Algérie

Biographie de Khalil Ben Ishaq



Khalil ben Ishaq ben Mouça ben Choaïb (1)
On le surnommait El-Djoundy (le militaire), Dhiâ eddin (la lumière de la religion) et Abou’l mouadda (l’homme affectueux). Ce savant et érudit imam, ce fidèle observateur des pratiques religieuses, ce modèle des hommes, cet argument irréfragable de notre sainte religion, ce génie, ce porte enseigne de la secte malékite, a été mentionné dans l’original (le Dibadj) (2), d’Ibn Ferhoun (3)
« Son père, dit Ibn Ferhoun, était un soldat de la garnison d’El Mehalla El-Mansoura (Mansoura d’Egypte), sidi Khalil était vêtu à la façon des militaires et vivait misérablement, retiré du monde. Il alliait la science religieuse à la pratique de la religion et s’appliquait à répandre la science. Je l’ai vu au Caire et ai assisté à ses conférences sur le droit, les hadiths et la langue arabe. Il occupait le premier rang parmi les savants de cette ville, lesquels étaient unanimes à reconnaître son éminent mérite et sa piété. Imam très instruit, il était du nombre de ceux dont les connaissances sont exactes et précises : il était sagace et profond dans ses recherches. Le droit, la langue arabe, le partage des successions, faisaient partie de son bagage scientifique et littéraire. Il excellait dans la doctrine de sa secte et en citait les textes avec exactitude. Que Dieu fasse bénéficier les musulmans de ses mérites ! il composa, sur Ibn El-Hadjib, un bon commentaire qui eut, par la grâce, l’avantage d’être favorablement accueilli, et que tout le monde se mit à apprendre. On lui doit aussi un précis des doctrines de la secte malékite (4), dans lequel il a clairement exposé la jurisprudence universellement suivie, en évitant tous les points controversés ; tout en étant on ne peut plus concis, ce livre renferme de très nombreuses questions de jurisprudence et est l’objet d’une étude assidue de la part du monde des écoles. Sidi Khalil n’avait que de louables intentions. Il fit le pèlerinage de la Mecque et séjourna dans cette ville. On lui doit un rituel du pèlerinage et des écrits utiles »
Telle est, résumée, la notice biographique qu’Ibn Ferhoun a consacrée à Sidi Khalil.
Voici ce que dit Ibn Hadjar (5) dans son livre intitulé Les perles cachées : « Sidi Khalil suivit les leçons d’Ibn Abd-el-Hadi ; il étudia la langue arabe et les principes du droit sous la direction d’Er-Rachidy (6), et la doctrine malékite sous le docteur El-Manoufy (7). Après la mort de ce dernier, il se voua à l’enseignement et forma un grand nombre de disciples. Nommé professeur au collège Ech-Cheikhouniya, il donna des fetoua et répandit l’instruction, toujours accoutré de son costume militaire. Il était pudique, chaste et pur. On lui doit un commentaire sur Ibn El –Hadjib, en six volumes. Cet ouvrage est tiré de celui d’Ibn Abd-es-Salam (8), mais il y a ajouté le nom des auteurs auxquels les citations sont empruntées, et des éclaircissements sur les passages obscurs. On lui doit aussi un précis que le droit, dans le genre de Haoui, et une biographie de son professeur El-Manoufy. Ce précis montre qu’il était versé dans la connaissance des principes de droit. Le père de sidi Khalil appartenait à la secte hanéfite et fréquentait le cheikh Abdellah (El-Manoufy), en qui il avait une grande confiance ; c’est à cause de celui-ci qu’il fit suivre à son fils le rite malékite »
Voici ce que dit l’imam Abou’l-Fadhl ben Merzouq El-Hafid, en parlant de sidi Khalil : « D’après maintes personnes que j’ai rencontrées en Egypte et ailleurs, sidi Khalil était un homme pieux et vertueux. Il était si zélé pour l’étude, que le plus souvent il ne dormait pas, se contentant de faire un léger somme après l’aurore pour se reposer des fatigues que lui occasionnaient ses lectures et ses écrits. Il professait le droit malékite au collège Ech-Cheïkhouniya, le plus grand établissement d’instruction publique du Caire, et remplissait aussi d’autres fonctions secondaires se rattachant à celle de professeur. L’administration militaire lui servait une pension parce que ses aïeux avaient appartenu à l’armée. Le très savant imam, l’érudit, l’excellent Nacir-ed Din Et-Tenessy (9), grand juge du Caire et d’Alexandrie, m’a raconté qu’il rencontra sidi Khalil à l’époque de la prise de cette dernière ville, en l’année 770 (inc. 16 août 1368), lorsque celui-ci vint du caire avec l’armée qui reprit Alexandrie des mains de l’ennemi ; et que sidi Khalil voulut éprouver son intelligence en lui proposant d’expliquer ces paroles d’Ibn El-Hadjib : « Et le transfert d’une dette et d’une créance échue est licite contrairement à l’ompinion d’Achheb » (10). Il composa, entre autres ouvrages, un commentaire sur Ibn El-Hadjib. L’accueil favorable que fit le public à ce livre est une preuve certaine de son excellence. Dans ce commentaire, sidi Khalil s’efforce d’indiquer les sources où Ibn El-Hadjib a puisé. Il s’appuie souvent sur les opinions préférées par Ibn Abd-es-Salam, ainsi que sur le résultat des recherches de ce savant et sur ses citations, ce qui est une preuve de sa connaissance de la valeur des hommes. Du reste, il n’y a que les hommes de mérite qui sachent reconnaître le mérite. J’ai vu un commentaire de l’Alfiya d’Ibn Malik, qu’on prétend faire partie de ses œuvres »
