Algérie

Biographie d'Ahmed El-Ouenchericy



Ce savant mérite le titre de porte enseigne du neuvième siècle. Il fit ses études auprès des professeurs de Tlemcen, tels que :

1° L’imam Abou’l-Fadhl Qacim El-Oqbany
2° Le savant cadi Abou Salim El-Oqbany, fils du précédent ;
3° Le docte Mohammed ben Ahmed ben Qacim El-Oqbany, petit fils d’abou’l-Fadhl Qacim El Oqbany (et neveu du précédent) ;
4° L’imam Ibn El-Abbès
5° Le cheikh Abou abdallah El-Djellab
6° L’imam et vertueux prédicateur El-Kafif ben Merzouq ;
7° El-Gherabely et autres savants.

Il demeura dans son pays natal jusqu’à l’époque où il lui arriva une fâcheuse affaire de la part de la cour (1) le 1er Moharrem 874 (11 juillet 1469) ; il s’enfuit alors à Fez, où il se fixa.
Voici ce que dit de lui Sidi Ahmed El-Mandjour, dans son Catalogue : « Le cheikh Ahmed El-Ouenchericy se voua à l’enseignement de la Modawana (les enregistrées) (2) et du traité de jurisprudence d’Ibn El-Hadjib. Il était versé dans toutes les branches de la science ; mais lorsque après s’être appliqué à l’étude de droit, il se mit à l’enseigner, il se montra si habile, que ceux qui ne le connaissent pas étaient tentés de croire qu’il ne savait pas autre chose. Son élocution et son style étaient si clairs et si corrects que ses auditeurs disaient : « Si Sibaweïhi (3) avait assisté à ses leçons, il aurait appris la grammaire de sa bouche »
« Nombre de juristes se formèrent à son école, entre autres :
« 1° Le juriste Abou’l Abbès Abbad ben Foleïh El-Lamty (4), qui étudia sous sa direction Ibn El-Hadjib. Ce savant nous apprend que les éclaircissements fournis par son maître, sur le texte de cet auteur, formaient, à chaque leçon, la matière de plus de deux feuillets ;
« 2° L’imam, le docteur au savoir varié, Abou Zakariya Es-Soucy (5)
« 3° Le juriste, le traditionniste, le pieux Mohammed ben Abd-el-Djabbar El-Wtadghiry (6) ;
« 4° le juriste distingué Abd-es-Samih El-Masmoudy ;
« 5° Le très docte juriste issu d’une famille de savants, le cadi Mohammed ben El-Qardis Et-Taghleby (7), fils du cadi du quartier de la ville neuve à Fez (8) ; ce savant possédait une bibliothèque renfermant des ouvrages sur toutes les branches de la science. C’est là que le cheikh El-Ouelchericy puisa les matériaux qui devaient servie à la composition de son livre intitulé : L’Etalon, principalement pour ce qui concerne les fetoua de la ville de Fez et de l’Andalousie, documents dont cette bibliothèque lui facilita l’acquisition ;
« 6° Son fils Abou Mohammed Abd-el Ouahid (9)

Tels sont les renseignements biographiques fournis par El-Mandjour sur le cheikh El-Ouenchericy
Ahmed Baba ajoute : « Quand aux fetoua de Tlemcen et d’Ifriqia (que renferme son Etalon), il les a puisées dans El-Berzely (10) et El Mazouny, comme cela parait manifeste à quiconque les a lues ; au surplus, Dieu connaît le mieux la vérité
« Je citerai parmi de nombreuses compositions :
« 1° L’Etalon ou livre qui expose clairement les fetoua des savant d’Ifriqia, d’Andalousie et du Maghrib », ouvrage en six volumes où il a réuni toutes les opinions ;
« 2° Un recueil d’annotations sur le traité de jurisprudence d’Ibn El-Hadjib, en trois volumes. J’en ai lu une partie ;
« 3° Un livre intitulé : « La richesse du contemporain et de celui qui lit le commentaire des pièces authentiques d’El Fechtaly » (11)
« 4° Un traité des principes fondamentaux du droit
« 5° Un ouvrage qui a pour titre : « Le meilleur des livres qui traitent des règles concernent les pièces authentiques » j’ai parcouru ce livre, mais je ne l’ai pas trouvé achevé (12)
« 6° Un ouvrage sur la différence des opinions touchant les questions du droit, livre que j’ai lu
« El Ouenchericy mourut (à Fez), en 914 de l’hégire (inc. 2 mai 1508). Dans cette même année, les chrétiens – Que Dieu les extermine !- s’emparèrent d’Oran (13)- Que Dieu rende la liberté à cette cité ! Amen !- Il était âgé de quatre vingt ans. Ce dernier renseignement m’a été fourni par mon ami, le juriste au savoir varié, Mohammed ben Qacim El-Qassar El-Facy. Un autre de mes amis m’a dit que la date exacte de sa mort est le mardi 20 Safar 914 (20 juin 1508). J’ajouterai pour finir, que le fils d’El-Ouenchericy fut, lui aussi, un savant distingué (14) »

