Sidi-Belabbès - Hamou


Biographie de Hamou
HAMOU, ce Kabyle né à Sidi-bel-Abbès, élevé en trois langues : le Kabyle à la maison, l’Arabe dans la rue et le Français à l’école ; il a grandi en Algérie et vit en France.

Il fait ses débuts de chanteur avec le groupe « The Youngers », dont certains membres créeront des années plus tard « Raïna Raï ». Il interprétait un répertoire rythm'n blues et rock composé de chansons d’Otis Redding, des Rolling Stones et des Beatles. Il se produisait dans les cabarets de la corniche Oranaise, les bals français et les mariages.

Il s’installe définitivement en France en 1973 et découvre la chanson française portée par l’après mai 68. « La première fois que j’ai écouté « il n’y a plus rien » de Léo Ferré, nous dit-il, j’ai pris une telle claque que j’ai rangé dans un coin toute ambition de devenir auteur, compositeur ou chanteur comme je le projetais en arrivant en France. Il m’a fallu trois ans pour reprendre un peu confiance en moi et me remettre à écrire »./p>

En 1981, il réalise un premier album « Un paradis de gadgets » dans lequel il décrit déjà l’Algérie d’un oeil critique. Marie-ange Guillaume dans le « Monde de la Musique » écrit à son propos :

« La réalité algérienne, comme on dit, sous une lumière crue. L’Algérie flouée, après comme avant l’indépendance. La traversée, éternel mythe de l’Eldorado entretenu par ceux qui en reviennent avec de sacs de chez Tati et Un paradis de gadgets dans la tête. L’enfance dans le sang, pour un rêve de liberté aussitôt massacré. Trois mille ans de trouille militaire. La ville presse-paumés, Marylin-Ginette et son Hollywood à trente balles l’entrée , d’autres visages de femmes, salies, perdues, rendues folles. Toutes les grimaces, tous les avatars de l’oppression vous rentrent dans le lard avec la violence des mots sans camouflage… »

En 1983, pour son deuxième album, « Un p’tit bout de tendresse » on pouvait lire par la plume de Richard Canavo dans le « Matin de Paris » :

« Attention tous ! Voilà un personnage, un vrai, dérangeant, sidérant, un personnage nouveau, dans la chanson ou il faudra bien qu’il creuse son trou, si ce métier a la moindre logique. Hamou, c’est un type qui crache sa rage et ses dégoûts, ses fureurs et ses peines.

Sur des textes stupéfiants de puissance et de vérité, sur des musiques rock-funk qui balancent son mal être, Hamou, c’est un Lavilliers qui aurait rangé sa frime au vestiaire, un Bashung qui aurait trouvé de l’inspiration. Et quelle inspiration ! C’est auprès des loubards, des smicards et autres taulards, auprès des camés et des clochards, c’est dans la misère et la peur qu’Hamou va puiser ses images chocs, c’est dans les bas-fonds d’un univers obscur qu’il flashe ses obsessions.

Il y a là-dedans une authenticité qui ne trompe pas : cet homme-là qui chante si bien les maudits, ne fait pas, ne fera jamais de compromission. »

En 1989 Hamou réalise « Le temps file » dont les textes sont des morceaux de vie ordinaire. Un album enraciné dans le Maghreb, dans le béton, dans Paris la nuit. Une chanson française rock avec des arrangements et des rythmes inspirés de hédaouïa, du raï, du kabyle, du châabi, de l'andalou...

En 1996, dans « Caméra », Hamou chante des histoires qui sont parfois l’écho d’une tourmente. Celle de l’Algérie résonne, parmi d’autres, en petits combats intimes. Il y a aussi des histoires d’amour dont sa « Caméra » attentive recueille les reflets : le pas des femmes qui en traverse le champ sensible, dans Paris, ou ailleurs y laisse une empreinte lumineuse, ou assombrie. Il y a dans tout l’album un battement rock comme une porte ouverte sur la rue elle aussi battante pour nous inviter à écouter Hamou et le groupe Zadig.


En 1998, avec son single « Quand je s’rai grand » Hamou nous emmène sur les routes d’Afrique. Le chant griot d’Aïssata Kouyaté nous conduit vers des terres où des enfants chantent et dansent le rêve du départ « vers des soleils clandestins, sans papiers et sans rien »/p>

Aujourd’hui, son parcours n’a pas changé :

Sous les apparences les plus banales, Hamou débusque toujours l’oppression. Il n’est dupe d’aucune situation, d’aucun sentiment, et comme il un sens immédiat du flash, de l’image dure, ça fait mouche à tous les coups. Il transcende toujours les clivages entre deux cultures. De l’Algérie à la France, on traverse les deux rives avec sa dose de nostalgie et de lucidité.

Sa voix chaude et grave nous fait voyager dans les profondeurs abyssales d’un monde en pleine déconfiture, qui transpire le mal-être et l’impuissance. Hamou le scrute d’un regard dérangeant, pour lui attribuer le vocable incisif qui le marquera au rouge de la révolte et de la rage.



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