Algérie - Mohammed Ben Qacim Ben Toumert


Il naquit à Tlemcen. Son disciple Es-Senoûsi s'exprime ainsi en parlant de lui : « Il fut un pieux cheikh, un savant versé dans les sciences rationnelles et traditionnelles, en grammaire, en arithmétique, dans l'art de dresser des tableaux talismaniques avec des nombres (1), en calligraphie, en géométrie et en toutes sciences. Je ne le vis qu'une seule fois regarder dans un livre: c'était à propos d'une question géométrique qui l'embarrassait; il en chercha la solution dans de nombreux ouvrages, pendant plusieurs jours, sans pouvoir la trouver; finalement, fatigué de chercher : « Pourquoi, dit-il, me donner tant de mal à lire tous ces livres? » Il les mit alors de côté, et, étudiant la question avec le seul secours de son intelligence, il finit par la résoudre. Notre maître avait un excellent caractère et un coeur pur; il disait à tous ceux qui venaient s'instruire auprès de lui : « Choisissez n'importe quelle science, je vous l'enseignerai. » Il 'n'avait pas de nourriture spéciale: il se nourrissait d'un mélange de reliefs que l'on donne aux hommes de peine employés dans les maisons. J'assistai à ses leçons avec d'autres jeunes gens qui, doués d'une intelligence vive et pénétrante, saisissaient aussitôt tout ce qu'il leur expliquait, tandis que je n'y comprenais rien. Je cessai alors pendant quelques jours de suivre ses cours. Puis je vins le voir;à un moment où il était seul. « Tu t'es absenté ! me dit-il. — Sidi, lui répondis-je, je suis un ignorant. — Si tu veux étudier, répliqua-t-il, tu n'as qu'à venir chez moi après la prière du soir, je te donnerai des leçons particulières. » A partir de ce jour, je me rendis régulièrement chez le cheikh après la prière du coucher du soleil; j'emportais avec moi mon dîner que je partageais avec lui, et lorsque j'avais fait la prière du soir, il me disait : « Allons ! lis l » C'est ainsi que j'étudiai sous sa direction une bonne partie de l'arithmétique et du partage des successions. Je le fréquentai longtemps, employant la plus grande partie de la nuit à l'étude. Je ne le vis jamais dormir, excepté quelques nuits ; il dormait alors en appuyant le dos contre le mur (2). Je répète que j'ai étudié sous sa direction une bonne portion de l'arithmétique et des successions » (3).

Notes
1voyez Hadji Khalfa, tome VI, p. 452.
2Le Neïl el-ibtihadj dit qu'il dormait le visage tourné vers la Mecque.
3Cette notice biographique est extraite du Neïl el-ibtihadj, p. 340



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