Algérie

Biographie d'Ahmed El-Ghomary



Tout le monde sait qu’il fut l’un de ces grands saints qui consacrent tous les instants de la nuit et du jour aux actes de piété et à la lecture du Coran, qui vivent constamment dans la retraite et renoncent à tous les plaisirs.
Il arriva d’Orient alors que j’étais tous petit (c’est Mohammed ben Touçof Es-Senoûcî qui parle) et que je n’avais pas encore atteint l’âge de raison, et fit deux fois le pèlerinage de la Mecque.
Il se rendait souvent dans le pays qui borde la mer et dans les montagnes avoisinantes pour se livrer aux pratiques de dévotion. Il faisait la prière du vendredi tantôt à Hennaya (1), tantôt à Nedroma (2) et tantôt à Honeïn (3), ou dans les environs de ces villes. Il habita longtemps Nedroma. Invisible le jour, il passait toutes les nuits en prières dans la grande mosquée de cette dernière cité.
Un des cheikhs qui ont habité Nedroma m’a fait le récit suivant : « J’habitais Nedroma à l’époque où Sidi Lahcèn y demeurait. J’étais alors jeune homme et j’étudiais le Coran. Pendant le mois de Ramadan, je me levais chaque nuit, un peu avant l’aube, pour aller mendier dans les maisons le repas qu’on a coutume de faire, durant ce mois, au crépuscule du matin. Je venais à la grande mosquée et j’entendais Sidi Ahmed ben Lahcèn qui priait. Toutes les nuits, je le trouvais là, lisant les chapitres du Coran commerçant par les lettres mystérieuses Ha, Min (4) et j’appris que, chaque nuit, il récitait le Coran d’un bout à l’autre. »
« Voici ce qu’un jurisconsulte vertueux, en qui j’ai toute confiance, m’a affirmé tenir de la bouche même de Sidi Ahmed Es-Sedraty : « Le cheikh Sidi Ahmed ben Lahcèn se rendait tous les jeudis au marché de Nedroma. A l’époque des chaleurs, il remplissait d’eau une aiguière et allait de groupe en groupe, donnant à boire à tout le monde, pendant toute la durée du marché, sans jamais renouveler l’eau de son aiguière. Les gens, s’étant aperçue de cela, y prêtèrent attention et virent l’eau sourdre, comme d’une source, au fond du vase. On rapporta le fait au cheikh, le saint Sidi Ahmed Es-Sedraty qui se rendit en personne au marché et s’assit au milieu de la foule après avoir rabattu la capuchon de son burnous sur le visage pour ne pas être reconnu .Lorsque le cheikh Sidi Ahmed ben Lahcèn passa près de lui, en faisant sa tournée habituelle, il lui prit le vase des mains, feignant de vouloir boire, mais voulant, en réalité, s’assurer de la véracité des miracles qu’on lui avait dit qu’il opérait, et il vit qu’en effet, l’aiguière avait bien la vertu qu’on lui avait affirmé posséder. Il reconnut dès lors que Sidi Ahmed ben Lahcèn était réellement un saint et un thaumaturge. La personne qui m’a raconté cette anecdote m’a dit : « J’ai entendu de mes propres oreilles, Sidi Ahmed Es-Sedraty déclarer que Sidi Ahmed ben Lahcèn était un saint et un thaumaturge. »
Mon frère Sidi Ali (5) m’a assuré, sur la foi du cheikh Sidi Ahmed Es-Sedraty, que Sidi Ahmed ben Lahcèn était un sait de premier ordre. J’ai moi-même entendu Sidi Ahmed Es-Sedraty, dans le local où il donnait ses leçon ,dire quelque chose de semblable ,mais je ne me souviens plus exactement des termes qu’il employa
Sidi Ali m’a dit encore : « voici ce que j’ai entendu dire par Sidi Ahmed (Es-Sedraty) : « Un homme, ayant une requête à présenter au cheikh Sidi Ahmed ben Lahcèn, vint me demander de l’accompagner chez ce dernier et d’intercéder en sa faveur. Je me rendis donc avec cet homme chez le cheikh, et le priai de vouloir bien rendre service à mon protégé ; mais il me rabroua brutalement et me dit : « Maintenant, puisque tu t’es immiscé dans cette affaire, je ne m’en occuperai plus du tout. » Je m’en retournai content de sa rebuffade. C’est, en effet, un grand service qu’il me rendit, car s’il m’avait bien accueilli et avait donné satisfaction au solliciteur, les gens m’auraient dérangé à chaque instant pour me prier d’intercéder pour eux auprès du cheikh. Sa rebuffade m’a donc valu l’immense avantage d’être à l’abri des sollicitations du public. Puis Sidi Ahmed Es-Sedraty fit des vœux pour le cheikh en reconnaissance du service qu’il lui rendu. Voyez comme les personnes pieuses savent bien interpréter les actes des saints !
