Alger - Annie Cohen-Solal


Biographie d'Annie Cohen-Solal
Annie Cohen-Solal, née à Alger en 1948, est une historienne, biographe, essayiste et conférencière française surtout connue pour ses travaux sur Jean-Paul Sartre, le galeriste New-Yorkais Leo Castelli, ainsi que le peintre Mark Rothko et l'influence de ces derniers sur l'émergence et la construction d’un art contemporain américain. Ses ouvrages, attentifs au concept de cosmopolitisme sont à la croisée des champs d'étude de l'histoire littéraire, l'histoire de l'art ou l'histoire sociale et participent d'approches historique, sociologique et anthropologique.
Sommaire


Biographie

Après une thèse sur Paul Nizan avec Annie Kriegel et Michel Décaudin, Annie Cohen-Solal rencontre l'éditeur André Schiffrin qui lui commande une biographie de Jean-Paul Sartre. Publié en 19851,2,3, l'ouvrage est traduit en seize langues4.

Elle est ensuite nommée conseillère culturelle auprès de l'Ambassade de France aux États-Unis, en résidence à New-York, poste qu'elle occupe de 1989 à 19935.

Annie Cohen-Solal a enseigné à la Freie Universität (Berlin), à l'université hébraïque de Jérusalem, à l'Université de New York, au département d'anglais de l'Université de Caen5, à l'EHESS6 et à l'École Normale Supérieure7.

En 2014, conseillère spéciale d'Alain Seban, alors Président du centre Pompidou, elle est commissaire de l'exposition : Magiciens de la Terre : retour sur une exposition légendaire, aux côtés de Jean-Hubert Martin. Elle est aussi Commissaire d'exposition au Musée Picasso8 et au Musée de l'Immigration.

Depuis 2015, Annie Cohen-Solal est membre du conseil d'administration de Paris College of Art9, et membre du jury du Latvian Architecture Award. Elle rejoint le jury du Evens Art Prize (Anvers) en 2016.
Recherches

Dès ses premiers travaux, Annie Cohen-Solal associe au travail d'archive de l'histoire traditionnelle des techniques d'histoire orale empruntées à l’ethnographie et à l’anthropologie. Elle développe alors un intérêt pour la dimension de l’interculturel10, tout en s'attelant à comprendre le social par le biais de l'enquête.

À New York, sa rencontre avec le marchand d'art Leo Castelli l'amène à s'intéresser au monde de l'art. En 2000, après une longue enquête, elle publie Un jour ils auront des peintres, l'avènement des peintres américains : Paris 1867-New York 194811, qui obtient le prix Bernier de l'Académie des beaux-arts12, et est traduit en anglais, italien et néerlandais. Annie Cohen-Solal décloisonne la pensée de l'art en histoire pour mettre en lumière les différents réseaux d’acteurs qui rendirent progressivement possible la construction d’un art américain. En s'inscrivant dans une perspective de micro-sociologie inter actionniste, elle développe une analyse portant sur les configurations inédites qui ont permis l'émergence d'un art américain. En 2000, ce travail a donné lieu à une série de 25 émissions pour France-Culture : de Frederic Church à Jackson Pollock, la marche héroïque des peintres américains13.

À l'occasion du centenaire de Sartre en 2005, sa tournée de conférences internationales l'a conduite au Brésil, où elle a envisagé, avec Gilberto Gil, la création d'une chaire Sartre à l'université de Brasilia7.. Puis elle a co-dirigé l'organisation de la Nuit Sartre, à l'ENS, faisant intervenir des élèves et des chercheurs aussi bien philosophes qu'historiens ou géographes, et animé un séminaire de recherches « Géopolitique de Sartre » (2013)7.

