Bachir Yellès Chaouche est un peintre algérien originaire de Tlemcen, né le 12 septembre 1921. Figure de proue de l'histoire de la peinture algérienne contemporaine, il vit et travaille à Alger.
Biographie :
1921 : naissance de B. Yellès à Tlemcen.
1932-1942 : études secondaires au Collège De Slane à Tlemcen.
1943-1947 : École des Beaux-Arts d'Alger (chez Andrée Du Pac et Louis Fernez).
1944 : participe à la « Première exposition de peintres et miniaturistes musulmans d'Algérie » au Cercle Franco-Musulman d'Alger aux côtés notamment d' Ali-Khodja, Hemche, Ranem et Temmam. ?uvres exposées : Portrait du cadi de Tlemcen et Mariage à Tlemcen (miniatures) ; Paysage de Tlemcen et Mosquée de Sidi Haloui (peintures).
1946 : miniature Ben Badis reproduite à 5 000 exemplaires en héliographie. Original vendu à l' Association des Oulémas.
1947 : prix d'honneur des Beaux-Arts décerné par le Gouvernement général de l'Algérie. Exposition à Tlemcen : ?uvres exposées : Ruelle de Sidi Bellahcène, Tour de Mansourah, Mauresque, Le mendiant.
1947-1950 : École Supérieure des Beaux-Arts de Paris (Ateliers Eugène Narbonne et Nicolas Untersteller).
1948: exposition salle du syndicat d'initiative à Tlemcen. ?uvres exposées : Vue de l'atelier (peinture).
1950 : contribue (avec Baya et Orlando Pelayo) aux illustrations du deuxième numéro de la revue Soleil de Jean Sénac et participe en avril à l'exposition des Peintres de la revue Soleil aux salles de l'Alhambra et de la Maison de l'Artisanat, rue d'Isly (aujourd'hui rue Larbi Ben M'hidi), Alger.
1950-1952 : fonctionnaire des Services de l'Artisanat à Alger (cabinet de dessin de Lucien Golvin); fait le portrait de Georges Marçais. Chef de circonscription artisanale à Tlemcen; El Oued.
1952 : lauréat de la Bourse Air France.
1952-1953 : lauréat d'une bourse de séjour à la Casa de Velazquez (23e promotion) avec ses amis Mme Portejoie, les Courtin,Zavarro et Geoffroy Dauvergne.. Redécouvre l'art hispano-mauresque.
1953-1958 : Services de l'Artisanat à Aflou; Alger.
1954 : rédige un article de presse dans Algéria n° 35 de février 1954: « Les bijoux du Djebel Amour ».
1955 : exposition des ?uvres des candidats au Grand Prix Artistique de l'Algérie ; ?uvres exposées : Mariage à Tlemcen (miniature), Paysage (peinture) et au 50ème Salon des Artistes Algériens et Orientalistes: ?uvre exposée: Présentation de la mariée à Tlemcen (miniature). Exposition des peintres musulmans à la galerie Colline à Oran ; ?uvres exposées : Fête arabe, Qoubba. Exposition de peintres musulmans au Cercle Lélian ; ?uvres exposées : Cortège nuptial à Tlemcen ; Portrait de jeune fille ; La jeune fille au fauteuil; Nu (dessin); Paysage d'El-Biar ; Portrait de Georges Marçais.
1958: remporte le Diplôme National des Beaux-Arts de Paris (hors concours).
1958-1962 : inspecteur régional de l'Artisanat en Kabylie.
1960 : décoration du collège technique d'Oran, 2 fresques de 8 x 2 m : Scènes champêtres, Mariage à Tlemcen.
1960: exposition au festival de la Jeunesse, Helsinki.
1962: Expose au Premier salon de l'Indépendance où il présente un bel ensemble dans un style décoratif qui lui est personnel avec d'harmonieux tons en à-plats très propres à la tapisserie.
