Algérie

Bilan du double attentat du 11 décembre



La confusion et la guerre des chiffres font rage En Algérie, le nombre de morts dans les attentats terroristes a toujours été sujet à polémique et ce jusqu?à nos jours. Dans les années 1990, le nombre de victimes annoncé par les pouvoirs publics dans les massacres de Bentalha, Raïs, Had Chekala... a soulevé un tollé général et un mouvement d?indignation. Les témoins directs de ces événements tragiques ont vivement contesté les chiffres avancés et ont accusé le gouvernement de vouloir « cacher la vérité au peuple ». Au fil des années, ces témoins avaient vu juste et le temps leur a donné raison. Qui de nous ne se souvient pas du massacre de 1000 personnes à la fin décembre 1997 à Had Chekala, une région située à quelques kilomètres de Ammi Moussa, loin de Relizane, au centre exact de la conjonction de trois wilayas : Tissemsilt, Chlef et Relizane. L?endroit était loin des chancelleries, des ONG, des rédactions et même de l?éclairage public. Toutefois, au lendemain de ce drame, la presse avait fait tristement écho de 1000 morts. Un chiffre vite démenti par les pouvoirs publics. Le chiffre officiel donné, avancé à l?époque par le gouvernement, était de moins de 200 morts. Ce chiffre a choqué plus d?un et a fait l?objet de plusieurs commentaires. En 2006, presque dix ans après, les responsables en haut lieu se sont remémorés Had Chekala. Le chef du gouvernement de l?époque, M. Ouyahia, expliquera que le chiffre de la tuerie de Had Chekala n?est plus un secret d?Etat : il s?agit bel et bien de 1000 morts. L?explication : elle est politique comme tout ce qui respire dans ce pays. « Nous avons caché la vérité parce qu?on ne dirige pas une bataille en sonnant le clairon de la défaite. Nous avons caché la vérité pour le bien de notre peuple », avait révélé M. Ouyahia. Il se trouve que peut-être on a pu réussir à cacher le chiffre mais pas les cadavres. Les habitants de Had Chekala peuvent, même aujourd?hui, vous raconter l?épopée sinistre des corps qu?ils n?avaient pu mettre en terre, faute de terre « sereine ». Toutefois, même si quelque part le choix du gouvernement répondait à une stratégie bien précise, celle-ci a cependant, selon certains observateurs, porté atteinte à la crédibilité de l?Etat que ce soit à l?intérieur ou à l?extérieur du pays. Où est la vérité ? Depuis, et c?est un secret de polichinelle, le peuple ne croit et ne fait plus confiance aux chiffres avancés par les pouvoirs publics dans de telles circonstances. Mardi, dans les deux attentats perpétrés à El Biar et à Hydra, la « guerre des chiffres » a fait resurgir à la surface l?horreur les massacres des années 1990 et la polémique autour du bilan exact du massacre. Dans l?après-midi de cette journée, l?AFP a donné un bilan de 62 morts en se basant sur des sources hospitalières, la chaîne qatarie Al Jazeera a avancé le chiffre de 48 morts, le journal El Watan, en se référant aux sources hospitalières et également aux médecins déployés sur les lieux des attentats, a fait état de 72 morts. De son côté, le ministre de l?Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, a battu en brèche toutes ces données en faisant part de la mort de 24 personnes. L?on s?interroge alors sur les chiffres réels des deux attentats ? Interrogé à ce sujet, le chef du gouvernement, M. Belkhadem, conforte son ministre de l?Intérieur et affirme que l?Algérie n?a aucun intérêt à taire le nombre réel des victimes du double attentat. « Nous avons noté que des médias étrangers, notamment des agences de presse étrangères, avaient amplifié les chiffres sur le nombre des victimes », a soutenu le chef du gouvernement qui a jugé immoral de surenchérir lorsqu?il s?agit de vies humaines. Le chef du gouvernement a indiqué, mardi, que le bilan des morts avait atteint les 26 victimes vers 20h (elles étaient 31 hier), après le décès de deux ressortissantes étrangères, rappelant qu?un premier bilan faisait état de 17 morts à 17h. Pour ce qui est des blessés, M. Belkhadem a précisé que 53 personnes sont encore hospitalisées au niveau de cinq hôpitaux de la capitale. L?on est tenté aujourd?hui de dire qu?il faut peut-être attendre quelques années pour savoir quel est réellement le vrai bilan du double attentat d?Alger du 11 décembre 2007 !


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