En 2009, elle publie Leo Castelli et les siens, la première biographie culturelle du grand marchand d'art Leo Castelli14,15 , en suivant sa trajectoire familiale depuis les origines de sa famille dans la Toscane de la Renaissance jusqu'aux États-Unis du XXe siècle. En 2010, ce livre obtient le prix Artcurial16 pour le meilleur livre sur l'art contemporain, traduit en turc, chinois, anglais, italien, néerlandais, espagnol et portugais, etc. Le 22 juin 2009, Annie Cohen-Solal est faite chevalier de la Légion d'honneur par l'ambassadeur de France, Pierre Vimont, au consulat général de France à New York5.

Dans le cadre de son travail sur l'art, les artistes et les circulations intellectuelles et sociales, Leon Black lui commande une' recherche sur Mark Rothko, l'ouvrage achevé, il est aussi traduit en plusieurs langues. Cette œuvre, qui suit la trajectoire sociale et géographique du peintre, révèle comment cet enfant Juif immigré aux États-Unis à l'âge de dix ans, devient un véritable agent de transformation du pays, parvenant à faire exister dans son art les différentes aires culturelles auxquelles il appartient, notamment dans la Chapelle Rothko (Houston, Texas) commandée par la famille de Menil et inaugurée en 197117,18.

Attentive au concept de cosmopolitisme en histoire, le New York 1945-65, qu'elle co-signe avec Paul Goldberger et Robert Gottlieb (2014)19 revient sur l'émergence de la ville de New York comme capitale culturelle du monde.

Et publiant le catalogue Magiciens de la terre : retour sur une exposition légendaire (avec Jean-Hubert Martin) aux éditions du Centre Pompidou et Xavier Barral (2014), Annie Cohen-Solal participe au décloisonnement des discours sur l'art, introduisant dans les musées des outils d'analyse anthropologique et socioculturel 20,21. Cet ouvrage éclaire le rôle pionnier de l'exposition de 1989, qui ouvre la scène artistique française aux artistes contemporains non-occidentaux, qui n'avaient jamais été exposés auparavant dans le monde occidental. Toujours en lien avec sa vision globale des flux artistiques, la Fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence lui a confié l’essai du catalogue de l’exposition sur l’artiste Christo (2016). Avec l’historien Jeremy Adelman (en) (de l'université de Princeton), elle a été co-directrice d’un groupe de chercheurs à l'université Stanford, sur le thème « Crossing Boundaries » en 201522.

Depuis 2016, continuant de croiser l'histoire de l'immigration et l'histoire de l'art, elle a concentré ses recherches sur Picasso l'étranger23, qui donneront lieu à un ouvrage publié aux éditions Fayard (un étranger nommé Picasso), à une exposition au Musée National de l'Histoire de l'immigration, en partenariat avec le musée Picasso8.
Œuvres

Paul Nizan, communiste impossible, Paris, Grasset, 1980.
Jean-Paul Sartre, Paris, Gallimard, 1991, album « La Pléiade ».
Un jour ils auront des peintres. L'avènement des peintres américains, Paris 1867-New York 1948, Paris, Gallimard, 2000.
Sartre, un penseur pour le XXIe siècle, Paris, Gallimard, 2005, coll. « Découvertes Gallimard / Littératures » (no 468).
Sartre 1905-1980, Paris, Gallimard, 1985 (présentation en ligne [archive]), réédition Folio 198924.
Jean-Paul Sartre, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ?, n° 3732 », 2005 (présentation en ligne [archive])25,
Leo Castelli et les siens, Paris, Gallimard, 2009, coll. « Témoins de l'art ».
Une Renaissance sartrienne, Paris, Gallimard, 2013 (présentation en ligne [archive]).
Mark Rothko, Arles, Actes Sud, 2013.
(en) Annie Cohen Solal, Paul Goldberger et Robert Gottlieb, New York Mid-century : Post-war Capital of Culture, 1945-1965, Thames & Hudson, 2014, 399 p. (présentation en ligne [archive]).
Un étranger nommé Picasso, Paris, Fayard, 2021 (présentation en ligne [archive]).

- Prix Femina essai 2021



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