Algérie - Abdelmadjid Tebboune

Biographie d'Abdelmadjid Tebboune



Biographie d'Abdelmadjid Tebboune

Abdelmadjid Tebboune (en arabe : عبد المجيد تبون), né le 17 novembre 1945 à Méchria (Algérie), est un homme d'État algérien. Il est président de la République algérienne démocratique et populaire depuis le 19 décembre 2019.

Haut fonctionnaire de carrière, membre du Front de libération nationale, il est ministre dans plusieurs gouvernements et il est Premier ministre du 25 mai au 15 août 2017, ce qui fait de lui le chef de gouvernement étant resté le moins longtemps à la tête de son pays.

Candidat indépendant tout en siégeant au comité central du FLN, qui ne le soutient pas officiellement, il remporte au premier tour l'élection présidentielle de 2019. La campagne de ce scrutin puis le début du mandat de Tebboune sont marqués par des manifestations massives (« Hirak ») et par une abstention record.

Situation personnelle
Famille
Abdelmadjid Tebboune naît le 17 novembre 1945 à Méchria1, dans l'actuelle wilaya de Naâma, en Algérie, alors départements français. Issu d'une famille originaire de la commune de Boussemghoun, actuellement dans la wilaya d'El-Bayadh, située dans la région des Haute Plaines steppiques du Sud-Ouest algérien2. Son père est un cheikh membre de l'Association des oulémas musulmans algériens3 et également un militaire. Sa mère est quant à elle une paysanne4.

En octobre 2019, s'ouvre le procès de son fils Khaled, en prison depuis le 20 juin 2018, dans le cadre de l'affaire de la saisie, dans le port d'Oran, de 701 kg de cocaïne5. Il est acquitté le 26 février 20206.

Formation
Il est diplômé de l'École nationale d'administration en 1969 (2e promotion, « Larbi Ben M'Hidi », section économique et financière)7.

Carrière professionnelle
Abdelmadjid Tebboune commence sa carrière en 1969 comme administrateur stagiaire8, puis administrateur en 19729 dans la wilaya de la Saoura.

Il est successivement secrétaire général de la wilaya de Djelfa (1975-1976), de la wilaya d'Adrar (1977-1979), de la wilaya de Blida (1979-1982) et de la wilaya de M'Sila (1982-1983)10,11.

Par la suite, il est wali d’Adrar (1983-1984)12, de Tiaret (1984-1989)13 et de Tizi Ouzou (1989-1991)14.

Parcours politique
Ministre
En juin 1991, Abdelmadjid Tebboune devient ministre délégué chargé des Collectivités locales auprès du ministre de l'Intérieur, dans le gouvernement Ghozali I15. Il quitte le gouvernement en 1992.

Il est rappelé par le président Abdelaziz Bouteflika en 1999 au poste du ministre de la Communication et de la Culture16 dans le gouvernement Benbitour, portefeuille qu'il n'occupera que 6 mois, avant qu'il soit rappelé une 2e fois au poste de ministre délégué chargé des Collectivités locales17 pour le remaniement des walis.

En 2001, le président le nomme au poste de ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme18 au sein du gouvernement Benflis II, dernier poste occupé jusqu'en 2002.

Il représente le président Abdelaziz Bouteflika dans plusieurs missions à l'étranger (en Iran, en Syrie) après son départ du gouvernement[réf. nécessaire]. À cette époque, il est cité dans l'affaire Khalifa19.

Le 3 septembre 2012, il est nommé ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme20 dans le Gouvernement Sellal I. Il est ensuite nommé ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville dans les gouvernements Sellal II, Sellal III, et Sellal IV.

Le 19 janvier 2017, après la maladie puis la mort de Bakhti Belaïb, il est nommé ministre du Commerce à titre intérimaire21.

Premier ministre
Le 24 mai 2017, considéré comme un proche du chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah22, il est nommé Premier ministre, succédant à Abdelmalek Sellal, qui était à la tête du gouvernement depuis 201223. Le gouvernement est formé le 25 mai24.

