Biographie d'Abou Ali Mansour Ez-Zouawy

Abou Ali MANSOUR BEN Ali BEN ABDALLAH EZ-ZouAwy (1)
Il habita Tlemcen. Voici ce que dit Liçan-ed-Din Ibn EI-Khatib, dans son livre intitulé El Ihata, en parlant de ce personnage: « Cet homme, qui est notre ami, se distingue par son honnêteté, par sa parfaite honorabilité, par sa modestie, par sa pudeur et par sa chasteté. Il est simple dans sa mise, aime avant tout la modération, vit à l'écart du monde, n'offense personne, ni par ses paroles, ni par ses actes; ne s'occupe que de ses affaires et de ce qui le regarde, agit avec droiture et franchise, se montre équitable dans la discussion, est toujours pré. à rendre justice à son adversaire, est plein de zèle pour s'instruire et instruire les autres, s'applique avec assiduité à l'étude et à l'enseignement de la science, pousse la tolérance jusqu'à ne pas se montrer dédaigneux de ses inférieurs et est pétri de sincérité, de générosité et de courtoisie. Étudiant distingué et de premier ordre, il possède des connaissances très étendues dans plusieurs sciences rationnelles et traditionnelles. Il lit et écrit beaucoup. Les principes fondamentaux du droit, la logique et la théologie scolastique ne lui sont pas étrangères ; mais les sciences où il excelle sont le calcul et la géométrie. En 753 inc. 18 février 1352), il vint en Andalousie (lisez: Grenade) où on lui fit bon accueil. Son mérite ayant été reconnu, on le nomma professeur à la Médersa à des appointements élevés; c'est là qu'entouré d'une foule d'étudiants, il enseignait les diverses branches du droit et l'exégèse coranique. Il donnait aussi des fetouas ou décisions juridiques. Je l'ai connu et fréquenté et j'avoue qu'il m'a donné l'exemple de la piété, de l'équité et de la civilité. Il a été, dans ces temps-ci, soumis à une cruelle épreuve, à propos d'une question juridique sur laquelle il a hésité à se prononcer. Les docteurs de la loi s'étant, en effet, joints à lui pour examiner la validité d'un acte d'accusation dressé contre un homme qui avait blasphémé contre Dieu et son Prophète, il hésita à accuser cet homme du crime d'apostasie ; aussi les docteurs déclarèrent-ils qu'il fallait associer Mansour ben Ali à l'accusé dans ce crime. Vivement attaqué par lesdits docteurs ses adversaires, contre lesquels il soutenait avec ténacité ses opinions, il dut finalement quitter l'Espagne en l'année 765 (inc. 10 octobre 1363).
« Il a eu pour professeurs : son père Ali ben Abdallah; l'imam et interprète de la loi Mansour El-Mecheddaly, sous la direction de qui il a étudié les premiers chapitres d'Ibn El-Hadjib : Abou Abdallah El-Mosaffir ; le docteur Abou Ali ben Hoceïn , qui lui a enseigné une bonne portion du Hacil (la Conclusion (2), le Maalim ed-diniya oua'l-fighiya (Points de repère dans l'étude de la religion et du droit), EI-Khounedjy et El-Aïat et baïynat les versets clairs du Coran) (3) ; le cadi. de la communauté de Bougie, Abou Abdallah Mohammed ben Youçof (4) ; Abou'l-Abbès Ahmed ben Amran ; à Tlemcen, il a suivi les leçons de l'imam, le professeur dont personne ne conteste la supériorité et la prééminence, le doyen des écrivains, le savant de premier ordre Abd-el-Moheïmin El-Hadramny; celles du traditionniste Abou'l-Abbès ben Yerbou' et celles du cadi Abou Ishaq ben Yahia (5) ; en Espagne, il eut pour maitres : Ibn El-Fakhkhar El-Byry, imam de la mosquée appelée Mosquée des Artisans, qu'il a fréquenté jusqu'à sa mort: celui-ci lui a conféré un diplôme de licence et l'autorisait à donner des leçons dans sa propre école; le cadi de la communauté Ech-Cherif El-Hacény Es-Sebty (de Ceuta) (6), qui fut un savant incomparable ; ce cadi lui enseigna ses propres ouvrages et le Teshil d'Ibn Malik.
« Mansour ben Ali a été aussi le disciple d'Abou'l-Barakat ben El Hadjj (7) et du prédicateur Abou Djafar Et Tandjaly (8). Il est actuellement tel que je viens de le dépeindre. Que Dieu l'assiste et lui accorde longue vie ! Depuis qu'il a été obligé de quitter l'Espagne, il s'est établi à Tlemcen où. il enseigne le Coran et la science.» Ce qui précède est un extrait abrégé de l'Ihata.
Voici ce que dit Yahia Es-Serradj dans son Index: « Notre maître, le cheikh, le jurisconsulte, l'illustre docteur qui enseignait le Coran et les principes fondamentaux du droit, le grammairien Abou Ali Mansour, fut un excellent professeur, un habile jurisconsulte et un profond connaisseur du nombre de ceux dont on consultait les lumières. Il était versé dans plusieurs sciences rationnelles et traditionnelles, lisait et écrivait beaucoup, connaissait les principes fondamentaux du droit, la logique et la théologie scolastique, était plein de zèle pour s'instruire et instruire les autres, et s'appliquait avec assiduité à l'étude et à l'enseignement de la science. Lui ayant demandé la date de sa naissance, il me répondit qu'il naquit vers l'an 710 (inc. 31 mai 1310). Il fut le professeur de l'imam Abou Ishaq Ech-Chatiby. »
Ahmed Baba ajoute: « Il florissait encore vers l'an 770 (inc. 1G aoùt 1368). EI-Ouenchericy a enregistré dans son Étalon quelques-unes des fetouas de ce savant » (9).

