Algérie

Bilan positif de la gestion déléguée de l'eau à Oran L'expérience pourrait être élargie à d'autres grandes villes



Bilan positif de la gestion déléguée de l'eau à Oran                                    L'expérience pourrait être élargie à d'autres grandes villes
De notre correspondant à Oran
Samir Ould Ali
L'expérience de la gestion déléguée de l'eau en Algérie s'est révélée une réussite à Alger et constitue une telle satisfaction à Oran et Constantine que les pouvoirs publics étudient la possibilité de l'élargir à d'autres grandes villes. C'est l'un des enseignements qui ont été tirés de la journée d'évaluation de la gestion déléguée de l'eau, organisée, jeudi dernier, à Oran, à l'occasion de l'arrivée à échéance des contrats passés en 2006 avec les partenaires français et espagnols. «Mis à part l'échec allemand de Annaba, nous sommes satisfaits du travail effectué par nos autres partenaires, et nous 'uvrons à élargir la gestion déléguée à d'autres grandes cités», avait affirmé le ministre algérien des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, en qualifiant les résultats obtenus de probants : «Les objectifs de cette démarche sont l'amélioration de la qualité du service public, la progression des indicateurs de gestion techniques et commerciaux et le transfert du savoir-faire, l'objectif final étant la reprise en main par l'encadrement algérien qualifié des entités de gestion créées», avait encore assuré le ministre.Et les bilans établis par les trois sociétés de gestion d'Alger, Oran et Constantine certifient que la situation de l'eau s'est nettement améliorée depuis la signature des contrats de gestion avec Suez Environnement, Agbar et la Société des Eaux de Marseille. La majorité des indicateurs sont positifs et tendent à confirmer que l'Algérie est en train de réaliser les objectifs de maîtrise de la gestion de l'eau qu'elle s'est fixée.
Bilans globalement positifs
Plus qu'ailleurs, la délégation des services publics de l'eau et de l'assainissement de la wilaya d'Alger, la Seaal, a réussi le difficile pari d'améliorer l'environnement des algérois notamment en mettant en place, dès 2008, l'organisation et les outils nécessaires à l'approvisionnement continu en eau potable de la quasi-totalité des quartiers de la capitale (en 2006, seulement 8% de la population avaient de l'eau H24). Selon le bilan chiffré présenté aux participants à la journée d'évaluation de la gestion déléguée de jeudi, il apparaît que la ressource est désormais diversifiée et sécurisée, les allocations des eaux de barrage respectées et les milieux naturels préservés alors que le taux d'épuration de l'eau a atteint 53% en 2010 contre 6% en 2006. La gestion de la clientèle étant aussi importante que les précédents aspects, les responsables de SEAAL indiquent qu'une attention particulière est accordée aux 530 000 clients, notamment par l'amélioration et la modernisation de l'accueil (mise en place d'un centre d'appels clients). Rejoignant le ministre des Ressources en eau, le bilan précise qu'il reste encore à apporter aux ressources humaines un management de niveau international et les moyens de travailler efficacement pour un service public performant et durable : «Le Business Plan 2006-2011 a été respecté et a même généré des économies grâce à l'amélioration de la performance du service couvrant une large partie de la rémunération de l'opérateur», conclut le document.Pour le cas d'Oran, dont la gestion déléguée de la nouvelle société de l'Ouest algérienne Seor a été confiée en 2008 au groupe espagnol Agbar, les résultats sont jugés un peu moins probants mais restent globalement satisfaisants : la distribution de l'eau potable en continu qui était de 77% avant MAO (système de transfert Mostaganem-Oran-Arzew) a atteint les 100%, mais certains quartiers continuent de se plaindre de coupures intempestives, des efforts sont déployés pour améliorer la gestion de la clientèle (un peu plus de 200 000 abonnés), plus de 27 700 fuites sur branchement ont été réparées, 426 km de réseau renouvelés (soit 28% de l'ensemble du réseau de distribution), des opérations d'intégration et de sécurisation de zones ont été réalisées sur l'ensemble du territoire de la wilaya, l'impact de l'eau dessalée devrait atteindre 75% à la fin de cette année contre 30% en 2008, le projet de télécontrôle des installations devrait être achevé fin 2011, le nombre