Abdelmadjid Tebboune est remplacé par l'ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia le 15 août 201725. Sa volonté de restreindre les importations, de lutter contre la corruption, en mettant en place une inspection générale au sein de la primature et en chargeant ses ministres de faire le point au sujet des marchés publics passés par l'ancien gouvernement26, et, selon la présidence, son harcèlement contre les hommes d'affaires sont évoqués pour expliquer son limogeage27. En juillet, le gouvernement avait ainsi adressé une série de mises en demeure à plusieurs grandes entreprises algériennes ou étrangères adjudicataires de gros marchés publics d'infrastructure, menaçant de résilier les contrats pour les chantiers en retard. Parmi ces entreprises figurait notamment ETRHB, une entreprise des travaux routiers, hydrauliques et bâtiments, propriété d'Ali Haddad, chef du Forum des chefs d'entreprises (FCE), organisation patronale, et proche de Saïd Bouteflika, frère du chef de l'État28. Il est ensuite assigné à résidence jusqu'en 20193.

Ces mesures lui valent néanmoins de bénéficier d'une popularité auprès de l'opinion publique29. Il est alors cité comme possible successeur de Bouteflika30.

Élection présidentielle de 2019
Le 26 septembre 2019, il annonce sa candidature à l'élection présidentielle de décembre, repoussée pour la deuxième fois dans le cadre des manifestants du Hirak, qui a conduit à la démission d'Abdelaziz Bouteflika31.

Se présentant comme le candidat du peuple, Abdelmadjid Tebboune affirme que les revendications des protestataires ne peuvent être satisfaites sans un président élu et légitime. Il promet une réforme de la Constitution et de la loi électorale, de même que l'instauration de la démocratie véritable au niveau local et national32. Il souhaite la récupération par l'État des prêts contractés par des entreprises et jamais remboursés aux banques étatiques. Candidat indépendant, il reste cependant membre du comité central du FLN33.

Contesté par les manifestants34, il est accusé par ses détracteurs d'être le candidat de l'armée et d'être mêlé à l'affaire Khalifa, dans laquelle il est cité ; il se dit favorable à la réouverture du dossier35. En novembre 2019, il fait face à la démission de son directeur de campagne et de la révélation par le journal Ennahar, réputé proche du pouvoir, de ses liens avec l'homme d'affaires Omar Aliat, actuellement en prison36. À l’approche du scrutin, en l'absence d'enquêtes d'opinion, les médias indiquent qu'il a perdu son statut de favori, Azzedine Mihoubi ayant reçu le soutien de nombreux proches du régime37.

Le 12 décembre, après une campagne perturbée par des manifestations importantes jusqu'au jour même de l'élection38, Abdelmadjid Tebboune est élu par 58,1 % des suffrages exprimés au premier tour, avec une abstention record (60,1 % des inscrits)39. Les chiffres sont par ailleurs jugés douteux par des analystes40. Le jour même, conspué par les partisans du Hirak, il est qualifié de président cocaïne en référence à l'affaire mêlant son fils41. Lors de sa première conférence de presse après son élection, Abdelmadjid Tebboune déclare tendre la main au Hirak et prône le dialogue42.

Président de la République
Investiture
Abdelmadjid Tebboune devient président de la République algérienne démocratique et populaire et prête serment le 19 décembre 201943. Le professeur Abderrahmane Mebtoul estime qu'il a une lourde responsabilité de rétablir la confiance brisée entre l'État et les citoyens44. Le sociologue Nacer Djabi indique qu'il démarre avec un grand handicap de légitimité et que même si le scrutin n'est pas falsifié, les Algériens n'ont plus confiance3.

Premières mesures
À l'issue de sa prestation de serment, le nouveau président salue le Hirak et déclare que la grande réussite est le fruit du mouvement populaire initié par notre peuple qui a refusé, grâce à sa conscience, l'effondrement de l’État et de ses institutions, renouvelle son appel au dialogue et promet de réaliser ses revendications dans le cadre d'un consensus politique et les lois de la République43,45. Il demande à être dispensé du prédicat excellence afin de rompre avec l'usage exacerbé de cette formule durant les mandats d'Abdelaziz Bouteflika, terme devenu impopulaire et motif de contestation46. Lors la cérémonie, il décore de la médaille de l'ordre du Mérite national, au rang Sadr, Abdelkader Bensalah et Ahmed Gaïd Salah47. Il est décoré du même rang par Abdelkader Bensalah48.