J’ajoute, dit Ahmed baba, qu’il a composé sur la Modawana, un commentaire qui est resté inachevé, car il ne l’a poussé que jusqu’au chapitre du pèlerinage.
Voici ce que dit Ibn Ghazi, en parlant de sidi Khalil : « Il était si absorbé par ses travaux qu’il resta vingt ans sans voir le Nil au Caire. On raconte de lui le trait suivant : Un jour qu’il s’était rendu chez l’un de ses professeurs, il trouva la porte du cabinet d’aisance, de la maison de celui-ci, ouverte. Comme son professeur était absent, il demanda de ses nouvelles et on lui répondit qu’étant fort ennuyé au sujet de ce cabinet, il était allé chercher quelqu’un qui, moyennant salaire, voulût bien le lui curer. « je suis très apte à faire cela », dit Khalil, et, retroussant ses manches, il descendit dans la fosse et se lit à le nettoyer, quand le cheikh fut de retour, il le trouva occupé à cette besogne, entouré d’une foule de curieux qui le regardaient avec étonnement. « Qui donc est cet homme ? demanda-t-il. – C’est Khalil, lui répondit-on » le professeur fut si touché par cet acte de dévouement qu’il fit pour son élève les vœux les plus ardents et les plus sincères. Sidi Khalil en recueillit le fruit, car Dieu lui mit la bénédiction dans sa vie. Gloire à Dieu qui assiste les hommes et qui sait tout ! Notre professeur Abou Zéïd El-Kaouany (11) nous a rapporté, sur la foi de ceux qui ont vu sidi Khalil au Caire, qu’il portait des vêtements courts, je crois même qu’il nous a dit qu’il ordonnait de faire le bien et défendait de faire le mal. Voici ce que j’ai entendu raconter par notre professeur, le hadith El-Qaoury : sidi Khalil, dit-il, était favorisé de révélations célestes, passant un jour devant la salle d’un restaurateur, il devina que celui-ci trompait ses clients en leur vendant des mets préparés avec de la viande provenant de cadavres d’animaux. Ainsi découvert, le restaurateur avoua sa fraude et fit pénitence entre les mains de sidi Khalil.
Il me semble, dit Ahmed Baba, avoir lu cette histoire du restaurateur dans la biographie d’El-Manoufy, laquelle histoire ferait plutôt partie des miracles attribués par Khalil à son professeur ; mais Dieu sait le mieux ce qu’il en est.
Dans son commentaire sur le précis de sidi Khalil, Et-Tetaïy (12) rapporte, d’après Ibn Forat (13), que sidi Khalil aurait été vu en songe par une personne qui, lui ayant demandé quel sort Dieu lui avait réservé dans l’autre monde, en aurait reçu cette réponse : « Dieu m’a raccordé son pardon ainsi qu’à tous ceux qui ont prié sur mon corps le jour de mes funérailles »
Ahmed Baba ajoute : « le Mokhtaçar (le précis) et le Taudih (l’éclaircissement) de sidi Khalil ont eu , par la grâce de Dieu, un si grand succès, qu’ils sont étudiés par tout le monde, tant en Orient qu’en Occident ; c’est au point que, de nos jours, dans les contrées du Maghrib, de Fez, de Marrakech et dans d’autres régions, il est rare de voir quelqu’un lire la Modawana et d’Ibn El Hadjib ; on ne se borne plus qu’à l’étude du Mokhtaçar et de la Riçala, ce qui, d’ailleurs, est un indice de la décadence et du déclin de la science. Quand au Taudih, c’est, de tous les commentaires sur Ibn El-Hadjib, celui qui est le plus répandu dans le public, tant en Orient qu’en occident. Il n’y en a pas, malgré leur nombre, qui soient plus avantageux et plus célèbres que celui-là. Les docteurs maghrébins disciples d’Ibn Arafa, tels qu’Ibn Nadji et autres, ne s’appuyaient que sur ce commentaire bien qu’ils sussent par cœur les autres ouvrages qui traitent de la doctrine malékite. Cela prouve suffisamment que sidi Khalil méritait bien le titre d’imam (guide) qu’on lui décernait. On raconte que lorsque le docte Nacir-ed-din El Laqany (14) discutait une question de droit et qu’on lui objectait les paroles d’un auteur autre que sidi Khalil, il avait coutume de répondre : « Nous autres, nous sommes des Khalilites, c'est-à-dire des amis de Khalil ; s’il s’est trompé, nous nous trompons », voulant ainsi manifester son profond attachement à la doctrine de sidi Khalil. Ibn Ghazi a fait le plus grand éloge du précis. Voici en quels termes il en parle : « ce livre est une chose précieuse entre les choses précieuses ; c’est, de tout ce qu’on peut voir, ce qui mérite le plus d’attirer les regards ; il est devenu l’objet de l’étude des hommes sagaces, car le fond en est riche et l’expression éloquente. Il fait connaître la jurisprudence selon laquelle se donnent les fetoua, et, entre les opinions différentes, la plus fondée. La plus grande exactitude et la plus grande correction y sont alliées à la plus stricte concision, et une grande puissance de talent s’y fait remarquer dans l’ordre et l’enchaînement des idées. Il est unique dans son genre et qui que ce soit n’en a composé un autre qui lui puisse être comparé ». Les livres de commentaires et d’annotation sur le précis sont devenus nombreux à ce point qu’on en compte en tout plus de soixante. J’en ai fait moi-même (c’est Ahmed Baba qui parle) un commentaire dans lequel j’ai condensé tout ce que j’ai lu dans les commentaires qui se sont adonnés à l’étude de ce livre. Mon ouvrage, bien qu’écrit avec concision, se compose actuellement de dix volumes, et si je puis l’achever, il pourra tenir lieu de beaucoup d’autres. Que Dieu m’assiste dans ce travail et qu’il en fasse bénéficier mes semblables ! »

