Algérie

Bien jouer ou gagner '



Bien jouer ou gagner '
C'est quoi, cette équipe qui gagne quand elle joue mal et perd quand elle joue bien ' Mustapha se pose la question depuis vendredi soir et n'a pas encore de réponse. Ça tombe bien, il n'en attend pas. Mustapha est ce qu'on pourrait appeler un «supporter apaisé». Il n'a jamais fait de déplacement à l'étranger pour voir un match des Verts et quand ils jouent à domicile, ce n'est pas toujours évident qu'il angoisse à l'idée de ne pas trouver un billet d'entrée.Parce qu'en plus d'être un fan tranquille, Mustapha aime aussi son petit confort, auquel il ne renonce pour rien au monde. Aller aux aurores attendre l'ouverture des guichets, subir d'insupportables bousculades, prendre de la matraque ou acheter un billet en deuxième main qui lui coûterait la peau des fesses, ce n'est ni de son tempérament ni même plus de son âge. Malmener son budget pour un voyage aventureux est une folie qui ne lui a jamais traversé l'esprit.Mais Mustapha est un supporter de l'Equipe nationale et ça, personne ne le lui contestera. Il a beau mettre autant de lucidité que de passion dans ses manières de l'exprimer, il a beau irriter tout le monde autour de lui parce qu'on le trouvait trop «tiède», personne n'a encore osé lui faire l'affront de le considérer comme faux supporter. Il y en a même qui ricanent quand il n'est pas là, en disant de lui qu'en dépit de son apparente sérénité face aux grands «défis», il «bouillonne» à l'intérieur. C'est vrai que Mustapha se retient parfois et ça se voit souvent. Mais sa propension à «analyser» en gardant la tête froide l'emporte toujours. L'autre fois, contre l'Afrique du Sud, il a bien réfléchi et il n'est pas arrivé à la même conclusion que tout le monde. Les Verts, pour lui, ont bien joué, même s'ils ont? gagné. C'est tout de même Brahimi qui a mis le ballon sur la tête du défenseur sud-africain qui a trompé son propre gardien.C'est tout de même Slimani qui a tiré pour que le même gardien laisse passer le ballon sous son flanc et c'est M'bolhi qui a tout arrêté pour nous éviter une raclée. Mais Mustapha pense tellement qu'il a fini par penser comme tout le monde que les Verts ont mal joué. Et puis cette autre question : puisqu'on a gagné par deux buts d'écart en jouant mal, qu'est-ce que ça aurait été si on avait bien joué 'Mais voilà, pense-t-il, il fut un temps où on jouait mal et on perdait, puis on a commencé à gagner en jouant un peu mieux, au point où tout le monde se sentait en droit d'exiger qu'on gagne en jouant bien. Ou, pour rester dans le jargon, gagner avec l'art et la manière.C'est quasiment un pléonasme, mais on s'en fout. Puis, ne sachant plus trop si l'Equipe nationale allait mieux jouer et gagner ou perdre, il a attendu le second match, contre le Ghana, avec une certaine philosophie.Comme il ne pense pas comme tout le monde, il s'est toujours demandé pourquoi on appelle les Ghanéens les «Brésiliens de l'Afrique», étant entendu que cette flatteuse appellation revenait de droit aux vert et blanc. Mustapha a toujours en mémoire ce match de Coupe du monde au Mexique où un célèbre commentateur français disait : sur le terrain, les Brésiliens, ce sont les? Algériens ! Serein mais mortellement optimiste, il réfléchit à l'ultime confrontation contre le Sénégal : on va sûrement mieux jouer. On s'est adapté à l'humidité et la pelouse sera de meilleure qualité. Mais est-ce qu'on va gagner '




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