Le jour même, Abdelmadjid Tebboune accepte la démission de Noureddine Bedoui et désigne Sabri Boukadoum comme Premier ministre par intérim tout en chargeant le gouvernement en place de gérer les affaires courantes dans l'attente de la nomination d'un nouveau chef du gouvernement. Par ailleurs, le ministre de l'Intérieur Salah Eddine Dahmoune est limogé de ses fonctions alors qu'il avait défrayé la chronique en tenant des propos insultants à l'égard des manifestants du Hirak49.

Le 20 décembre 2019, il nomme Noureddine Ayadi directeur de cabinet et Mohammed Amine Messaïd secrétaire général de la présidence de la République ; ce dernier avait occupé le poste de directeur de sa campagne électorale. Par ailleurs, Bouakkaz et Amrouche sont respectivement nommés directeur général du protocole et secrétaire particulier du président de la République50.

Lors de son premier déplacement officiel en Algérie, le 22 décembre, il annonce la création d'un ministère chargé des start-up et de la microentreprise ainsi que d'une banque devant accompagner les porteurs de ces projets. Il ordonne également la réouverture des aérogares inexploitées à travers le pays51,52.

Le 26 décembre, il préside une réunion du Haut conseil de sécurité, où la situation dans la région, notamment au niveau des frontières avec la Libye et le Mali est examinée. Il décide que le Haut Conseil de sécurité sera réuni de manière périodique, à chaque fois que la situation l'impose53.

Formation du gouvernement Djerad
Deux jours plus tard, le 28 décembre, il nomme Abdelaziz Djerad à la fonction de Premier ministre et le charge de former un nouveau gouvernement54. Le lendemain, le 29 décembre, il nomme Belaïd Mohand Oussaïd ministre conseiller à la Communication, porte-parole de la présidence de la République55.

Au début de l'année 2020, alors que le Hirak se poursuit, des maires de communes de la wilaya de Béjaïa membres du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) refusent d'accrocher le portrait officiel de Tebboune56.

Consultations et réforme constitutionnelle
Le 28 décembre 2019, il reçoit Ahmed Benbitour, ancien chef du gouvernement, avec qui il s’entretient au sujet des bases de la nouvelle République55. Le 9 janvier, il reçoit Abdelaziz Rahabi pour échanger et écouter son appréciation de la situation actuelle et sa vision de l’avenir57. Cette rencontre entre dans le cadre des consultations sur la révision de la constitution58. Le 13 janvier, il reçoit l'ancien chef du gouvernement Mouloud Hamrouche et se rend chez l'ancien ministre des Affaires étrangères Ahmed Taleb Ibrahimi59. Le 14 janvier, il reçoit l'opposant Soufiane Djilali60 et Karim Younes61. Le 15 janvier, il reçoit le moudjahid Youcef Khatib62 et le président de l'Association des oulémas musulmans algériens, Abderrazak Guessoum63. Le 8 janvier 2020, il met en place une commission d'experts de 17 membres — dont une majorité de professeurs de droit constitutionnel64 — chargés d'émettre des propositions pour une nouvelle Constitution65. Il trace sept axes principaux autour desquels la commission doit mener sa réflexion, notamment la conservation du bicamérisme, ou sur le titre du chef du gouvernement. Il propose notamment de ne permettre au président de n'effectuer qu'un maximum de deux mandats et de rendre cette disposition immuable et intangible66. À l’issue de ces deux mois, la proposition de la commission doit faire l'objet d'un dialogue puis être adoptée par le Parlement et soumise à référendum67.

Poursuite puis suspension du Hirak
En février 2020, à l'approche de l’anniversaire du déclenchement des manifestations le 22 février 2019, le président Abdelmadjid Tebboune déclare que le Hirak est un phénomène salutaire et qu’il n'a rien à lui reprocher, ajoutant que ce mouvement populaire a épargné au pays une catastrophe. Il décrète que le 22 février sera désormais fêté tous les ans en tant que Journée nationale de la fraternité et de la cohésion entre le peuple et son armée pour la démocratie68. Les 21 et 22 février 2020, les manifestations réunissent un très grand nombre de personnes69,70.

Dans le cadre de la pandémie de coronavirus, le président de la République annonce, le 17 mars 2020, l’interdiction des marches et des rassemblements, quels que soient leurs motifs, expliquant qu'il ne s'agit pas d'une atteinte aux libertés, mais d’une mesure de protection de la santé publique71. Le vendredi 20 mars, aucune marche, aucun rassemblement n'est constaté





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