Abou'l-Qacim Ben Ahmed Ben Mohammed Ben El-Mo’Tell El Belaouy El Qeïrouany
Ce personnage, plus connu sous le nom d'El-Berzely, habitait Tunis dont il était le muphti et le docte hafidh. C'est l'un des imams de la secte malékite et l'auteur du grand recueil de questions jurisprudentielles et de décisions juridiques. Cet ouvrage, où il a traité de main de maître toutes les questions qu'il a voulu, est un de ceux qui font autorité. El-Berzely fut un docte et éminent imam ; il était profondément versé en droit et avait toujours présents à la mémoire les textes de la doctrine malékite. Il fut un raoui par excellence. Voici ce qu'il dit dans le diplôme de licence qu'il délivra à Ibn Merzouq El-Hafid : « Entre autres professeurs dont j'ai été le disciple, il convient de citer: 1 le cheikh, le jurisconsulte, le grand voyageur, le raoui par excellence, le traditionniste Abou Abdallah Mohammed ben Merzouq El-Khatib (le prédicateur), sous la direction de qui j'ai étudié une partie des deux .Sabih., le Chafa, les deux Chatibiya, la Tekmila (complément) d'El-Qidjaty (1), le Ed Daurer el lawami' (Les perles brillantes) (2), ouvrage qu'il avait entendu expliquer par son auteur, l'Omda et autres livres. Il me délivra un diplôme de licence m'autorisant it enseigner tout ce qu'il savait lui-même ; le cheikh, le jurisconsulte, le raoui par excellence, le traditionniste versé dans la science de la .Sonna ou loi traditionnelle, le pieux ascète Abou'l Hacén El-Baterny qui m'a enseigné les oraisons d'Ech-Chadhily, qu'il avait apprises auprès du cadi Ibn Es-Soltan (3) qui les avait entendu expliquer par leur auteur, le cheikh Abou'l-Hacén (Ech-Cbadhily). Ce cheikh (Abou't-llacèn El-Baterny) m'a également conféré un diplôme écrit de sa main, dans lequel il certifie qu'il m'autorise à enseigner tout ce qu'il sait et rapporte d'après ses maîtres; 3" le jurisconsulte, le pieux imam, l'écrivain versé dans les différentes branches de la science, le docte Abou Abdallah ben Arafa dont j'ai été le disciple pendant plus de trente ans. J'ai étudié, en la lisant moi-même sous sa direction, une partie du Moslim, et je le lui ai entendu expliquer d'un bout à l'autre ; j'ai étudié aussi le Recueil d'EI-Bokhary et le Moatta. Voici maintenant les ouvrages que je lui ai entendu lire lui-même et expliquer : le Chafa, en entier ; le livre d'Ibn Es-Salah (4), intitulé : Sciences qu'il faut connaître pour aborder l'étude des hadith ; le Tehdhib, en entier et plusieurs fois; le Précis de jurisprudence d'Ibn El-Hadjib ; une grande partie du livre des fondements du droit, par le même auteur ; Les points de repère juridiques par Ibn Et-Tlemcèny ; le Sommaire d'El Khounedjy, avec son commentaire par Ibn Ouacil (5). J'ai étudié encore, toujours sous sa direction, son Mokhtaçar (Abrégé) sur la logique et les principes fondamentaux de la religion et du droit, et la majeure partie de son Précis de jurisprudence. Je lui ai aussi entendu lire et expliquer une grande portion du Mohassal (6) et plusieurs fois le Coran. II m'a délivré un diplôme m'autorisant à enseigner tout ce qu'il avait appris ; 4 le cheikh, le jurisconsulte, le professeur de lecture coranique, le raoui par excellence, Ahmed ben Meç'oud El Balency (de Valence), plus connu suis le nom d'Ibn El hadjja , sous la direction de qui j'ai appris, d'un bout à l'autre, les sept leçons du Coran. Je lui ai récité l’Amulette des souhaits par Ech-Chatiby, et il m'a conféré un diplôme m'autorisant à enseigner toutes les sciences qu'il possédait ; 5 le cheikh, le raoui par excellence, l'homme vertueux, le savant versé dans toutes les branches de la science, Abou Abdallah, connu plus cotnmunéuient sous le nom d'El-Belaouy , sous la direction de qui j'ai appris les sept leçons du Coran, et à qui j'ai récité plusieurs fuis la Grande Chatibiya. J'ai étudié, en la lisant. moi -même toujours sous sa direction, la majeure partie du Tehdleib, et lui en ai souvent entendu expliquer le reste. J'en dirai autant du Djellab, de la Riçala, du Moatta, el du Sahib de Moslim. J'ai étudié, auprès de lui, la grammaire, l'arithmétique, le partage des successions et une partie de l'astronomie. J'ai fréquenté ses cours, de l'an 760 (inc. 3 déc. 1358) à l'an 770 (inc. 16 août 1368), et il m'a délivré un diplôme de licence générale où il atteste qu'il m'a transmis tout son savoir ; 6° le cheikh, le pieux jurisconsulte, le- cadi impartial, la sommité scientifique, le hafidh Ahmed ben Heïdra Et-Touzery (7), dont j'ai longtemps suivi les leçons. Il m'a appris une foule de questions et expliqué bien d'autres choses encore ; 7 le cheikh, le vertueux et équitable jurisconsulte Abou'l-Abbès E1-Moumenany, sous la direction de qui j'ai étudié une grande partie du livre de Moslim, de celui d'El-Bokhary, du Chafa et d'autres ouvrages. J'ai été aussi le disciple de son frère, le pieux jurisconsulte, le cadi impartial Abou Zeïd Abderrahman qui m'a délivré un diplôme de licence générale. J'ai étudié, sous ce dernier, une partie du livre .d'Ibn El-Hadjib, intitulé : Raisonnement par analogie, livre qui n'est lui même qu'une partie de celui du même auteur, qui porte le titre de : Nec plus ultra de la demande et de l'espérance (8); j'ai reçu d'Abou Zeïd l'autorisation d'enseigner ce livre ; 9° le cheikh, le jurisconsulte, le raoui par excellence, le traditionniste versé dans la Sonna ou loi tirée des pratiques du Prophète, l'homme le plus instruit du Caire, Borhan ed-Din Ech-Chamy (le Syrien) Ech-Chafi'y (de la secte de Chafi'y), sous la direction de qui j'ai étudié une partie du Recueil d'Et Termidhy, El-Bokhary, le Chafa, une portion de la Grande Chatibiya et du Recueil d'En-Naouawy (9). Il m'a remis sa Fihriça (Index) et m'a dit avoir eu cinq cents et quelques professeurs. J'ai reçu de lui un diplôme de licence générale ; 10 le traditionniste, le raoui par excellence, le professeur qui forma deux générations d'hommes, Abou Ishaq ben Sadiq Er-Ressam. »
Tels sont, résumés, les renseignements que nous avons puisés dans le diplôme de licence conféré par El-Berzely à Ibn Merzouq El-Halid.
On lit, dans son Recueil de questions juridiques, qu'il fréquenta les cours d'Ibn Arafa pendant environ quarante ans, et que celui-ci lui communiqua son savoir, sa manière de faire et sa méthode ; qu'il suivit les leçons d'un grand nombre d'autres professeurs, sur le droit, les traditions et autres sciences, et qu'il acquit ainsi une somme considérable de connaissances.
