Algérie - Abderrahman Et-Tlemcèny

Biographie d'Abderrahman Et-Tlemcèny



Abderrahman BEN MOHAMMED BEN AHMED EcH-CHERIF ET-TLEMCENY (1)
Plus connu sous le nom d'Abou Yahia Ech-Cherif, ce très docte et très érudit savant est le fils d'Abou Abdallah Ech Cherif. Il avait fait une étude si approfondie des sciences et possédait des connaissances si solides, qu'il apparut à son siècle comme un des miracles de Dieu. C'était un savant accompli, un connaisseur, un argument irréfragable. Voici ce que dit de lui l'imam Ibn Merzouq le Petit-fils : « C'est notre seigneur, le très docte Chérif. »
Le cheikh Ibn' El-Abbés a dit : « C'est l'imam, le docte, l'unique, le plus noble des savants, et le plus savant des nobles, le dernier en date des exégètes du Coran versés dans les deux sens de ce livre sacré : le littéral et le mystique, le rejeton d'une famille de savants éminents et nobles. »
Un de ses disciples, qui a retracé sa vie ainsi que celle de son père et de son frère, rapporte ce qui suit : « Abderrahman le Chérit est né à la fin de la nuit du 18 au 19 Hamadhan 757 (nuit du 14 au 15 septembre 1356). Sa naissance fut annoncée à son père, comme cela lui était déjà arrivé pour son autre fils (Abdallah). Il vit, en effet, quelqu'un qui lui dit ; Je t'annonce la naissance d'uni fils qui deviendra un savant et tu ne mourras point sans l'avoir vu enseigner la science. » Cette prédiction s'accomplit à la lettre. Or, il arriva que le savant légiste Abou Zéïd Abderrahman ben Khaldoun et le juriste et cadi Abou Yahia ben Es-Sekkak (2), qui avaient passé la nuit de la naissance de l'enfant chez son père, demandèrent à celui-ci de donner leurs noms à son fils ; il se rendit à leur désir et donna au nouveau-né le nom d'Abderrahman et le surnom d'Abou Yahia ; c'était celui de ses fils qu'il aimait et chérissait le plus à cause des signes non équivoques que l'enfant donnait de la supériorité de son esprit. Sa noble mère l'aimait tellement qu'elle ne pouvait pas le quitter, et quand les circonstances l'obligeaient à se séparer d'elle, elle en éprouvait un grand chagrin. Alors qu'elle le portait dans son sein, elle vit en songe un oiseau d'une rare beauté, qui, pénétrant par le haut de ses vêtements, sortit par le bas ; puis elle eut soif et demanda de l'eau qu'on lui apporta. Pendant qu'elle buvait, voilà que l'oiseau vint se poser sur le bord du vase et se mit à boire une si grande quantité du liquide qu'il faillit vider le vase. Elle raconta son rêve au cheikh son époux qui lui en donna l'explication suivante : « Tu mettras au monde un enfant qui deviendra un savant. » Cela arriva comme il l'avait dit. Eu effet, le jeune Abderrahman apprit le Coran par coeur et enseigna la science du vivant de l'auteur de ses jours. Il apprit, en le lisant lui même et en se le faisant expliquer en détail par son père, le livre intitulé : ET-Taqassi ,recherches poussées à l'extrême ou étude approfondie) (3); puis il étudia le traité d'Ibn E1- Hadjib sur les fondements du droit ; un autre ouvrage de cet auteur, intitulé : Lieux où surgissent les erreurs, le Moatta de l'imam Malik, et le livre intitulé : tracement du chemin (4). Après la mort de son père, il s'appliqua à l'étude de la science et devint_ un zélé disciple de son frère Abdallah. Il acquit auprès de celui-ci une foule de connaissances et apprit sous sa direction de nombreux ouvrages. Ensuite, il étudia, sous le pieux et savant professeur Abou Othman Said EI'Oqbany, le traité des fondements du droit par Ibn El-Hadjib, l'Idah par El-Faricy, le Sommaire d'El-Khounedjy, et assista à ses conférences sur l'explication du Coran. A l'école du cheikh des cheikhs, le pieux docteur Abou Abdallah ben Haiaty El-Gharnaty (le Grenadin) , il apprit le Djomal d'Ez-Zedjadjy et le Moqarrib (le litre complet est : El-Moqarrib fi'nnahou. Ce qui rend accessible et facilite l'étude de la grammaire) d'Ibn Asfour . Il entendit aussi expliquer le Sahih de Moslim et le Chafa d'Ayyadh, par le savant cheikh Abou'l-Qacim ben Ridhouan qui lui délivra un diplôme de licence. C'est ainsi qu'il finit par s'élever au-dessus de tous les autres professeurs, et par devenir, à cause de ses succès, l'objet de l'admiration de tout le monde. Voici ce que j'ai ouï dire à notre cheikh, le pieux jurisconsulte Abou Yahia EI-Mataghry : J'ai entendu nombre de savants, tant en Orient qu'en Occident, mais je n'en ai jamais vu ni entendu aucun qui soit comparable à Abou Abdallah le Chérif et à son fils. »
« Lorsque son frère Abdallah tomba gravement malade, celui-ci le pria de le remplacer dans ses fonctions de professeur, mais il refusa par politesse, et ce ne fut que sur ses vives instances qu'il finit par accepter en l'année 781 (inc. 17 mars 1382).
« II devint un savant accompli et un théologien du plus haut mérite. Il s'éleva constamment en rang et en dignité et écrivit de nombreux ouvrages sur les diverses sciences, lesquelles n'avaient plus de secrets pour lui. L'étude des sciences fut d'ailleurs la grande voie qu'il suivit sans jamais s'en écarter. Pour avoir une idée de sa valeur, il vous suffira de lire son explication exégétique des premiers mots de la sourate de la Victoire (la 48`). Lorsque son frère aisé (Abdallah) en eut pris connaissance, il y inscrivit ceci : « J'ai lu (Que Dieu vous assiste !) votre explication et en ai compris le sens. Après avoir consulté les ouvrages des exégètes du Coran et ceux des meilleurs auteurs modernes, je trouve que ce que vous dites est basé sur des principes d'une absolue vérité, clair, juste, d'une conception originale et habilement traité. C'est à vous que je peux appliquer ce proverbe : u Je reconnais bien là le naturel d'Akhzem » (5).
Quant à sa mort, voici ce que dit Abou'l-fadhl ben Merzouq El-Hafid : « Il décéda à l'aube du 6 ou du 26 Redjeb 826 (15 juin ou 15 juillet 1423). »
Citons parmi ses nombreux disciples : le cheikh El-Gadiry (d'Agadir, faubourg de Tlemcen) (6), le cheikh Abou Abdallah El-Qeïcy et le très docte cheikh Abou'l-Abbés Ahrned ben Zaghou qui fit le plus grand éloge de son maître et s'appuya sur sou autorité dans ses écrits. Ajoutons pour terminer qu'Abderrahman le Chérif fut un de ceux qui allèrent à Fez et donnèrent des conférences en présence du sultan et des jurisconsultes de cette ville (7).

