Algérie

Bilan et perspectives de l'économie algérienne 2018/2025/2030


Cette présente contribution est la synthèse de mon intervention le 01 avril 2018 lors du 1er congrès sur la sécurité énergétique, alimentaire et de l'eau sous la haut patronage de son Excellence Mr le Président de la République organisé par le Centre international des conférences d'Alger . Il s'agit ni de verser dans la sinistrose, ni dans l'autosatisfaction mais simplement de réaliser une analyse objective en privilégiant uniquement les intérêts supérieurs de l'Algérie face à un bouleversement géostratégique sans précédent. Tout ce qui a été réalisé depuis l'indépendance politique à fin 2017 n'est pas négatif : beaucoup de réalisations mais également des insuffisances qu'il s'agit de les corriger.L'Algérie n'est pas en faillite, a toutes les potentialités de sortie de crise, traversant une crise de gouvernance et non une crise financière et bien gérée peut fonctionner à un baril entre 55/60 dollars, sous réserve d'une bonne gouvernance, de la valorisation du savoir condition de la dynamisation des secteurs créateur de valeur ajoutée, supposant une réorientation de l'actuelle politique socio-économique.
1.-Bilan sommaire
Il y a lieu d'éviter les discours de sinistrose dressant indirectement un bilan négatif de la période tant depuis l'indépendance politique que de la période 2000/2017, ce qui donne une image négative tant au niveau national qu'international faisant fuir les investisseurs potentiels qui ont besoin de confiance. Tout ce qui a été réalisé entre 2000/2017 n'est pas totalement négatif après une destruction massive des infrastructures et le gel de l'économie pendant une décennie de 1990/1999 : des réalisations et des insuffisances qu'il s'agit de corriger. Or comme j'ai eu souvent à l'affirmer l'Algérie ne traverse pas une crise financière ayant clôturé à de 97 milliards de dollars fin 2017 pus environ 7 milliards de dollars pour les réserves d'or au cours de mars 2018, pour les réserves de change et à environ 6 milliards de dollars pour la dette extérieure s'agissant de transformer cette richesse virtuelle en richesse réelle.
Le bilan de la situation socio-économique est connu ayant dirigé un rapport complet pour le compte du gouvernement avec des solutions concrètes horizon 2020/2025 en février 2015 avec des solutions concrètes et souvent relaté dans plusieurs de mes contributions. Environ, 83% de la superficie économique est constituée de petits commerce ? services, le secteur industriel représentant selon l'ONS 6,3% du produit intérieur brut entre 2016/2017 et sur ces 6,3% 97% de petites entreprises peu innovantes.
Les recettes en devises directement et indirectement avec les dérivées à 97% sont le fait des hydrocarbures. Sonatrach c'est l'Algérie et l'Algérie c'est Sonatrach ayant contribué à l'importante dépense publique entre 2000/2017, aux réserves de change et au taux de croissance et au taux d'emploi. Il ne s'agit pas de dresser un nième bilan. Bien qu'un effort a été réalisé puisque les sorties de devises entre les importations de biens, 47 milliards de dollars en 2016 et 46 en 2017, de services , (fluctuant entre 10/11 milliards de dollars par an entre 2010/2017 avec un solde net d'environ 7/8 milliards de dollars ) sont passées à plus de 70 milliards de dollars en 2014/2015 à 60 milliards de dollars en 2016 et 57/58 milliards de dollars en 2017, la baisse des importations de biens malgré toutes les mesures n'ayant baissé que d'environ un milliard de dollars entre 2016/2017.
Alors que les recettes en devises ont été de 29 milliards de dollars en 2016 et environ 34 milliards de dollars pour 2017. Quant à l'économie en devises annoncée de 1,5 milliard de dollars suite aux interdictions de 1 000 produits d'importation, estimation seulement de 1,5 milliard de dollalrs , il faut éviter des solutions à des problèmes mal posés, reposant sur l'hypothèse de la dynamisation du tissu productif interne, qui ne peut être dynamisé que dans quatre à cinq ans, il ne faut pas être utopique, si l'on entame les réformes structurelles aujou rd'hui.