Voici ce qu'en dit Es-Sakhaouy : «El-Berzely est un des imams malékites du Maghrib et l'auteur du Recueil de décisions juridiques qu'on se passe de main en main. En effectuant le pèlerinage' de La Mecque, en 806 (inc. 21 juillet 1403), il passa par le Caire où il délivra un diplôme de licence à notre professeur; il y donna des leçons à plusieurs savants que j'ai eu l'occasion de rencontrer, tels qu'Ahrned ben Younès (10). Certains auteurs disent qu'il est mort en l'année 844 (inc. 2 juin 1440); d'autres, en 843 (inc. 14 juin 1439), à l'âge de cent trois ans (11). D'après. cela, il doit être le dernier des personnages mentionnés dans la première partie du dictionnaire biographique du hafidh Ibn Hadjar. On lui donnait le titre de cheikh-el-Islam ou pontife de l'Islam. »
Ahrned Baba ajoute ceci : « Un de mes amis m'a dit qu'El-Berzely est décédé en l'année 842(inc. 24 juin 1438), qui est d'ailleurs la date que donnent certains ouvrages que j'ai lus. Il résulte du renseignement fourni par Es-Sakhaouy qu'El-Berzely est né vers l'an 740 (inc. 9 juillet 1339). Citons parmi les savants qui ont été ses disciples: le cheikh Et-Thàaleby , Ibn Nadji, Ahloulou, Er-Ressa', etc. » (12).
Notes
1 Mohammed ben Ali ben Ibrahim el-Kinany el-Qidjaty et-Gharnaty mourut l'an 810 (inc. 8 juin 1407) ou 811 (inc. 27 mai 1408) de l'hégire. On lui doit plusieurs ouvrages qui traitent, pour la plupart, des modes de lecture du Coran.
Voyez sa biographie dans Neïl el-iblihadj, p. 291, et celle de son grand-père dans le Dibadj, p. 200. Le Dibadj (p. 70) donne aussi la biographie d'un nommé Abou Dja'far Ahmed ben Mohammed ben Sema'a El-Ansary El-Qidjaty, mort à Grenade l'au 010 de l'hégire.
2 C'est l'ouvrage de Sidi Abderrahman Et-Thâaleby, aujourd'hui imprimé à Alger.
3 C'est l'émir Mohammed ben Ahmed El-Hafsy, fils du sultan de Tunis Abou'l-Abbés, et frère du sultan Abou Faris. Il est plus connu sous le nom d'El-Hacèn. C'était un jurisconsulte éminent. Il avait fait ses études auprès d'Ibn Arafa, d'Abou Mehdy iça El-Ghebriny, etc. On lui doit des réponses à des questions très difficiles que lui avait posées Abou'l-Hacen ben Sami’t EI-Andaloucy. Voyez sa biographie dans Neî lel-ibtihadj, p. 323.
4 « Taqi-eddln Abou-'Amr 'Othman Ibn es-Salâh, née à Charakhàn, dans la province de Chéhrizor, entre Erbil et Hamadan, en 1181 de J.-C., était d'origine kurde. Il commença à étudier à Mossoul et parcourut les principales villes du Khorasan. Il fut professeur à Jérusalem, puis se rendit à Damas, où il se fixa définitivement ; il y professa le droit chaféïte dans diverses medressés, notamment dans celle qui venait d'être fondée par la soeur de Saladin, et il y mourut le 20 septembre 1215.
Son Aqça'l-amal wech-Chauq' (l'Espoir et le désir le plus vif), qui traite de la science des traditions, a été fréquemment commenté et a fourni la base de nombreux extraits. Il a consacré un ouvrage à rechercher les traditions relatives à la supériorité d'Alexandrie et d'Ascalon sur les autres villes; son recueil de fetwas et son traité des règles du pèlerinage se trouvent au Caire. » (Cl. Huart, Littérature arabe, p. 230).
Voyez la biographie d'Ibn Es-Salah dans ibn Khallikan, toute I, p. 560, et dans El-Maqqary, IIe partie, p.94 du manuscrit de la Bibliothèque nationale de Paris. La Bibliothèque d'Alger possède, sous le n° 515, un des ouvrages d'Ibn Es-Salah.
Le 'Oloum-el-hadith est mentionné par Hadji Khalfa (t. 1V, p. 249, n° 8,290).
5 Mohammed ben Salam ben Ouacil est aussi l'auteur du livre intitulé Dorr en-nadhid, qui est un commentaire sur un poème d'Ibn El-Hadjib. Le titre du poème d'Ibn El-Hadjib est Maqsed el-djalil fi 'ilm el-Khalil.