1962-1982 : premier directeur de l'École Nationale d'Architecture et des Beaux-Arts d'Alger.
1963: président fondateur de l'Union Nationale des Arts Plastiques (UNAP). Participe à l'exposition Peintres algériens, organisée à Alger pour le 1er novembre 1963 et préfacée par Jean Sénac (17 peintres dont Mohamed Aksouh, Baya, Abdallah Benanteur, Abdelkader Guermaz, M'hamed Issiakhem, Mohammed Khadda, Choukri Mesli, Denis Martinez, Louis Nallard, Jean de Maisonseul). ?uvre exposée : Guerre d'Algérie, 1963.
1964 : organisation du 1er salon de l'UNAP. ?uvres exposées : Retour des champs (ambassade d'Algérie à Paris) ; La Mère ; Paysage. Participe en avril à l'exposition Peintres algériens au Musée des arts décoratifs de Paris. ?uvres exposées : Guerre d'Algérie, 1963; Composition, 1964; Composition, 1964.
1967-1984 : réalise des maquettes de timbres poste dont les plus fameux sont les deux séries de costumes (1971/1975), de tapis (1968) algériens et de métiers d'artisans (1981).
1969 : fresque à l'Ambassade d'Algérie à Paris.
1970 : fresque à l'Ambassade d'Algérie à Beyrouth. Fresque à la Wilaya (Préfecture) de Sétif.
1972 : fresque à la Wilaya de Batna.
1973: article de presse dans Algérie Actualité du 2-8 septembre 1973: styles des arts plastiques en Algérie.
1975 : Conservateur par intérim du Musée National des Beaux-Arts d'Alger.
1981-1982 : se rend à plusieurs reprises au Canada dans le cadre des études pour la réalisation du Sanctuaire du Martyr (Maqam E'Chahid) dont la maquette a été réalisée à l'École des Beaux-Arts sous sa direction.
1982-1992 : conseiller auprès du Ministre de la Culture .
1984 : aménagements architecturaux et de décoration du Palais de la Culture.
1992 : chargé de l'aménagement du pavillon algérien à l'Exposition Universelle de Séville.
1993-2004: interventions à caractère plastique et architectural à l'École Supérieure de la Marine, la Mosquée Émir Abd El-Kader de Constantine, le Centre National des Archives, le siège de la Banque d'Algérie à Tizi-Ouzou, l'annexe de la Banque d'Algérie à Alger.
2007: hommage à Bachir Yellès par l'Union Nationale des Arts Culturels avec les anciens élèves et professeurs de l'École Nationale d'Architecture et des Beaux-Arts d'Alger, Galerie Racim, Alger. Exposition des membres fondateurs de l'UNAP.
2009: exposition au musée des beaux-arts d'Alger. Peintures, gouaches, aquarelles, dessins, maquettes de timbres, études architecturales et monographie sur les bijoux du Djebel Amour sont présentés. Une salle du musée des beaux-arts est baptisée du nom du peintre.
Réalisations
Bachir Yellès est une figure de proue dans l'histoire de la peinture algérienne contemporaine puisqu'il contribue à la naissance, à l'indépendance de l'Algérie, d'une École des Beaux-Arts authentiquement algérienne et à l'essor de l'activité picturale en formant, durant deux décennies , des générations de jeunes peintres, architectes, céramistes, sculpteurs etc... Il est également à l'origine de la fondation de la première association des arts plastiques en 1963 qu'il va présider à sa création.
Peintre figuratif ; inspiré par les paysages tlemcéniens et kabyles, Bachir Yellès s'est essayé néanmoins aux diverses techniques des beaux-arts : dessin, miniature, fresque, céramique, architecture. Ses ?uvres garnissent les collections en Algérie (Musée des Beaux-Arts d'Alger) et à l'étranger ainsi que dans les différentes ambassades d'Algérie à Paris, Washington, New York, Londres...
