Algérie

Bilan mitigé et incertitudes pour l'avenir (II)



Bilan mitigé et incertitudes pour l'avenir (II)
L'Algérie a fêté le 5 juillet 2011 ses 49 années d'indépendance politique. S'il faut éviter la sinistrose, car tout ce qui a été entrepris depuis l'indépendance politique n'a pas été totalement négatif, surtout après une décennie sanglante entre 1990 et 1999 où la demande sociale a été comprimée et l'économie à l'arrêt, il faut également éviter l'autosatisfaction source de névrose collective. Permettre un débat objectif et productif est l'objet de cette contribution.
4) Cette tendance lourde de non-maîtrise de la dépense publique est confirmée par la loi de finances complémentaire 2011 qui a été établie sur la base de 37 dollars le baril de pétrole et pour un taux de change de 74 dinars pour 1 dollar. Cette loi prévoit une forte aggravation du déficit budgétaire à 33,9 % du produit intérieur brut. Les dépenses de fonctionnement prévues sont de 4.291 milliards de dinars dont 856,8 milliards additionnels, en hausse de 24,9 %, et les dépenses d'équipement de 3.981 milliards de dinars, dont 797,26 milliards additionnels, en hausse de 25 %. Quant aux recettes budgétaires, elles sont de 3.198 milliards de dinars (en hausse de 6,8 %), dont 1.669 milliards de fiscalité ordinaire (en hausse de 11 %) et 1.529 milliards de fiscalité pétrolière (en hausse de 3,8 %) et le Fonds de régulation des recettes est évalué à 4.842,8 milliards à la fin de 2010. Le déficit budgétaire s'établirait à 4.693 milliards de dinars. Le guide de management des grands projets d'infrastructures économiques et sociales élaboré en 2010 par la Caisse nationale d'équipement pour le développement (CNED) sur le contrôle financier et la dépense d'équipement, stipulant que toutes les études de maturation des projets devront être validées par la CNED, avant le lancement des projets, et la soumission de toute réévaluation des projets au-delà de 15 %, à l'aval du Conseil des ministres, contribueront-ils à affiner l'action des pouvoirs publics en matière d'efficience des dépenses publiques et mettre fin au gaspillage des ressources eu égard au surcoût caractérisant la majorité des mégaprojets ' 5) Nous assistons à la léthargie du système financier, lieu de distribution de la rente (enjeux des réformes futures et donc du pouvoir), expliquant que les réformes annoncées depuis 1990 sont souvent différées. Le système financier algérien est dans l'incapacité d'autonomiser la sphère financière de la sphère publique, cette dernière étant totalement articulée à la sphère publique dont l'Etat est actionnaire à 100 %, le privé local ou international étant marginal, et les dernières mesures contenues dans la loi de finances 2010 devraient encore le restreindre. Après plus de 10 années d'ouverture, le marché bancaire algérien, selon le rapport de la Banque d'Algérie de 2009, se compose de six banques publiques et de quatorze privées, mais il ne faut pas confondre l'importance du nombre de banques privées actives en Algérie, puisque 90% du financement de l'économie algérienne, dont 100% du secteur public et plus de 77% du secteur privé, se fait par les banques publiques avec une concentration au niveau des actifs de plus de 39 % au niveau d'une seule banque, la BEA, communément appelé la banque de la Sonatrach. Seulement 10 % du financement de l'économie sont pris en charge par les banques privées (moins de 6 000 personnes sur un total d'emplois de plus de 35 000) avec une concentration de plus de 52 % toujours pour les actifs pour trois banques. De ce fait, le passage du remdoc au crédoc (crédit documentaire), introduit par les lois de finances 2009 et 2010 comme seul mode de financement, bien qu'il ait subi un assouplissement dans la loi de finances 2011, outre qu'il ne garantit pas la traçabilité existante déjà au niveau du remdoc, procédure normale sous d'autres cieux, il peut devenir d'une efficacité limitée pénalisant bon nombre de PME/PMI majoritaires en Algérie