikmal est un ouvrage du cadi Ayyadh.
3 Voyez Précis de Jurisprudence musulmane par sidi Khelil, traduction du Dr Perron, tome II, p. 365-366 et texte arabe, p. 84, ligne 6.
4 C'est le même personnage que Mohammed El-Ouenkry.
5 Le mot dheïl signifie proprement l'extrémité de quelque chose que ce soit, et plusieurs auteurs musulmans s'en sont servis, dans les titres de leurs ouvrages, pour signifier par métaphore un supplément ou une addition à l'ouvrage d'un autre auteur. Le Neïl el-ibtihadj est en effet le Complément du Dibadj d'Ibn Ferhoun.
6 La biographie d'Ibn en-Neddjar se lit aussi dans Djedhouat eliqtihas, p. 190, où il est. dit qu'il mourut de la peste, à Tunis, en 749 de l'hégire (inc. 1 avril 1318).
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Posté Le : 01/07/2008
Posté par : nassima-v
Source : Ouvrage El Bostan d'Ibn Maryam, trad par F. Provenzali