Notes

1 Cette notice est placée au commencement du précis de jurisprudence musulmane de sidi Khelil (texte arabe), publié par la société asiatique (Paris, Imprimerie Nationale, 1883) ; elle est extraite du Neil el-Ibtihadj, p.95
2 et 3 La biographie de sidi Khelil se trouve à la page 117 du Dibadj, édité à Fez l’an 1316 de l’hégire, in-4° de 304 pages. Le titre entier de cet ouvrage est : Ed Dibadj el-modhehheb fi ma’rifat a’ïan el-medhheb (l’étoffe de soie brochée d’or pour la connaissance des personnages illustres de la secte Malékite)
Le cheikh Borhan Eddin ben Ibrahim ben Ali ben Abou’l-Qacim ben Mohammed ben Ferhoun appartenait à la secte malékite. Il était né à Médine, mais issu de parents venus de l’Espagne. Sa vie et ses nombreux ouvrages sont longuement décrits par Ahmed Baba, à la page 5 et suivantes de son ouvrage intitulé Neil el-Ibtihadj bi-tatriz ed-dibadj (moyens de se réjouir en brodant du brocart). Il mourut à Médine, où il exerçait les fonctions de cadi, en 799 de l’hégire (inc.5 octobre 1396)
4 C’est celui qui a été traduit par le Dr Perron et par M. Seignette, et dont M.E.Fagnan a dressé les tables de concordances
5 El-Hâfidh Chihâb eddin Abou’l-Fadhl Ahmed ben Ali Ibn Hadjar naquit à Ascalon, en Cha’ban 763 (mai-juin 1362) et mourut au Caire le 28 dhou’l-hidja (février 1449). Il a beaucoup travaillé sur l’histoire d’Egypte. Son principal ouvrage historique a pour titre Inba el-ghomr fi abna el’omr (Nouvelles données à l’ignorant sur les enfants du siècle). Cet ouvrage est mentionné par Hadji Khalfa (tome I, p.441, n°1282) et se trouve à la bibliothèque nationale (ancien fonds, n°658) ; il contient l’histoire politique et littéraire de son temps (1371-1446), en Egypte et en Syrie, avec son autobiographie et des détails sur les traditionnistes de son époque. Il est également l’auteur de Ed-dorerel-kâmina fi a’ïan el-mia et-thamina (les perles cachées ou histoire des hommes illustres du VIIIe siècle de l’hégire). (V. Hadji Khalfa, tome III, p.217, n°5,008). On lui doit aussi « les vies des cadis du Caire », Ref’ou’l-isr’an qodati’l-Misr. (V. Hadji khalfa, tome III, p.473, n°6,487. Son disciple Chems-eddin Mohammed ben Abderrahman es-Sakhaouy, mort en 902 de l’hégire (inc.9 septembre 1496), a composé un complément de ce dernier ouvrage, qu’il a intitulé Dheïl el-qodat oua boghiat el’olama oua’r-rouat (ذيل ااقضات و بغية ااعلماء و اارواة ), complément de l’histoire des cadhis et objet désiré par les savants et les narrateurs.
Ibn Hadjar a écrit aussi un commentaire sur El-Bokhary qu’il a intitulé : Fath el-Bari. Cf. sur ce commentaire de longue note que lui a consacrée Quatremère ap. Sultans mamlouks, tome I, p.209 et suivantes.
