Leïla SEBBAR est née à Aflou (Hauts-plateaux algériens dans le département d’Oran) d'un père algérien et d'une mère française, instituteurs.
Aflou, où son père (jeune normalien de Bouzaréa, l’École Normale d’Instituteurs à Alger) est envoyé en relégation par le régime de Vichy.
Aflou, où sa mère découvre la steppe, après sa Dordogne natale. Ses père et mère se sont rencontrés à Bordeaux lors d’un voyage d’études de « l’instituteur indigène ».
1954. C’est le début de la guerre d’Algérie (guerre de libération nationale pour les Algériens). En 1957, son père est arrêté par l’armée française et incarcéré à Orléansville (aujourd’hui El Asnam) durant plusieurs mois. Ses père et mère vivent en Algérie jusqu’en 1968, puis à Nice.
Leïla Sebbar, après une année en classe préparatoire (Hypokhâgne) au lycée Bugeaud d’Alger, quitte l’Algérie en 1961. C’est le moment où l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète) un mouvement terroriste opposé à l’indépendance de l’Algérie, sévit à Alger. Elle poursuit des études supérieures de lettres à l’université d’Aix-en-Provence où elle passe deux années au cours desquelles elle crée, avec des amis étudiants, la première cinémathèque.
En 1963, elle s’installe à Paris, où elle vit aujourd’hui. Diplômée de l’Éducation nationale, elle enseigne la littérature française tout en poursuivant son travail de recherche. Le mythe du bon nègre dans la littérature française coloniale au 18e siècle, sujet d’un doctorat de 3e cycle, publié sous forme d’essai en deux livraisons dans Les Temps Modernes, la revue de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. En 1976, elle dirige, pour la même revue, un numéro spécial sur l’éducation des filles (18e au 20e siècle) avec d’autres femmes, écrivaines, universitaires, philosophes, sociologues, Petites filles en éducation.
Elle fonde avec des femmes journalistes, photographes, maquettistes, étudiantes, dessinatrices, enseignantes… le journal Histoires d’Elles, journal de femmes, artisanal et indépendant qui cherche à se démarquer de la presse magazine féminine traditionnelle. L’aventure durera trois années (1976-1979-80). Dans le même temps, elle collabore à la revue Sorcières, fondée par Xavière Gauthier. (On peut consulter ces deux titres à la bibliothèque Marguerite Durand à Paris, 13e arrondissement).
Avec des amies du journal Histoires d’Elles, Dominique Doan, Luce Pénot, Dominique Pujebet, elle entreprend un travail sur la culture domestique des femmes : Des femmes dans la maison, anatomie de la vie domestique, enquête de terrain, entretiens, photographies (1981). Durant ces années (1979-80-81), Leïla Sebbar collabore au journal « de l’immigration et du Tiers-monde », Sans Frontières, où elle tient une rubrique « Mémoires de l’immigration » sous la forme d’entretiens. Durant plusieurs années, elle collabore à des revues littéraires dont La Quinzaine littéraire, Le magazine littéraire, Les moments littéraires, Etoiles d’encre… et à Radio-France (1984-1999), France-Culture, « Le Panorama » de Jacques Duchâteau et « Antipodes » de Madeleine Mukamabano.
Avant ses premiers textes de fiction, Leïla Sebbar publie des essais qui mêlent l’enquête de terrain à la réflexion : On tue les petites filles où elle donne un état des violences contre les petites filles (1978) et Le pédophile et la maman où elle met en question « l’amour » sexué et sexuel des adultes pour les enfants (1980). Avec Nancy Huston (elles ont travaillé ensemble dès 1976, Histoires d’Elles, Sorcières…) Leïla Sebbar dirige un numéro des Cahiers du Grif, revue de Françoise Collin : Recluses et vagabondes (1988) où des femmes, écrivaines et universitaires interrogent le statut des femmes dans la création littéraire et poétique. En 1986, Les lettres parisiennes, un échange de lettres sur l’exil avec Nancy Huston (après la publication au début des années 70 de Géographie de l’exil dans Les Temps Modernes) confirme la place de l’exil dans ses fictions, romans, nouvelles, récits, et sa place d’écrivaine dans l’exil.
L’exil, comme territoire de l’écriture, devient une terre singulière où s’écrit une littérature étrangère, où s’invente un monde qui mêle l’intime et le politique, l’intime et le poétique, où s’exerce un regard qui rend visible l’invisible d’un réel déplacé, complexe, souvent violent.
Peut-être pourrait-on parler d’une esthétique de l’exil.
En même temps qu’elle publie romans et nouvelles, Leïla Sebbar dirige des recueils collectifs de récits inédits d’écrivains qui explorent à la fois l’enfance et l’histoire coloniale et postcoloniale : Une enfance algérienne, Une enfance Outremer, Les Algériens au café, Mon père, C’était leur France… Elle poursuit cette forme de compagnonnage qu’elle définit comme une autobiographie collective avec la publication de livres qui associent l’image et le texte à la recherche du père « l’étranger bien-aimé » et du pays natal : Femmes d’Afrique du Nord, Cartes postales, 1895-1930 avec Christelle Taraud et Jean-Michel Belorgey, puis les carnets de voyages en France : Mes Algéries en France, préface de Michelle Perrot, Journal de mes Algéries en France (chez un éditeur excentrique, Bleu autour), dont on peut lire les suites sur le site de Carole Netter à Swarthmore, USA, qui édite aussi un Carnet de lectures où Leïla Sebbar peut, suivant ses caprices de lectrice et ses passions passagères, parler aussi bien de littérature contemporaine, de découvertes au cours de pérégrinations bouquinistes (par exemple la romancière Myriam Harry), de livres de jeunesse et de voyages dans les colonies avant les indépendances, grâce à la bibliothèque L’Heure joyeuse de Françoise Lévèque à Paris, des littératures de langue française, plurielles et fécondes.
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Posté Le : 25/11/2007
Posté par : hichem
Source : clicnet.swarthmore.edu