Voici ce que j’ai moi-même entendu raconter par le cheikh Sidi Ahmed Es-Sedraty : (Ayant été offensé par certaines personnes, je sortis de la ville dans l’intention de la quitter, et passait la nuit chez les Beni-Mestar (6) ; mais le sultan Ahmed (7) envoya du monde à ma recherche et me fit ramener chez moi. A mon retour, j’allai voir Sidi Ahmed ben Lahcèn qui me souhaita la bienvenue et me dit : « Si tu n’était pas revenu, je serais allé moi même te chercher pour te ramener.
Une personne en qui j’ai toute confiance m’a assuré avoir entendu quelqu’un faire le récit suivant : il y eut autre foi à Tlemcen une grande famine à cause de laquelle le service du culte fut suspendu dans la plupart des mosquées. J’entrai un jour dans la mosquée des alfatiers et y trouvai Sidi Ahmed ben Lahcèn qui, à cette époque ne jouissait d’autre notoriété. « Frère, me dit-il, quand tu sortiras, ferme la porte sur moi, car je veux dormir un peu ici. » je sortis et l’enfermai dans la mosquée qui fut longtemps abandonnée par les fidèles dont tout le temps était absorbé par les soucis de la vie matérielle. Le Très-Haut ayant enfin accordé de meilleurs jours au peuple de Tlemcen, j’allai à cette mosquée, j’ouvris et y trouvai Sidi Ahmed ben Lahcèn endormi comme je l’avais laissé. Il se réveilla au bruit que je fis en entrant, et crut n’avoir dormi qu’une heure ou à peu près. Je fus alors convaincu que Dieu, dans sa bonté, l’avait endormi, comme il avait endormi les habitants de la caverne (8), pour le préserver de la famine et le soustraire spectacle des souffrances qu’eut à endurer la population pendant cette calamité. C’est là un bien grand miracle. »
Et-Tadely (9) a rapporté un fait à peu près semblable qui serait arrivé à un certain saint.
Sidi Ahmed ben Lahcèn séjournait la plupart du temps dans les mosquées, car il s’était voué aux actes de piété, et passait toutes les nuits en prières. Je tiens de mon père et d’autres personnes qu’il faisait souvent ses dévotions nocturnes à la mosquée des tourneurs. Pendant de nombreuses années, il passa toutes ses nuits en prières dans la mosquée de la zaouia du cheikh Sidi El-Halouy, c’est du moins ce que plusieurs personnes en qui j’ai toute confiances, et qui ont demeuré dans cette zaouia et dans d’autres, m’ont rapporté.
Mon frère Sidi Ali, qui habita au temps de sa jeunesse la medersa de cette zaouïa, m’a dit qu’à cette époque Sidi Ahmed se retirait toutes les nuits dans la mosquée de la zaouïa et les y passait en prières, et que durant de nombreuses années on ne le vit jamais pendant le jour, ni à la mosquée, ni à la zaouïa, ni ailleurs, qu’il plût, neigeât ou fît n’importe quel autre temps. On ne le voyait à la mosquée que la nuit, sans que personne pût savoir où il se trouvait pendant le jour,. Il n’apparaissait également que la nuit dans les autres mosquées où il avait l’habitude de se retirer. Mais du jour où son frère habita la maisonnette qui se trouve en face la grande mosquée, il fit ses prières nocturnes et ses dévotions dans ce temple.