Notes
1 C’est le fils d’Abou Abdallah Mohammed ben Ahmed Ech-Cherif, dont la biographie se trouve plus loin dans le Bostan et dans Complément de l’histoire des Beni-Zeïyan, p.163
La biographie de son frère se lit à la page 126 du Bostan
2 Abou Yahia Mohammed ben Abou Ghalib ben Ahmed ben Ali ben Ahmed El-Miknacy El-Ayyadhy, plus connu sous le nom d’Ibn Es-Sekkak, fut cadi de la communauté à Fez. On lui doit un commentaire sur le Chafa d’Ayyadh et un livre intitulé Nash molouk el-islam (conseils donnés aux rois musulmans). Il mourut en 816 de l’hégire (inc.3 avril 1413). Voyez sa biographie dans Neil el-ibtihadj, p.193 et dans Djedhouat el-iqtibas, p.148
3 Hadji Khalfa ne fait pas mention de cet ouvrage
4 Hadji Khalfa ne fait pas mention de cet ouvrage
5 Ce proverbe, qui se prend en bonne comme en mauvaise part, correspond au nôtre : Tel père, tel fils. Il est tiré de ce vers :

ان بني ضرجوني بالدم شنشنة اعرفها من اخزم

« Mes petits-fils m’ont couvert de sang, je reconnais en eux le naturel d’Akhzem »
Prononcé par le père d’Akhzem à l’occasion suivante :
Akhzem, qui avait été mauvais fils, laissa plusieurs enfants, qui, un jour, se précipitèrent sur leur grand-père et lui firent des blessures qui l’ens
6 Le Neïl el-ibtihadj porte : Abou Zeïd El-Gadiry
7 Cette notice biographique est de Neil el-ibtihadj, p.145





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