analysé de la qualité qui était de 83 en 2008 devrait frôler les 5000 cette année... Les responsables de Seor relèvent aussi l'importance du management et de la formation des équipes humaines pour parvenir à cet objectif de transfert des technologies, des compétences et le déploiement d'outils modernes de gestion qui permettront, à terme, aux Algériens de prendre en charge l'ensemble de la gestion des ressources en eau.Enfin, les responsables de Seaco de Constantine, dont la gestion déléguée a été attribuée à la Société des Eaux de Marseille en 2008, ont notamment souligné dans leur bilan d'activité des trois dernières années que les ressources disponibles ont été considérablement augmentées par la mise en service du barrage de Beni Haroun et les couloirs d'adduction : ainsi, au premier semestre de l'année en cours, la production totale de Seaco a atteint 48 534 000 mètres cubes. Par ailleurs, Seaco compte développer une politique de gestion durable des ressources souterraines qui représentent le tiers des apports en eau pour la distribution sur le territoire de la wilaya, et des projets structurants, destinés à renforcer et à sécuriser la desserte sont en cours de développement : il s'agit notamment de la construction de deux nouveaux réservoirs de 50.000 m3 dans la Nouvelle Ville Ali Mendjeli et à Guemas, d'une nouvelle adduction de 13 km en contournement de l'aéroport Mohamed Boudiaf et du prolongement du Couloir 3 depuis Guemas vers le site Emir Abdelkader. Seaco travaille également à la mise sur pied d'une organisation structurée pour l'exploitation des réseaux de distribution visant à responsabiliser l'ensemble de la chaîne de décisions sur les opérations de surveillance et d'entretien des réseaux et des ouvrages de stockage. Contrairement donc à Alger et, à un degré moindre Oran, Constantine n'a pas encore réalisé l'objectif majeur du H24, mais, assurent les responsables, ils travaillent d'arrache-pied pour l'atteindre le plus rapidement possible. Jusqu'ici, il est question de 17 heures de desserte, objectif atteint pour le groupement urbain de Constantine (GUC) et, depuis le début de l'année en cours, la distribution a progressé globalement de 1 heure soit 5,5% pour le GUC et 6% pour le reste de la wilaya.
Satisfecit des pouvoirs publics
Parmi les actions menées, Seaco évoque, chiffres à l'appui, le traitement de près de 4000 fuites, la réparation de plus de 2160 fuites, la mise en place de 105 capteurs de pression pour suivre l'exploitation de la distribution et déceler en temps réel les dysfonctionnements du réseau, et souligne la progression entre 2010 et 2011 de plus 330% du nombre d'analyses physico-chimiques et de près de 280% de celui des analyses bactériologiques (dont le taux de conformité atteint 97% en 2011), le nombre d'analyses de chlore ayant augmenté de 394%. Seaco se fixe pour objectifs principaux la fiabilisation des installations de production et de distribution d'eau, la prise en charge de la gestion des infrastructures d'assainissement, le développement d'une gestion clientèle efficiente, le développement de la ressource humaine Seaco, son accompagnement pour une meilleure maîtrise technique et le respect du cadre légal et règlementaire et des règles environnementales.Pour rappel, la Journée technique sur les avancées de la gestion déléguée de l'eau en Algérie a vu les participants reconnaître de manière unanime les résultats de la politique engagée par l'Algérie pour améliorer la situation de l'eau et, à terme, parvenir à approvisionner l'ensemble des habitants en eau potable, satisfaire les secteurs agricole et industriel et développer le traitement des ressources non conventionnelles. Les ministres algériens des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, et de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, Cherif Rahmani, ont exprimé leur satisfaction concernant les résultats de l'expérience de partenariat menée avec les Français Suez Environnement, la Société des Eaux de Marseille et l'espagnol Agbar, et appelé à l'élargissement de l'expérience à d'autres grandes villes et à d'autres secteurs d'activité autres que les ressources en eau. Pour Loïc Fauchon, président du Conseil mondial de l'eau qui s'est attardé sur le succès
de l'expérience algérienne, «l'exemple même de ce qu'on peut faire en matière d'offres en eau».


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