Nous passions fréquemment, mon frère Sidi Ali et moi, la nuit à la grande mosquée, dans le but d’attirer sur nous la bénédiction en écoutant Sidi Ahmed réciter le Coran. Notre professeur, le docte Sidi Mohammed ben Toumert (10) veillait avec nous. Après la fermeture de la mosquée, Sidi Ahmed se retirait dans sa maisonnette ;puis il venait à la mosquée (11) de la mosquée et y passait toute la nuit en prières. Son ardeur à prier allait croissant toute la nuit. Il récitait tout haut et sa récitation impressionnait profondément ceux qui l’écoutaient. C’est elle qui détermina la vocation religieuse et le zèle pieux de notre ami, le cheikh vertueux, le serviteur du cheikh Ahmed ben Lahcèn, Sidi Mohamed ben Hamida. Voici dans quelles circonstances cette conversion s’opéra : Sidi Mohammed ben Hamida était allé, une nuit, à un festin donné par un de ses amis. En sortant du festin où il avait passé la majeure partie de la nuit, peu désireux de rentrer chez lui, il pénétra dans la grande mosquée et y trouva le cheikh Sidi Ahmed en prières. Il s’approcha de lui et l’écouta réciter le Coran. Cette récitation l’émut et fit naître en lui un profond sentiment d’humilité qui le détermina renoncer au monde. Dès lors, et jusqu’à sa mort, il s’adonna entièrement aux pratiques pieuses, à la célébration des louanges de Dieu, et passa toutes ses nuits en prières. Il récitait chaque nuit un tiers du Coran en plus des offices journaliers et autres oraisons.
« Certain filou, qui avait la réputation d’être brave, m’a fait, en présence de notre professeur Sidi Mohammed ben Toumert, le récit suivant : « Une nuit, dit-il, nous entrâmes, mes compagnons et moi, dans la grande mosquée –Je ne me souviens plus au juste s’il dit : « nous entrâmes une nuit »ou « nous passâmes la nuit ». –Lorsque le cheikh Sidi Ahmed vint à la maqsoura pour y faire ses prières nocturnes, je me dirigeai de son côté dans l’intention de pénétrer dans l’enceinte de la maqsoura ; mais à peine eus-je soulevé le pied pour entrer, que celui-ci, demeurant en l’air, il me fut impossible pendant un moment de le poser sur le sol. Je cherchai en vain à le ramener dans sa position normale : il me fallut marcher à cloche-pied et à reculons jusqu’à une certaine distance de la maqsoura. Edifié, je fis pénitence et m’enfuis de cet endroit.
« Le saint, l’homme vertueux, le conteur d’histoires merveilleuses, celui qui joint dans la vie spirituelle de grâces extraordinaires, Sidi Abderrahman Es-Senoûcî, honorait beaucoup Sidi Ahmed et croyait qu’il était de ceux qui ont le pouvoir se transporter, en un clin d’œil, dans les localités les plus lointaines, et de voler dans les airs. Voici ce qui le lui fit croire, et que nous avons souvent entendu raconter par lui-même et non d’autres : « Le cheikh vertueux, Sidi Bouïdir ben Es-Senoûcî, m’a raconté, dit Sidi Abderrahman, que n’ayant rien à manger, il resta plusieurs jours et plusieurs nuits dans la zaouïa du cheikh Sidi El-Halouy, sans prendre aucune nourriture et sans en demander à personne, au point que, la dernière nuit, il n’eut pas la force de se lever pour faire les prières obligatoires et surérogatoires, et qu’il faillit mourir ;que, malgré cela, confiant en Dieu et remettant son sort entre ses mains, il n’implora le secours de personne. « Après la prière de la nuit close, et lorsque, tout le monde s’étant retiré, la mosquée fut déserte, je me réfugiai, me dit Sidi Bouïdir, dans la zaouia de la mosquée, quand deux hommes se présentèrent à moi et me dirent : « Quoi ? Bouîdir, pour si peu de temps que tu n’as pas mangé, te voilà affaibli à ce point ! » Puis il me plaisantèrent et me donnèrent quelques dattes. A peine les eus-je de temps je mangées que je sentis ma faim se dissiper et mes forces reprendre toute leur plénitude. Je n’eus dès lors plus besoin de manger et je devins le compagnon de ces deux hommes que je reconnus être deux saints :le premier se nomme Mohamed et le second Ahmed ;Sidi Mohammed est le chef à qui on doit obéissance, puis vient en second lieu Sidi Ahmed, et je viens après eux. »-Ceci me fait croire, dit Sidi Abderrahman Es-Senoûci, que le saint nommé Ahmed doit être Sidi Ahmed ben Lahcèn, parce qu’à cette époque, celui-ci se réfugiait la nuit dans la mosquée de la zaouia de Sidi El-Halouy. – « La nuit, continua Sidi Bouïdir, nous nous retirions dans cette mosquée. A