Notes

1 Cet événement arriva le 1er Moharrem 874 (11 juillet 1469) ; sa maison fut mise à sac par l’ordre du sultan
2 El-Modawana est un manuel de droit Malékite primitivement rédigé par Aced ben El-Forat et consistant en réponses faites par Ibn el Qacim à ses questions, puis revu, corrigé et amendé, sous la dictée de l’auteur Ibn el-Qacim, par le cadi de Kairouan, Sahnoun Abou Saïd et-Tanoukhy, voyez la note 113
3 Sibaoueïhi est le surnom d’Abou Bacher’Amr ben Othman ben Canbar El-Harithy El-Farsy qui a été le plus illustre grammairien des arabes. Il mourut à Chiraz l’an 161 (inc.9 Octobre 777), selon Ben Chohna ; mais selon d’autres, il mourut à Beïdha, prés de Chiraz. Le texte arabe de sa grammaire a été publié par M.Hartwig Derenbourg, Paris, 1881, et traduit en allemand par G.Jahn. Voyez Ibn Khallikan, t II , p.103.
4 Le neil el-ibtihadj appelle ce personnage : Abou Abbad et le Djedhouat el-iqtibas : Abou Aïyad
5 Abou Zakaria Yahia ben Mekhlouf Es-Soucy mourut à Fez l’an 927 de l’Hégire (inc.12 Décembre 1520). Voyez sa biographie dans neil el-ibtihadj, p393

6 Le neil el-ibtihadj porte : « El-Wartadghiry
7 Abou abdallah Mohammed ben Mohammed ben el-Qardis et-Taghleby etait cadi de Fez et appartenait à une famille de savants. Il mourut dans cette ville l’an 899 de l’Hégire (inc.12 Octobre 1493). Voyez sa biographie dans Djedhouat el-Iqtibas, p.151 et celle de son fils à la page 154
8 On posa les premières pierres de la ville neuve, le 3 Chawal 674 (21 Mars 1276), sous le regne du sultan Mérinide Abou Youçof Yaqoub Ibn Abd el-Haqq. Voyez histoire des berbères, traduction de Slane, p.81 et suivantes.
9 Abou Mohammed Abd el-Ouahid succéda à son père dans ses fonctions d’imam et de muphti ; il obtint même la haute dignité de cheikh el-djama’a, ou président de la communauté, mais il finit par être assassiné en 955 de l’Hégire.
Voyez sa biographie dans neil el-ibtihadj, p.108
10 Voyez sa biographie à la page
11 Abou Abdallah Mohammed ben Ahmed ben Abd el Malik el Fechtaly fut nommé par le sultan Abou Inan, cadi de la communauté à Fez, après de la révocation d’El Maqqary. Son disciple le plus distingué fut Abou’l Abbes Ahmed el-Qebbab. El-Fechtaly mourut en 779 de l’Hégire (inc.10 mai 1377).voyez sa biographie dans neil el-ibtihadj, p269 et dans Djedhouat el-iqtibas, p.146.
12 Il y a un livre qui porte aussi ce titre ; il a pour auteur Abou abdellah Mohammed ben Abdellah ben Rachid El-Bekry El Gafsy, mort à Tunis le 20 Djomada II 736. Voyez chronique des Almohades et des Hafcides, p.109 et 110 de la traduction de M.Fagnan.
13 Oran fut pris par les Espagnols commandés par l’amiral Pierre de Navarre, le 18 Mai 1509. Voyez histoire de l’Afrique septentrionale, par Ernest Mercier, tome II, p422 et 423

14 Cette notice biographique est extraite du neïl el-Ibtihadj, p74





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