6 Voyez supra, note 285. Le titre complet Mohassal afkar-elrnotugaddimin oua'l motaakhkhirin (Sentiments des métaphysiciens ou docteurs scolastiques, tant anciens que modernes). Ce livre a été commenté par El-Kateby, qui a intitulé son commentaire G'l•Mofassal.
7 Ahmed ben Mohammed ben Heïdra et Tounecy, cadi de la communauté de Tunis, fut le contemporain d'Ibn Arafa avec lequel il eut plusieurs disputes sur certaines questions de droit. Il avait été le disciple d'Ibn Abd-es-Salam et eut pour disciples à son tour : Abou Mehdy Iça El-Ghebriny, El-Berzely, Abou't-Taïyeb ben 'Alouan, Abou Abdallah El-Qalchany, Ahmed El-Qalchany, etc. Voyez sa biographie dans Neïl el-iblihadj, p. 55. Ez-Zerkéchy, dans sa Chronique des Almohades et des Hafcides (p. 174 de la traduction de M. Fagnan), dit qu'il mourut à la fin de Rabi' Ier 778.
8 Le titre complet est Montaha es-soual oua'l-amal fi ilm’eï eloçoul oua'l-djidal (Le terme de la demande et de l'espoir touchant la science des principes fondamentaux de la religion et celle de la dialectique).
Cet ouvrage a pour auteur Ibn El Hadjib. Voyez supra, note 64.
9 « Abou-Zakariyâ Yahia ben Charaf En-Nawawy, né en 1233 de J.-C. à Nawâ près de Damas, dans le Hauran, étudia la théologie dans la capitale de la Syrie, où il s'installa comme simple particulier à son retour du pèlerinage en 1253. Il remplaça Abou-Châma lors de la mort de celui-ci, et fut son successeur à l'école des hadith Achrafiyya. Il mourut dans sa ville natale, où il était allé se reposer de ses travaux considérables, le 22 décembre 1278. Son Minhadj et-talibin a été publié et traduit, sur l'ordre du gouvernement néerlandais, par M. Van den Berg à Batavia, en 1884, sous le titre de Guide des zélés croyants, manuel de jurisprudence musulmane selon le rite de Chaféï ; cet ouvrage a été fréquemment commenté, honneur qui a été également réservé à son recueil de quarante traditions. Ses études juridiques l'amenèrent à rédiger, pour fixer l'orthographe du nom des auteurs cités dans les textes, le Tandhîb el-asmâ (Correction des noms propres), édité par F. Wüstenfeld, à Goettingue, en 1812-47, sous le titre de Biographical Dictionary of illustrious men. Sou taqrib wa Taïsir (l'étude facilitée), introduction à l'étude des traditions, imprimé au Caire en 1890 avec, le commentaire que lui a consacré Soyoûti sous le titre de Tadrib, a été traduit en français par M. Marçais. Vingt autres de ses ouvrages se trouvent dans des diverses bibliothèques d'Europe et d'Orient. » (Ch. Huart, Littérature arabe, p. 248-219).
10 Ahmed ben Younès ben Said El-Qocentiny est l'auteur d'un traité intitulé Riçala fi terdjih dhikr es-siada, qui traite de la prière que l'on doit faire pour le Prophète, de réponses à des questions juridiques qui lui furent adressées de Sana'a, capitale du Yémen, et d'un poème en l'honneur de Mahomet. Il naquit l'an 813 de l'hégire (inc. 6 mai 1410) et mourut en Chawal 878 (ce mois a commencé le 19 février 1474). Voyez sa biographie dans Neïl el-ibtihadj, p. 68.
11 Ez-Zerkéchy (Chronique des Almohades et des Hafsides, p. 226 de la traduction) prétend qu'il mourut le 25 dhou'l-qa'da 811 (20 mai 1138).
12 Cette notice biographique est extraite de Neïl el-ibtihadj, p. 218.
Posté Le : 30/06/2008
Posté par : nassima-v
Source : Ouvrage El Bostan d'Ibn Maryam, trad par F. Provenzali