l’approche du huitième jour de dhou’l-hidjja, Sidi Mohammed et Sidi Ahmed me dire: « Viens avec nous faire le pèlerinage de la Mecque, à la grâce de Dieu. » Nous partîmes vous trois, tantôt volant à travers les aires, tantôt marchant sur la terre qui se pliait sous nous pour nous abréger les distances. Quand nous rencontrions une mer, ses bords se rejoignaient aussitôt, et nous la franchissions d’une seule enjambée. Nous passâmes de nuit, en volant, au-dessus du Caire que nous vîmes sous nous, éclairé par une multitude de lampes Après avoir accompli les cérémonies du pèlerinage, nous regagnâmes Tlemcen. »
Sidi Bouïdir ne cessait pas, dit Sidi Abderrahman Es-Senoûcî, de me faire visite et de me raconter les faits et gestes de ces deux hommes. Il venait quelquefois, le corps couvert de blessures, et quand je lui en demandais la cause : « J’ai assisté hier, me disait-il, avec Sidi Mohammed et Sidi Ahmed, à une bataille qui a eu lieu en Espagne, ou en d’autres pays lointains, entre chrétiens et musulmans. » Si, me dit-il, tu veux voir Sidi Mohmmed, viens vendredi de bonne heure à la grande mosquée, et regarde derrière la maqsoura : il sera là faisant ses prières surérogatoires jusqu’à ce que s’ouvre la porte par laquelle entre le prédicateur ;à ce moment il ira faire la prière du vendredi à tel endroit, (je ne me souviens plus s’il dit à Jérusalem ou ailleurs. »
J’allai le vendredi de bonne heure, à la grande mosquée et me plaçai derrière la moqsoura. Je trouvai là un homme qui m’y avait devancé et qui faisait des prières surérogatoires ;il avait rabattu le capuchon de son burnous sur son visage qui était ainsi complètement caché. Je m’assis à son côté et me mis à faire des prières surérogatoires tout en l’épiant. Je pensai que c’était bien là l’homme dont m’avait parlé Sidi Bouïdir. Il ne cessa de prier, et moi de l’observer, jusqu’à ce que, la foule affluant toujours, un étudiant vint s’asseoir à son autre côté, et se mit à réciter le Coran à haute voix. Incommodé par cette récitation, l’homme écouta ses prières, fit la salutation finale et plaça sa tête entre ses genoux. L’étudiant, poursuivant sa récitation, en arriva à la sourate intitulée « La lumière » (sour, XXIV, au passage suivant (verset 35) : « … le flambeau est placé dans un cristal et ce cristal ressemble à une étoile brillante…), et lut le mot dourry avec un point sur la lettre dal. L’homme lui dit très poliment : « Le dal de dourry n’a pas de point. » mais l’étudiant, qui était ignorant, lui répondit sur un ton grossier : « C’est avec un dzal surmonté d’un point que ce mot s’écrit ;il dérive du mot dzourriya et tous les dérivés de ce mot portent un point sur le dzal. » L’homme se tut et reprit sa position primitive en replaçant sa tête entre ses genoux. »
« Lorsque le meuzzin ouvrit la porte par laquelle le prédicateur entre dans la maqsoura (l’imam prédicateur était à cette époque le cheikh Sidi Mohamed ben Merzouq (12), je portai mes regards vers notre homme, mais je n’aperçue que la place qu’il avait occupée ; quand à lui, je ne sais si la terre l’avait englouti ou si l ciel l’ait enlevé. »
« Je dis c’est Mohammed ben Youçof Es-Senoûcî qui parle : « Il est évident que le secret de la chose n’avait dû être révélé qu’au cheikh Sidi Abderrahman, car s’il en avait été autrement, tous le monde aurait fait attention à ce qui devait se passer, et se serait aperçu de la disparition de cet homme. Il se peut aussi que tout autre que le cheikh Sidi Abderrahman ait vu, après le départ de cet homme, un fantôme lui ressemblant occuper sa place. Essahily (13) rapporte, en effet, que certains font chaque année le pèlerinage de la Mecque, et vont où bon leur semble, sans que personne s’aperçoive un seul jour de leur absence, parce qu’ils laissent en partant un fantôme qui leur ressemble en tout point et qui les remplace. »