Notes

1Voyez sa biographie dans Complément de l'Histoire des Beni-Zeïyan, p. 207.
2Hadji Khalla (tome III, p. 4, nos 4367, 4368, 4369) cite trois ouvrages qui portent le titre de Hacil:
1° Hacil kourat el khalas fi fadhaïl sourat el-ikhlas ; 2° El-Hacil fi Mokhtaçar El-Mahsoul fi'l-oçoul ;
3° El-Hacil oua'l-mahsoul.
C'est du deuxième qu'il s'agit ici, car le premier est un opuscule sans importance, et le troisième a été composé par Es-Soyouthy (mort en 911, inc. 4 janvier 1505), longtemps après la mort d'Abou Ali Mansour Ez-Zouawy.
3Hadji Khalla (tome IV, p. 498, nos 1508, 1509) cite deux ouvrages qui portent ce titre; le premier a été composé par Fakhr eddin ben Omar Er-Razy, et l'autre par Mohammed ben Omar ben Dahya.
4Abou Abdallah Mohammed ben Yaqoub ben Youçof El-Mendjelaty Ez-Zouawy El-Bedjaouy, plus connu sous le nom d'Ez-Zouawy, fut l'ami intime de Nacir eddin Et-Mecheddaly. Il exerça pendant quelque temps les fonctions de cadi à Bougie , et mourut dans cette ville, le vendredi 2 Chawal 730 de l'hégire (19 juillet 1330). Voyez sa biographie dans Neïl el-ibtihadj, p. 229.
5Le cadi Abou Ishaq Ibrahim ben Yahia ben Mohammed ben Ahmed ben Zakaria ben 'Iça ben Zakaria El-Ansary El-Morsy El- Gharnaty, mourut à Grenade l'an 751 de l'hégire (inc. 11 mars 1350); il était né à Murcie en 687 (inc. 6 février 1288). Voyez sa biographie dans Neïl cl-ibtihadj, p. 13.
6Abou'l-Qacim Mohammed ben Ahmed El Hacény ech Cherif EI-Andaloucy es-Sebty, plus connu sous le nom de Ech-Cherif El-Gharnaty, naquit à Ceuta le 6 Rebi' II 697 de l'hégire (22 décembre 1297) et mourut à Grenade dans les premiers jours de Cha'ban 760 (juin-juillet 1359). On lui doit plusieurs ouvrages, entre autres, un commentaire sur la Maqsoura, d'Ibn Hazm, et un autre sur la Ramiza, d'El-Khazradjy (la Khazradjiya). Voyez sa biographie dans Djedhouat el-iqtibas, p. 192.
7Ce personnage est cité par Ibn Batouta (tome III, p. 26; tome IV, p. 371, 464).
8Voyez la biographie de sa fille, la poétesse Oumm El-Hacèn, dans l'lhata, p. 265 du premier volume.
9Cette notice biographique est extraite du Neil et ibtihadj, p. 378, 379.