Concernant les subventions ciblées devant éviter des annonces dans la précipitation, de verser un chèque directement aux plus nécessiteux, cette opération complexe ayant des incidences économique, sociale et politique, non maîtrisée source de vives tensions sociales est techniquement impossible sans un système d'information fiable en temps réel, mettant en relief la répartition du revenu national par couches sociales et par répartition régionale et sans quantifier la sphère informelle qui permet des consolidations de revenus.
Sur le plan énergétique, tout en rappelant qu' il n' est nullement question de privatiser Sonatrach et ses filiales tout en maintenant la règle des 49/51%, et d'aller vers un partenariat gagnant gagnant avec les compagnies étrangères, lors de la future adaptation de la loi des hydrocarbures de 2013 aux nouvelles réalités énergétiques mondiales concernant les relations internationales, dans la pratique des affaires n'existant pas de sentiments, l'Algérie entend défendre ses propres intérêts comme l'Europe entend défendre les siennes.
Bien que la majorité des contrats à long terme expirent vers 2019/2020, l'Algérie entend respecter ses engagements internationaux pour l'approvisionnement en gaz de l'Europe à travers les canalisations Medgaz via Espagne et Transmed via l'Italie qui est la plus grande canalisation, étant entendu que les investissements dans le gaz sont des investissements lourds et à maturation lente.
Un travail important est en préparation par les dirigeants de Sonatrachpour un nouveau management stratégique horizon 2025/2030, inséparable d'une nouvelle organisation de l'économie nationale et pour une efficacité des institutions. D'une manière générale, il s'agit de lutter contre les surcoûts et le gaspillage dans tous les secteurs et parallèlement mettre fin au cancer de l'économie de la rente qui se diffuse dans la société source d'inefficacité économique et d'injustice sociale.
La situation de l'économie algérienne peut être maîtrisable, sous réserve d'une meilleure gouvernance, de la valorisation de l'économie de la connaissance une plus grande rigueur budgétaire et d'une lutte contre les surcoûts et le gaspillage. C'est dans ce cadre que je propose les dix axes de redressement national.
2.-Les dix axes de redressement national
Evitons toute analyse déterministe existant un lien dialectique ente le Politique, l'Economique, le Social et le Culturel et devant tenir compte de la quatrième révolution économique mondiale qui s'annonce entre 2020/2030.
-Premièrement, la condition fondamentale est la paix sociale qui implique la mise en place d'un minimum de Smig social, un large front social où les différentes sensibilités puissent dialoguer dans un cadre organisé se fondant sur la tolérance et le droit à la différence. L'objectif assigné est la réalisation d'un contrat social dont j'ai esquissé les contours en 1993 qui ne saurait se limiter à certains segments de la rente (opérateurs- syndicat corporatiste), qui permettra la définition d'objectifs clairs tenant compte des impacts de la mondialisation- rapport social complexe- tant dans le domaine politique- militaire, social, culturel et économique, seule condition de la relance de la machine économique.
-Deuxièmement, il s'agit, loin des discours, avoir une nette volonté politique d'aller vers une économie de marché à finalité sociale, renvoyant à la garantie du droit de propriété, et ce afin de nous adapter aux nouvelles mutations mondiales et ce par un désengagement progressif de l'Etat dans sa fonction de gestion pour devenir le lieu de la régulation économique, et sociale d'ensemble, d'orientation par la conciliation des coûts sociaux et privés, les relations de clientèles devant faire place à des rapports transparents, (le respect du contrat). L'Etat n'oblige pas mais incite, mobilise par l'élaboration d'objectifs, cohérents et concertés pour optimaliser l'efficience globale. Le nouveau projet de société économique et social devra être marqué par une réelle décentralisation autour de pôles régionaux.