« Lorsque l’époque du pèlerinage approcha, dit Sidi Abderrahman Es-Senoûcî , je dis à Sidi Bouïdir : « Je veux que tu demandes pour moi, à tes compagnons Sidi Ahmed et Sidi Mohammed, l’autorisation de faire avec vous, cette année, le pèlerinage de la Mecque. » il partit et leur fit part de mon désir ;puis il vint me trouver et me dit : « Sidi Mohammed, notre chef, celui-là même que tu as vu prier derrière la maqsoura, t’accorde l’autorisation demandée, et me chargé de la dire de ne pas quitter ta demeure et de n’aller nulle part le 8 et le 9 de dhou’l-hidjja, jusqu’à ce que moi, Bouïdir, son compagne, je vienne te prendre. » or, il advint qu’à l’une des dates qu’il m’avait fixées, j’eus précisément affaire avec Sidi Mohammed ben Merzouq ;je ne me souviens plus au juste si j’allai spontanément chez ce dernier ou s’il me fit appeler. Je m’absentai de chez moi toute la journée, ayant oublié les recommandations de Bouïdir. Le soir, en rentrant, ma famille, me dit : « Où donc étais-tu ? Un homme est venu plusieurs fois te demander ;il était très inquiet et paraissait regretter vivement de ne pas l’avoir trouvé ;finalement, désespérant de te voir ; il nous a dit : « Quand il reviendra, dites-lui bien ceci : nous n’avons pas failli à la promesse que nous t’avions faite, mais c’est le Très-Haut qui t’a frustré ; quand à moi, tu ne me reverras jamais plus à partir de ce moment. »
« Dieu seul connaît, me dit Sidi Abderrahman, toute l’étendue mes regrets que j’éprouvai lorsque ma famille m’eut rapporté ces paroles, mais je m’inclinai, résigné, devant les arrêts et décrets du maître Tout-Puissant. »
« Sidi Ahmed ben Lahcèn ne cessa après cela, ajouta Sidi Abderrahman, de fréquenter la nuit la zaouia de Sidi El-Halouy, comme il la fréquentait précédemment, et je pense qu’il ne peut être que l’un des deux hommes dont j’ai parlé ;du reste, tout le prouve jusqu’à l’évidence. »
« Tel est le récit que nous avons entendu faire par notre cheikh Abderrahman Es-Senoûcî. Le Très-Haut avait fait à ce cheikh la grâce de rencontrer des saints en tous pays, tant en Orient qu’en Occident, et d’être témoin de leurs miracles et de leurs actes. On raconte de lui, à ce sujet, des faits extraordinaire et des anecdotes innombrables. Il parcourut presque tout le monde musulman, et Dieu lui fit la faveur qu’il n’accorda à aucun autre cheikh, de rencontrer les plus grands saints et les plus illustres savants. Au surplus, Dieu sait le mieux ce qu’il en est. »
« Sachez, ô mon frère, dit Sidi Mohammed ben Youçof Es-Senoûcî, que Sidi Abdallah ben Mansour (14) m’a raconté avoir été témoin de miracles opérés par Sidi Ahmed ben Lahcèn ; demandez-lui donc ce qu’il en sait pour vous aider à atteindre le but que vous vous proposer. J’ai entendu dire que le juriste Sidi Ali ben Mouça El-Ouenchericy a vu Sidi Ahmed ben Lahcèn faire de grands prodiges qui sont cause que ce juriste s’est épris de lui au point de faire des extravagances. Il est venu me saluer cet automne dernier, et m’a fait plusieurs visites. J’avais l’intention de le questionner sur Sidi Ahmed ben Lahcèn, mais il ne m’a pas été donné de le faire. Je voulais aussi lui demander quelques sont faveurs divines qu’il a obtenues grâce à la bénédiction attachée aux prières de Sidi Ahmed ben Lahcèn et grâce aussi relations qu’il entretient avec le cheikh, le grand saint Sidi Mouça El-Betiouy, émule en sainteté du cheikh Sidi Mohammed ben Omar El-Haqary. Le cheikh Sidi Ahmed (Es-Sedraty) citait de nombreux prodiges opérés par Sidi Mouça El-Betiouy ;je les ai moi-même entendu raconter, mais je ne m’en souviens plus maintenant . »
Sidi Ahmed ben Lahcèn mourant le douze chewal 874 (14 avril 1470), et fut inhumé dans une cellule située à l’est de la grande mosquée. Il eut pour disciple Sidi Ahmed Zerrouq (15).
(Extrait de l’ouvrage de Sidi Mohammed ben Youçof Es-Senouci, intitulé : Vertus des quatre derniers).

