Algérie

Biographie d'Ali Ben Yahia Es-Soulousiny



ALI BEN YAHIA ES-SOULOUSINY EL-GADIRY (1)
Le jurisconsulte, le prédicateur, le savant et profond érudit, le professeur versé dans les diverses branches de la science, le saint et vertueux soufi, sidi Ali Es-Soulouksiny, est apparu à son siècle comme une des insignes merveilles de la puissance divine. Il possédait à fond toutes les sciences en général, et, d'une manière spéciale, les mathématiques, le partage des successions, le Précis de jurisprudence d'Ibn El-Hadjib, la Ricala, le Précis de Khalil, les Articles de foi d'Es-Senousi, les règles concernant la lecture et l'orthographe du Coran, l'élision ou le maintien de certaines lettres et l'analyse grammaticale du texte sacré. Il avait l'habitude de passer la journée à jeun et d'en consacrer tous les moments à l'enseignement, n'interrompant ce travail que pour remplir le devoir de la prière ou pour aller appeler les fidèles à la prière. Quand il avait à faire l'appel à la prière, il emmenait avec lui son élève qui montait avec lui dans le minaret, et il l'instruisait en route, en allant et en retournant. Il n'avait accepté les fonctions d'imam que pour s'astreindre à sortir de la campagne. Du reste, on le vit toujours plein d'ardeur pour l'enseignement de la science. Ayant été nominé imam de la mosquée d'Agadir, il y donnait des leçons jusqu'à une heure très avancée de la matinée, puis il se rendait dans un champ qu'il avait près de la rivière Safsif (2) et Qu’il cultivait avec une pioche. Dans cette excursion, il se faisait accompagner de ses écoliers qu'il instruisait en route, en allant comme en venant. Arrivé au champ, il descendait de sa monture, répandait le fumier, débâtait son âne et ne laissait à personne le soin de l'attacher. Il prenait alors la pioche et se mettait à travailler le champ pendant que l'écolier lisait auprès de lui, et que lui, de son côté, était attentif à donner les explications nécessaires. A l'heure où le soleil commence à décliner, le cheikh remontait sur son âne et reprenait le chemin de son logis, ayant son élève à ses côtés, à droite ou à gauche. Telle était son habitude.
On dit que dans son enfance, lorsqu'il fréquentait l'école primaire, il avait peu de mémoire, et qu'un pieux voyageur avait coutume de prendre sa tablette et d'ajouter à la leçon que le maître lui avait dictée en classe. Cela déplaisait au maître qui n'osait pas faire des remontrances à cet homme au sujet de ces additions. Or, il arriva que ce pieux voyageur vint trouver un jour sidi Ali ben Yahia, et l'invita à se rendre chez lui. Puis ils se dirigèrent ensemble vers la rivière appelée Bou-Ydhan. Quand ils furent arrivés là, notre homme dit à l'enfant : « Monte sur mon dos! » Celui-ci obéit et traversa la rivière sur le dos du voyageur. Après cela, le saint homme invoqua le Ciel en faveur de l'enfant qui, depuis ce jour, n'eut plus de peine à retenir la leçon écrite sur sa tablette. Sidi Iça, tel est le nom de cet homme, se fit l'instituteur du jeune Ali ; son tombeau se trouve près de Bab-el-Azzabin (Porte des émigrants). -
Sidi Ali ben Yahia eut pour professeurs : Amed ben Melouka de Nedroma, Cheqroun ben Abou Djemila et Mohammed ben Mouça El-Ouedjdijeny , sous la direction duquel il étudia le Précis de jurisprudence d'Ibn EI-Hadjib. Ses vertus et ses miracles sont innombrables.
Voici ce qui m'a été rapporté par une personne digne de foi : « Un jour, dit-elle, le saint et vertueux sidi Mohammed ben Rahma (3) m'assurait avoir vu l'ombre du cheikh sidi Ali ben Yahia et celle de sidi Ahmed ben Nasr Ed-Daoudy, assises et causant ensemble, je lui répondis : « Vous oubliez d'ajouter que vous assistiez en tiers à leur conversation. »
Un grand nombre de personnages remarquables sont sortis de l'école de sidi Ali ben Yahia, entre autres : son fils Achour , Mohammed EI-Adghem , Ali El-Attafy, Ahrned Aberkan Ez-Zekouty, Ahmed ben EI-Hadjj El-Yebdéry (4), Ahmed Aarab ben Sehla Er-Rachidy, Mohammed ben Abbés El-Eubbady, Mouça ben Abou Amran, Mohammed ben Djauhra El Ouedjdy (de Oudjda) (5), Saïd El-Maqqary et Abderrahman ben Mouça .
Sidi Mohammed ben Mouça disait à ses disciples : « Regardons la présence de sidi Ali ben Yahia, parmi nous, connue une source de bénédictions célestes, car c'est un des plus grands saints ; je tiens d'une personne digne de foi qu'il a le pouvoir de voler dans les airs. »
Sidi Ali ben Yahia mourut le 22 Redjeb 972 (21 février 1565).

Notes

1 Voyez sa biographie dans Complément de l'Histoire des Beni-Zeïyan, p. 469 et suivantes.
2 La rivière Safsif est la même que celle appelée aujourd'hui Safsaf. Le nom Safsaf signifie tremble; il a peut-être été donné à ce cours d'eau à cause des arbres de cette espèce qui abondent sur ses bords. Cette rivière descend des montagnes des Beni-Ournid, situées au sud de Tlemcen, arrose le territoire de Tlemcen et va mêler ses eaux à celles de la Sikkak, l'un des affluents de l'Isser.
3 On lit dans la Revue africaine (nOs 246-247, 3e et 4e trimestres 1902, article Kitab en-nasab, traduction de M. A. Giacobetti, pages 198, 199) :
Oulad Sidi MO11AMMED BEN RAHMA.
Les Oulad sidi Mohammed ben Rahma habitent Tlemcen, et ont pour ancêtre Mohammed ben Abd-Allah, ben Ibrahim, ben Ismaïl, ben Mohammed, ben Abd -Allah, ben Daoud, ben Soleïman, ben Mohammed, ben Ahmed, ben Mohammed ben Edris, ben .Edris, ben Abd-Allah El Kamel, ben El-Hacen second, ben EI-Hacen Es-Sabt'y, fils de Fat'ma, fille de l'Envoyé de Dieu.
4 Il est étrange qu'Ahmed ben E1-Haddj El-Yebdery, Saïd El-Maqqary et Mohammed ben El-Abbès EL Eubbèdy, morts, le 1er en 930, le 2e en 928, et le 3e en 871 aient été les disciples d'Ali ben Yahia Es-Soulouksiny, qui, lui, est mort en 972.
5 Oudjda fut bâtie par Ziri ben `Atiya en l'année 384 de l'hégire (inc. 15 février 994). Voyez la biographie de ce personnage dans djedhouat el-iqtibas, p. 124, 125.


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