qui n'ont pas de couvertures financières suffisantes et obligeant bon nombre de grandes entreprises publiques, faute de management stratégique, à des surstocks coûteux. La raison fondamentale est que le système financier algérien bureaucratisé (guichets administratifs) est déconnecté des réseaux internationaux, expliquant d'ailleurs le peu d'impact de la crise financière mondiale sur l'Algérie et démontrant une économie sous perfusion de la rente des hydrocarbures, les banques prenant peu de risques dans l'accompagnement des investisseurs potentiels. De ce fait, nous assistons à un environnement des affaires contraignant, où, dans son rapport de 2010, le World Economic Forum (Forum économique mondial), a classé l'Algérie la 86e place avec un score de 3,96 pour sa compétitivité. Pour l'indice du développement humain (IDH), l'Algérie avait perdu 4 places, passant de la 100e place en 2008 à la 104e en 2009 et selon le 20e rapport 2010 du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) publié le 05 novembre 2010, l'Algérie est à la 84e place, avec un indice de 0,677, améliorant son classement de 20 places. Concernant un facteur déterminant de l'environnement des affaires lié à la bonne gouvernance, l'organisation internationale Transparency International, dans son indice de perception de la corruption dans ses rapports annuels 2009/2010, classe l'Algérie comme un pays connaissant un haut degré de corruption avec un score déplorable de 2,8 à la 111e place sur 180 pays, la ramenant à une note de 2005. On sait que les auteurs de l'IPC considèrent qu'une note inférieure à 3 signifie l'existence d'un «haut niveau de corruption au sein des institutions de l'Etat» et que des affaires saines à même d'induire un développement durable ne peuvent avoir lieu, cette corruption favorisant surtout les activités spéculatives. 6) La situation actuelle met en relief les relations dialectiques d'intérêts entre la logique rentière et l'extension de la sphère informelle qui est proportionnelle au poids de la bureaucratie qui tend à fonctionner non pour l'économie et le citoyen, mais en s'autonomisant en tant que pouvoir bureaucratique et traduit le divorce Etat-citoyens comme en témoigne la méfiance de l'utilisation du billet de 2.000 dinars, la monnaie étant avant tout un rapport social de confiance. Que nos responsables visitent les sites où florissent l'informel de l'est à l'ouest et du nord au sud et ils verront que l'on peut lever des milliards de centimes à des taux d'usure mais avec des hypothèques existant une intermédiation financière informelle. Cela explique l'abandon d'exiger un chèque pour un montant supérieur à 500.000 dinars, mesure qui devait être appliquée à compter du 02 avril 2011, en rappelant que cette même mesure a achoppé entre 2007 et 2008 avec l'exigence d'un chèque pour 50.000 dinars. Les mesures autoritaires bureaucratiques produisent l'effet inverse et lorsqu'un gouvernement agit administrativement et loin des mécanismes transparents et de la concertation sociale, la société enfante ses propres règles pour fonctionner qui ont valeur de droit puisque reposant sur un contrat entre les citoyens, s'éloignant ainsi des règles que le pouvoir veut imposer. Faute d'enquêtes précises, en matière d'emplois, en prenant les données de certaines enquêtes de 2008/2009, contrôlant environ 40 % de la masse monétaire en circulation hors banques. En 2011, avec un effet cumulatif, nous aurons un taux variant entre 35 et 40 % de la population active avec une contribution dans la formation du produit intérieur brut hors hydrocarbures, un ratio approximativement de la même grandeur. L'Office national des statistiques a par ailleurs mis en relief le 20 juillet 2010 suite à une enquête du second semestre 2009, le a fait que la moitié de la population occupée n'était pas affiliée à la sécurité sociale, soit un taux de 50,4 % de l'ensemble des travailleurs occupés. (A suivre)


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