Parmi les réalisations les plus connues du grand public citons : la conception du Monument d'Alger Maqam E'chahid, la crypte du Musée du Moudjahid, l'esthétique du Palais de la Culture, l'horloge du Centre des Arts à Riadh El Feth, le portrait de Georges Marçais, la miniature de Ben Badis, la fresque qui orne l'Ambassade d'Algérie à Paris ainsi que de nombreux timbres postes (en particulier les séries sur les costumes, les tapis algériens et les artisans algériens).
Mohammed Dib a écrit à son sujet : « Tout ce qu'il fait se caractérise par une grande probité. Probité qui en arrive même parfois à prendre trop de précautions pour rester inentamée »1.
Bachir Yellès est l'auteur de plusieurs articles parus dans des revues spécialisées nationales et internationales ainsi qu'une monographie sur les bijoux du Djebel Amour.
Interventions à caractère architectural et plastique à Alger : Maqam E'chahid, Palais de la Culture, Cour Suprême, Centre National des Archives, École supérieure de la Marine (Tamentefoust), Banque d'Algérie : et à Constantine sur la Mosquée Emir Abdelkader.
Musées :
Alger, Musée des Beaux-Arts d'Alger:
Portrait d'un artisan de Tlemcen, huile sur toile, 1948
La Madrilène, crayon, 1952
Femme au bouquet, huile sur toile, 1959
Guerre d'Algérie, 122 x 80 cm, 1963
Femme à la fleur, 1967
Buste de femme, acrylique sur toile, 1969
Les joueurs de carte
La fileuse, 1969
Constantine, musée Cirta:
La place du Gouvernement, 1949
Béjaïa, musée Bordj Moussa:
Jeunes filles dans un intérieur, 1956
Bou-Saada, musée national Nasreddine Dinet:
Paysage d'Hydra, 1953
Articles de Presse :
Mohammed Zerrouki, « Exposition Bachir Yellès, l'art pictural à Tlemcen », dans Oran Républicain, 9 octobre 1947 :
« Bachir Yellès rompt délibérément avec l'algérianisme et ses tons brûlants et agressifs. Soigneusement tamisées, ses tonalités évoquent douceur et discrétion. Les toiles de l'exposition révèlent un art qui ne se cristallise pas mais qui cherche à travers même la variété des sujets et des scènes, son unité et son originalité ».
Mohammed Dib, préface du catalogue de l'exposition de peintures et dessins de B. Yellès à Tlemcen le 25 novembre 1948, salle du syndicat d'initiative, Place du Mechouar :
« Ce qui de prime abord nous frappe dans ses oeuvres, c'est la somme d'expérience qui les charge, en fait, l'expression authentique d'un tempérament (...) Les dessins sont beaux et graves. La pure abstraction qu'est un dessin n'empêche nullement dans ceux-ci le rayonnement charnel. »
Fernand Arnaudiès, « Exposition de peintres musulmans au cercle Lélian », dans La Dépêche Quotidienne, 8 avril 1955 :
« Bachir Yellès qui fut pensionnaire de la Casa de Velazquez est un artiste de classe. Il s'exprime sobrement avec une belle spontanéité d'émotion, avec une logique constructive qui fait le charme réel de son oeuvre. L'éclat des couleurs, les contrastes souvent heurtés mais jamais dissonants, l'heureuse synthèse des formes, ajoutent encore un caractère singulièrement expressif (...) Mais Yellès paraît nourrir certaine passion pour le dessin. Son trait est d'une admirable finesse, dune acuité expressive remarquable. Je citerai ce délicat portrait de G. Marçais, ce nu vu de dos, ce portrait de jeune fille. Ils rejoignent, par leur pureté classique l'?uvre accomplie de nos maîtres du crayon. »
Marcelle Blanchet, « Une initiative d'Air France en faveur des peintres », dans L'Écho d'Alger, 1955 :