6 Er-Rachidy est le surnom de Mohammed ben Abou’l-Qacim, auteur d’un livre intitulé El-Awail, « Les origines ». Hadji Khalfa, orthographie : ÇÇÑÇÔÏí au lieu de ÇÇÑÔíÏí que donnent Ahmed Baba et d’Herbelot.
7 Bedr-eddin Abdallah ben Mohammed ben Soleïman El-Manoufy, mourut au Caire en ramadhan 749 (ce mois a commencé le 23 novembre 1348). Voyez sa biographie dans Neil el-Ibtihadj, page 121.
8 Mohammed ben Abd-es-Salam El-Hawary Et-Tounecy, fut cadi de Tunis. Il mourut de la peste, dans cette ville, le 28 redjeb de l’an 749 (le 22 octobre 1348) et fut enterré au cimetière d’El-Djellaz. Voyez sa biographie dans Dibadj, p.287 et dans Neïl el-Ibtihadj, p.240. Cf. chronique des Almohades et des Hafcides, p.106 et 135 de la traduction de M.Fagnan
9 Nacir-eddin Ahmed ben Mohammed ben’ At’âï’llâh ben Iouadh ez-Zobéïry el-Iskandéry, plus connu sous le nom d’Et-Tenessy, était cadi en chef du Caire. Il mourut dans la nuit du mercredi au jeudi 1er ramadhan 801 (7 mai 1399). Voyez sa biographie dans neil el-ibtihadj, p.56
10 Abou’Amr Achheb ben Abd-el-Aziz ben Daoud dont le vrai nom est Meskin, naquit l’an 140 (inc.25 mai 757), ou l’an 150 (inc.6 février 767), et mourut au Caire l’an 204 (inc.28 juin 819). Il avait été le disciple de l’imam Malik, et devint, après Ibn El-Qacim, le chef des Malékites d’Egypte. Voyez sa biographie dans le Dibadj, p.101, et dans Ibn Khallikan, tome I, p.137
11 Abou Zeïd Abderrahman El-Kaouany, mourut vers l’an 890 de l’hégire (inc.18 janvier 1485)
12 Chems eddin Abou Abdallah Mohammed ben Ibrahim Et-Tetaïy, naquit au Caire, où il exerça les fonctions de cadi suprême. On lui doit plusieurs ouvrages, entre autres un commentaire sur le précis de Khelil, intitulé : Fath el-Djalil fi charh Mokhtaçar el-Khalil, « la grâce de dieu grand touchant le commentaire du précis de Khalil ». (V. Hadji Khalfa, t.V, p.447). Il mourut au Caire en l’année 942 de l’hégire (inc.2 juillet 1535). Voyez sa biographie dans Neil el-Ibtihadj, p.363
13 Abd-el-khaliq ben Ali ben El-Hoceïn, plus connu sous le nom d’Ibn Forat, fut le disciple de sidi Khelil. Voyez sa biographie dans neil el-ibtihadj, p.167
14 Nacir eddin Mohammed ben Hacen El-Laqqany, de la secte de Malik, est l’un des commentateurs de l’ouvrage intitulé : Djem’ou’l-djawami’ fi oçouli’l-fiqh (جمع ااجوامع في اصول اافقه ), par Tadj eddin Abd-el-Wahhab ben Ali es-Sobkhy, de la secte d’Ech-Chafi’y. Il naquit en 803 de l’hégire (inc. 17 décembre 1487) et mourut au Caire en Cha’ban 958 (ce mois a commencé le 4 août 1551) voyez sa biographie dans neil el-ibtihadj, p.364


qui est ce diable d'homme qu'ils ont ete chercher au Caire, pour assoir la colonisation. il a fait notre malheur.
- constantine, Algérie

30/05/2016 - 299924

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