-Troisièmement, la troisième action est une planification stratégique, relevant de la sécurité nationale, donc d'une régulation stricte de l'Etat pour éviter des transferts de rente au profit d'une minorité rentière. Sous réserve d'une visions stratégique, sinon cela n'aurait aucun sens, une nouvelle organisation institutionnelle tant gouvernementale que locale s?impose. D'où mes quatre propositions : première proposition, la pétrochimie devrait relever non pas du Ministère de l'Industrie, étant la vocation de Sonatrach qui dispose de compétences. La deuxième proposition, concernant les énergies renouvelables dont la filière doit relever de la stratégie du Ministère de l'Energie. La troisième proposition, est de une coordination plus étroite entre le commerce et celui des finances, où nous assistons parfois à des discours contradictoires entre ces deux départements.
-La quatrième proposition, est de dynamis er le Conseil économique et social (Cnes), en léthargie depuis des années et donc la composante n'a pas été renouvelée depuis plus de 25 ans. Or, le Cnes doit être un lieu de dialogue entre toutes les composantes représentatives de la société de 2018 et non celle de 1995, où avec les tensions actuelles, il aurait pu servir d'amortisseur et corriger pour les hautes autorités du pays dont la présidence, en tant que «Conseil indépendant du gouvernement», comme le stipule la nouvelle constitution, certaines incohérences de la politique socio-économique.
-Quatrièmement, la nouvelle politique économique devra s'inscrire, dans le cadre de l'espace Europe Maghreb et plus globalement de l'espace économique Méditerranée/ Afrique impliquant une coordination des politiques économiques basées sur l'encouragement de l'investissement direct, du partenariat(encore qu'il faille préciser cette notion vague) et de la libération de toute les énergies créatrices dans le cadre des investissements basés sur les avantages comparatifs tenant compte des mutations accélérées de l'économie mondiale à, travers la stratégie tripolaire des grands espaces mondiaux : Alena-Apec-Europe. La nouvelle politique économique doit être donc caractérisée par l'adaptation à l'universalisation de l'économie de marché, tenant compte des spécificités sociales, où la dominance est le consommateur et l'arbitre, les marchés financiers. Le véritable nationalisme se mesurera par la capacité des Algériens d'améliorer leur niveau de vie grâce à leur contribution à la valeur ajoutée locale et mondiale.
-Cinquièmement, stabiliser le cadre macro- économique et financier, ayant une influence sur les segments à promouvoir devant entrer dans le cadre des nouvelles mutations technologiques mondiales, et le cadre macro-social, pour atténuer le processus inflationniste en réduisant le déficit budgétaire et le ratio de la dette publique brute par une nouvelle politique des subventions qui doivent être ciblées. C'est les conditions d'une reprise de la croissance, tout entrepreneur devant avoir une visibilité dans le temps. Dans ce cadre, il s'agira d'éviter les politiques industrielles globales, dépassées et d'imaginer une nouvelle politique non de l'industrie globale ,mais de l'entreprise non calquée sur les anciennes organisations hiérarchiques bureaucratiques mais sur les organisations en réseaux , la souplesse des organisations basées sur la décentralisation des décisions économiques, la gestion prévisionnelle des compétences, le travail en groupes tenant compte des nouvelles technologies.
-Sixièmement, sur le plan sectoriel, forte ment dépendante du cours du pétrole, l'Algérie dont le quota Opep est de 1,2 million de barils jour auquel il faut soustraire les 50 000 barils de réduction doit être attentive au cours du gaz qui représente plus de 33% des recettes de Sonatrach et dont les contrats à moyen et long terme dans leur majorité expirent entre 2018/2019. Devant éviter toute désinformation, quant au pétrole et gaz de schiste, dont j'ai l'honneur de diriger l'audit pour le compte du gouvernement, l'Algérie qui possède la troisième réservoir mondial (près de 20 000 milliards de mètres cubes gazeux selon une étude américaine), selon les directives de plusieurs conseils de ministres, et des déclarations du ministre de l'Energie, les négociations notamment avec d'importants partenaires étrangers. L'Algérie est uniquement en phase d'exploration et non d'exploitation.
(A suivre)
Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international
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