« Yellès, qui a su assimiler la leçon européenne en gardant ses qualités d'oriental, évoque pour nous Tlemcen et le Chenoua avec des couleurs éclatantes. »
Odette Pfister, « Transposant la miniature ancestrale, le peintre Bachir Yellès décore le Collège technique de jeunes filles d'Oran », dans le Journal d'Alger, 27 septembre 1960 :
« Le 'grand silencieux' l'appellent ses camarades de cours chez Lhot et Fernez (...) A Paris, jusqu'en 1948, il fréquentera assidûment les ateliers Narbonne et Untersteller. Ses participations à diverses expositions d'ensemble sont toujours relevées avec intérêt par la critique parisienne. »
Louis Eugène Angeli, « M. Bachir Yellès est nommé directeur de l'Ecole Nationale des Beaux-Arts d'Alger qui ouvrira ses portes le 15 novembre » dans La Dépêche d'Algérie, 9 novembre 1962 :
« M. Bachir Yellès, fort connu dans les milieux de la peinture algérienne, vient d'être nommé directeur de notre première école d'enseignement des Beaux-Arts en Algérie (...) Au cours de sa double carrière artistique et administrative, (il) n'a cessé d'exposer dans nos différents salons à Alger, à Oran. Il a fait des expositions à Paris, Madrid, Tunis, Alger, Oran et cette année encore à Helsinki, au festival de la Jeunesse (...) M. Bachir Yellès nous a reçu dans son bureau de l'école du Parc Gatliff. Les traits fins dans un visage racé, le nouveau directeur, très discret, nous a accordé un entretien d'une exquise urbanité (...). Une belle et noble tâche attend M. Bachir Yellès à ce poste éminent dont dépend la formation artistique de la jeunesse algérienne. »
A. Aaroussi, Président de l'UNAC, préface à l' hommage à B. Yellès, galerie Racim, juillet 2007 :
« B. Yellès, l'artiste qui avait la tâche de conduire la locomotive des arts (en Algérie ndlr). Un militant de l'art rompu à la besogne, un manager de grand talent. Un homme aux vertus multiples à qui les artistes rendent hommage aujourd'hui. »
Dalila Mahammed Orfali, directrice du musée national des beaux-arts, Bachir Yellès, ancrage d'une mémoire, juin 2009:
« Née dans un siècle où l'Histoire aura tout dominé, l'oeuvre de Bachir Yellès, historiographie esthétique infinie, n'a pu qu'être porteuse de nombreux messages et de significations multiples; ce n'est point une oeuvre façonnée par l'errance, l'incertitude ou le conformisme; et si son contenu visionnaire s'inscrit d'évidence au premier plan de l'anthologie culturelle de notre pays, c'est parce qu'il est la résonance d'une multitude algérienne.»
Bibliographie :
Mohammed Dib, Bachir Yellès peintre algérien , dans Alger Républicain, Alger, 27 septembre 1950
Musées d'Algérie: l'art populaire et contemporain, Collection Art et Culture, Éditions Ministère de l'Information et de la Culture, Alger, 1973
Importante réalisation à Alger, dans Lavalin Magazine, Août-Septembre 1982
Palais de la Culture: la magie du site, dans El Watan, Alger, 14 avril 1998
Marion Vidal-Bué, Alger et ses peintres 1830-1962, Éditions Paris Méditerranée, 2000
Élisabeth Cazenave, Les Artistes de l'Algérie, Bernard Giovanangeli, Éditions Association Abd-el-Tif, 2001
Mansour Abrous, Les artistes algériens, Dictionnaire biographique 1917-1999, Casbah éditions, Alger, 2002 (p. 217-218)
Djamila Flici-Guendil, Diwan El-Fen, Dictionnaire des Peintres, Sculpteurs et Designers Algériens, ENAG/ANEP, Alger, 2008
Bachir Yellès, Ancrage d'une mémoire, Musée national des beaux-arts, Alger, juin 2009
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Posté Le : 11/08/2010
Posté par : tlemcen2011