Algérie

Biographie de Moh Smaïl Matoub



Né en 1916. Musicien et interprète.
Né le 1er juin 1916 à Taourirt Moussa Ou Amar (Tizi-ouzou). Premier musicien de Taourirt Moussa, Matoub Moh Smaïl et quelques amis allaient passer de chaudes nuits d’été au moulin « Denhar » ou au gourbi « Robaïn Salem » des lieux dits éloignés du village, à proximité d’Ighzer, pour pénétrer le secret des mandolines à Maison Carrée, sous le burnous sitôt arrivée au village. A cette époque, les poèmes de Si Mohand voyageaient encore dans les mémoires et de nombreux poètes locaux s’en inspiraient en les adaptant aux circonstances vécues. Ali Nahar et son frère Mohamed, Talem Belkacem et Guendel Moh Akli, chantres connus des Aït Douala au début du siècle, alimentaient les envolées lyriques des premiers musiciens-chanteurs de kabylie. En 1935/36, Matoub Moh Smaïl se rend à Oran, une ville qui avait ses « Mehchachets » d’un autre genre. Il y avait connu, au « grand hôtel continental », sur la place d’armes, les fastueux spectacles des artistes espagnols et surtout au café « Les cinq parties du monde » ou au village nègre, dans la périphérie de la ville, le célèbre Bombara, un virtuose de mendole et comédien de talent dans le genre des vaudevilles. Mais celui qui subjuguait sa sensibilité d’artiste, c’était Saïd El Ouahrani qui chantait en duo avec sa fille aveugle a derb lihud. Le 1er janvier 1937, appelé sous les drapeaux, Matoub rentre au village. Déclaré insoumis, il n’était plus besoin de glisser 50 F au Brigadier Dargent du village pour obtenir cette faveur. Avant d’embarquer pour la France, il est probablement le premier chanteur a avoir donné des spectacles avec orchestre dans les villages de sa région : Ait Khelfoun, Ait El Hadj, Tagrara et Icherdiwen. En 1939, à Marseille, durant quatre nuits d’affilée, dans une écurie, la rue Chapelier, il chante devant un public de Nord-Af pieds nus et affamés qui entonnait en chœur « Ya dallali, wachta igul zawali ». Paris l’attire et l’apprivoise. Ouvrier chez Renault où il trima 10 ans, Matoub se donna tout entier à la musique, à la chanson « nocturne » des premiers cafés nord-af de la région parisienne. Il n’y avait pas un seul qu’il n’eût écumé avec Dahmane El Harrachi, son ami « fou fou » : Café « Oukaârouf », rue de Poiteaux du 9, rue des gravilliers, ans le troisième fief, c’était le 18 ème, le café du 26 rue de Stevenson où les cheminots maghrébins « fumaient » leur misère affective. Parmi ses chansons en vogue, dans le genre chaâbi-dikr : Anfyi adrui (laissez-moi pleurer), adenia ur nekys (Monde dévoyé), A St Bernard… (St Bernard tu as fait de mon fils un vieillard). Beaucoup d’autres ont été reprisés, telles Ayazru Beghir… par Matoub Lounès. De 1947 à 1954, il fit partie de l’orchestre de Cheikh El Hasnaoui, avec Dahmane El Harrachi qui remplaça au Banjo le bras droit attitré du Cheikh Kaddour Cherchalli. Il y perfectionna la maîtrise du mendole pour l’enregistrement chez Odeon de Ayabrid (Ivresse d’exil), A yemma yemma, Maison Blanche et Cufu cufu dans laquelle Hasnaoui lui avait confié la voix ténor de la chorale. En 1958, recommandé par cheikh Nordine qu’il aviat initié au mendole à Ténès, en 1938, en compagnie d’Iguerbouchène, il enregistre à la salle Devèze, dans les studios de la rue François Premier, les chansons qui ont bercé des nuits durant la nostalgie des travailleurs en mal du pays. En y sortant, accompagné de sa femme, un agent du FLN lui signifia que c’était la guerre et qu’il fallait arrêter de chanter. En 1962, il rentre au pays, au village dans lequel il a si peu vécu.



La vie est une véritée secrète que les sages ont pu l'éxplorer et l'éxploiter à leurs guise. La parole aussi, faut savoir manipuler sa langue et la bien tournée avant de l'utiliser car on ne sait jamais.
Smail lattari - Poéte - Tizi ouzou, Algérie

20/01/2024 - 560705

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