Algérie

Biographie d'Abderrahman Ben Abdallah



ABDERRAHMAN BEN ABDALLAH BEN ABDERIAHMAN EL-YAQOUBY
Ce cheikh, qui était originaire des Ouled-Yagoub-ben-Talha (1), fit de nombreux miracles. Il fut le disciple du cheikh sidi Ahmed ben El-Hadjj El-Yebdéry El-Minaouy (demeurant à Yebder et originaire de la vallée de la Mina).
Citons, parmi ses miracles, le fait suivant qui m'a été raconté par une personne digne de foi : Un jour que le cheikh venait de rétablir la concorde entre les Ouled-Talha, voilà qu'un cavalier de cette tribu se présenta et dit : « Nous ne nous réconcilierons pas. » Eu entendant ces paroles, le cheikh s'enflamma de colère, et, bien que la Tafna (2) fût très grossie par les pluies, il entra dans la rivière pour la traverser. Alors, chose inouïe, les eaux cessèrent brusquement de couler et se partagèrent pour lui livrer passage, ainsi qu'à ses compagnons. Les gens le suivirent, traversèrent la rivière derrière lui et le ramenèrent. Après cela, la rivière se remit à couler comme auparavant.
Autre miracle. — Une personne digne de foi m'a raconté que le cheikh se rendit un jour chez les Trara (3) pour les réconcilier. « Nous ne ferons pas la paix », dit l'un d'eux. — Que Dieu t'applique le feu ! » S’écria le cheikh. — Aussitôt l'insolent tomba malade et se mit à crier : « Aie mon ventre ! Aïe mon dos ! » Les sensations de brûlure qu'il éprouva causèrent sa mort.
Autre miracle. — Un de mes compagnons m'a raconté que le cheikh, étant allé en visiteur chez sidi Abderrahman ben Mouça, lui demanda s'il n'avait pas le commentaire de sidi Ahmed ben El-Hadjj sur la Siniya. « Il est à votre disposition, répondit sidi Abderrahman ben Mouça, si vous voulez bien me l'acheter. — Quel en est le prix ? reprit le cheikh. — Le bonheur en ce monde et dans L'autre, répliqua Abderrahman ben Mouça. — Je vous les accorde tous deux. — J'accepte, dit l'autre, et il lui remit le commentaire en question. Sidi Abderrhaman ben Mouça a dit à un de mes compagnons que la prédiction du cheikh s'était accomplie à la lettre quant au bonheur terrestre, et qu'il espérait bien que Dieu lui accorderait le bonheur éternel dans l'autre monde.
Autre miracle. — Un de mes amis m'a raconté ce qui suit : « Le cheikh étant allé faire une visite à sidi El -Abbés, à Eubbed-Supérieur, descendit chez lui et lui dit : « Je désire passer la nuit à la mosquée. » Puis il soupa et se rendit à la mosquée, suivi, à son insu, par sidi El-Abbès. Celui-ci, revenu à sa maison, se mit à épier son hôte. Le cheikh, après avoir fait toutes les prières surérogatoires qu'il voulut, se leva, sortit de la mosquée, s'arréta devant la porte du tombeau de sidi Abou Medien et s'écria : O Abou Medien, c'est ton serviteur Abderrahman El-Yaqouby qui te demande l'autorisation d'entrer ; si tu veux la lui accorder, c'est bien, sinon il s'en retournera. » Ensuite, il entra chez sidi Abou Medien, et tous deux se mirent à causer. Le cheikh consulta le saint pour savoir s'il convenait de renverser le gouvernement des Turcs. « Tu n'as personne pour les remplacer, lui répondit sidi Abou Medien, à moins que tu ne veuilles que je te mette à leur place. — Non, dit le cheikh. » Sidi El-Abbès a dit à un de mes compagnons: « Lorsque j'entendis leurs paroles, de la fenêtre qui se trouve en haut, à droite en entrant, je voulus m'introduire auprès d'eux, mais je sentis quelque chose qui me retenait par derrière ; je me retournai et ne vis personne. Je tentai d'entrer une deuxième, puis une troisième fois, mais j'en fus empêché comme la première. Quant aux paroles 'de ces deux personnages, je les ai parfaitement entendues. »
Autre miracle. — Je tiens de l'un de mes amis le fait suivant qui lui a été raconté par Abdallah, le propre fils du cheikh. « Lorsque le pacha Hacèn ben Kheir-ed-Din se mit un marche vers le Maroc (4), dit sidi Abdallah, mon père m'envoya de Tlemcen auprès de ce prince, en me disant : « Va dire ceci à Hacèn ben Kheir-ed -Din : Mon père Abderrahman El-Yakouby vous prie, par ma bouche, de renoncer à votre expédition contre Fez; il est inutile que vous l'entrepreniez, car vous n'en retirerez aucun avantage : c'est d'ailleurs l'avis de tous les saints de Tlemcen, c'est à dire sidi Abou Medien, le Pôle Abd-es-Samed et autres amis de Dieu. » Puis il ajouta : « Le Pôle Abd-es Samed m'a donné un sabre tranchant que je te remets, ô Abdallah. » Me conformant aux ordres de mon père, je rejoignis le pacha sur les bords de la Melouiya (5) et lui fis part de la mission dont j'étais chargé. » Sidi Abdallah m'a assuré, dit mon ami, que Hacèn ben Kheïr-ed-Din ne voulut point renoncer à son expédition, et que la prédiction de sidi Abderrahman s'accomplit à la lettre. Que Dieu nous fasse profiter des mérites de ce cheikh !