Notes

1 Le village d’Hennaya est situé à 11 kilomètres nord-ouest de Tlemcen, à l’embranchement des routes de Rachgoun-Béni-saf, de Marnia et de Nédroma
2 La ville arabe de Nédroma est située dans un petit cirque verdoyant, à 388 kilometres d’altitude, sur le revers nord d’un contrefort du Djebel Filahoucen, a pied du col de Bab-Thaza, prés d’une source très abondante (Aïn Messoum)
C’est comme ville et comme paysage, une réduction de Tlemcen
3 Honeïn est un petit port sur la méditerranée, au nord de Tlemcen, entre l’embouchure de la Tafna et Nemours
4 Il y a sept chapitres qui commencent par ces lettres, ce sont les 40e, 41e, 42e, 43e, 44e, 45e, et 46e

5 Voyez sa biographie à la page 153
6 Tribu située dans le territoire de la commune mixte de Remchi arrondissement de Tlemcen
7 Le sultan Zianide Abou’l Abbes ahmed, fils d’Abou Hammou , régna de 1430 à 1462, il fut enterré à El-Eubbed par ordre de son successeur Abou Abdellah Mohammed El-Motawakkil al-Allah
8 Ashebel kehf, les compagnons de la caverne, c’est ainsi que les arabes appellent les sept dormants qui entrèrent dans une caverne sous l’empire de Décius et y dormirent jusqu’à l’empire de Théodose le jeune, pendant l’espace de cent quarante ans. Voyez Coran, sur. XVIII, v 8 et suivants.
Voyez aussi bibliothèque Orientale, par d’Herbelot, la Haye, 1777, article ashab el-kehf.

9 Le cadi Youçof et-Tadely, surnommé Ibn ez-Zeiyat, est l’auteur d’un ouvrage intitulé : Et-Techawf, coup d’œil sur la vie des Soufis et d’un commentaire très estimé sur les séances d’El Hariry. Il mourut en 627 ou 628 de l’Hégire (1230-31 de J.C)
Voyez sa biographie dans Neïl el Ibtihadj, p382, ligne 2
10 Voyez sa biographie page 269
11 La Maqsoura est une enceinte réservée, dans l’intérieur d’une mosquée, au prince et à son entourage

12 Voyez sa biographie à la page 230
13 Mohammed ben Ahmed ben Abderrahman ben Youçof ben Ibrahim el-Ansary es-Sahily el Malaqy est le fondateur de l’ordre religieux des Saheliya. Il est connu sous le nom de Moulay Sehoul. Sa mort arriva l’an 648 ou 649 de l’hégire (1250-51 de J.C)
Voyez sa biographie dans Neïl el Ibtihadj, p230,cf Marabouts et Khouan, par Rinn, p.41

14 Voyez sa biographie à la page 147
15 Voyez sa biographie à la page 48. C’est le fondateur de l’ordre des Zerrouqia. Cet ordre a pour Zaouïa Mère un couvent situé au couvent situé au douar des Oulad-Trif, commune mixte de Berrouaghia département d’Alger. Voy confréries religieuses musulmanes par Octave Depont et Xavier Coppolani, Alger, 1897, pp.457-460


je cherche les origine de ma perssone et cette histoire colle exactement avce celle qui me raconter mon pere
bellahcene - ingenieur - Montreal, Canada

19/03/2011 - 12657

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