Algérie

Bilekdar Kaddour: Une icône du basketball est partie


Le 20 avril dernier, il avait soufflé sa 84e bougie. Jeudi, l'annonce de son décès a fait le tour des réseaux sociaux, ce lien incomparable de notre temps. Lui, c'est Kaddour Bilekdar, authentique icône du basketball national, tant comme joueur qu'entraîneur. Son CV est tout simplement immense, celui des champions d'exception. Le prodige du quartier Sananes a ainsi tutoyé la balle au panier durant 70 années, laissant une trace indélébile dans le mouvement sportif algérien.Un joueur cadet qui obtient un double « surclassement » pour figurer en senior de la fameuse formation des « Spartiates » devait être extrêmement doué. A tel point que le club français de Lorient n'a pas hésité à lui offrir un contrat professionnel alors qu'il était encore junior deuxième année. Ayant reçu sa convocation pour effectuer le service militaire français, il a tenté d'y échapper en rentrant à Oran chez sa belle famille au quartier Sidi Lahouari, mais il a été vite retrouvé et dirigé par les gendarmes vers le centre de Nouvion où il a subi le traitement réservé aux insoumis. Sa chance, c'est d'avoir été reconnu par un officier français féru de basket, qui lui a proposé de signer une licence dans un grand club de la capitale.
A cette époque de la guerre de libération nationale, c'était une aubaine qu'il a saisie. Au mois d'août 1962, il répond favorablement à l'invitation de l'illustre Baghdad Aboukebir de créer une équipe de basket à l'ASMO. C'était parti pour une extraordinaire épopée de trois titres nationaux avec les Chouicha, Brahiti, Belhadj, Khaldoun, Houbi, Brahimi, Hadjadj et les frères Bemassaoud, Ali et Nouredine. L'ASMO, l'inoubliable Soudani (Béni Saf) et Benchemame (Alger) constituaient l'ossature de l'équipe d'Algérie. En 1963, Bilekdar connaît l'une de ses plus grandes joies en venant à bout (71 à 65) d'une forte équipe du Maroc qui, avec 8 joueurs du WAC, venait de participer à une grande compétition européenne. Elle était drivée par le fameux Tayeb Abdelhadi, un technicien algérien qui a été désigné par le MJS comme entraîneur de l'équipe d'Algérie.
Retraité, cet expert reconnu à l'échelle mondiale et qui nous a accordé un entretien grâce à l'ancien basketteur Daho, a fini ses jours au camp de Bethioua il y a quelques années. Kaddour Bilekdar a tout connu dans le monde du basket comme joueur international de 1962 à 1972. Elu meilleur joueur des Jeux de Brazzaville 1965 alors qu'il n'avait que 18 ans, il a participé aux compétitions tels que les Jeux d'Afrique des Nations 1965 et aux Jeux méditerranéens de Tunis 1967. Comme entraîneur, il a également réussi tant avec l'EN qu'avec les clubs et notamment le MCO, sans oublier le CSSO et Ahly Tripoli avec lequel il a conquis le doublé.
« Durant mes dix ans avec l'équipe nationale, je n'ai pas vu grandir mes enfants », nous a-t-il confié lors d'un entretien paru dans le Quotidien d'Oran. En 2015, il a eu droit à un jubilé inoubliable qui a réuni toute la famille du basketball national. Le prodige de Sananes venait de clore son chapitre sportif au prix de nombreux sacrifices. Son fils Djamel, également basketteur de talent, a raconté qu'il lui faisait « porter le chapeau » à lui seul lors des rares défaites au MCO, épargnant ses autres poulains. Après la disparition de Soudani, le basket vient de perdre l'un des ses plus brillants serviteurs.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)