Notes
1 Voici ce qu’on lit dans la Revue Africaine (année 1879, article : Voyages extraordinaires et nouvelles agréables, par Abou Ras, traduction de M. Arnaud, interprète militaire, p.120 et suivantes) :
« Les Beni-A’mer du Mar’reb forement trois branches :
« 1° Les Beni-Yacoub, qui ont donné leur nom à la célèbre terre d’El-Yacoubiya ; …
« Les Talha et les Ahlaf, sont issus des arabes d’El-Ma’kil, dans l’Yémen ; ils se composent des tribus des Doui-Abdallah, des Doui-Mansour et des Beni-Hassane, dont les terres s’étendent à l’ouest de Tlemcen jusqu’à la Moulouya et forment les populations du pays d’Angad. Ils soutiennent qu’ils sont de la postérité de Dja’far ben Abou Taleb. Mais cette prétention ne repose sur rien de solide, parce qu’il n’entre point de nomades ni de pasteurs dans la famille du prophète. Ce qu’il y a de plus probable, c’est qu’ils sortent de l’Yémen, soit de Ma’kil, fils de K’ab, fils de A’lim, fils de Khattab, originaire des Beni-K’odd’âa ; soit de Ma’kil des Beni-Rabiâ, issus de Madh’edj. Cette dernière filiation, rapportée par Ibn Khaldoun, est la plus conforme à la vérité
« Un vieillard, puissant et considéré, appelé Talha, étant venu à commander aux dites tribus, dont il était originaire, on désigne maintenant la population d’Angad sous le nom de Talha. Ce chef mourut à la fin du VIIIe siècle »
2 « La Tafna (le fleuve Siga des Romains), roule des eaux relativement abondantes. Sa pittoresque source sort avec grand fracas de la grotte Aïn-Habalet, à quelques kilomètres au nord de Sebdou. Le bruit des eaux roulant dans un massif de galets au pied de la grotte, dont l’entrée est ornée de magnifiques micocouliers, lui a valu le nom de l’Oued El-Khauf (rivière de la peur)
« longueur 125 kilomètres ; baignant Sebdou, les Beni-Snouss, Medjabed (Smala), Remchi, Sidi-Amara, la plâtrière, Beni-Ghanem et Rachgoun, séries de plaines d’une grande fertilité, et dont la richesse serait décuplée par les irrigations avec quelques barrages judicieusement établis. La Tafna se jette à la mer en face de l’île » (L. Piesse et J. Canal, Tlemcen, p.94)
3 Le massif des Trara se trouve dans la zone maritime comprise entre la Tafna et Nemours. C’est le Khalcoricii des Romains
4 Hacèn Ben Kheir Eddin se mit en marche pour le Maroc en Djoumada 1er 965 (ce mois a commencé le 19 février 1558). Cf. Mercier, Histoire de l’Afrique septentrionale, tome III, p.92-93
5 La Melouiya a été de tout temps la frontière naturelle entre la Maroc ancien et la Numidie, devenue plus tard la Maurétanie Césaréenne, puis la régence d’Alger sous les Turcs, et enfin, l’Algérie
Le nom de ce fleuve est prononcé différemment par les voyageurs. Shaw (Reizen door Barbarijen, tome I, p.10) écrit Muluwia. Marmol (description de Affrica, tome II, fol.172, col.2) écrit Melouiya. C’est le Mulucha de Salluste, de Pline et de Méla ; le Malva de l’itinéraire d’Antoin (p.12), et la Malochat de Ptolémée et de Strabon.


Essalam Alikoum ,si vous perméttez je veux bien l'E MAIL de Mr Boujemaa Haichour pour lui demander ses écrits sur la tribu de TALHA ,cette Tribu qui située à l'est du pays et bien precisement à la wilaya de Guelma et El-Tarf. Je vous remercie d'avance.
ATAILIA Baghdadi - PEM Langue Arabe - Drean-w- El-Tarf, Algérie

16/10/2011 - 20781

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