Algérie

Bidonville, quand tu nous tiens !



Bidonville, quand tu nous tiens !
Lever de rideau sur le troisième acte, qui se déroule, sur fond sonore d'une fanfare locale, au pied des citées flambant neuf, où a été dressée une estrade. Les caméras de télévision, convoquées pour la circonstance, filment pêle-mêle, les heureux bénéficiaires ravis, parce que c'est le plus beau jour de leur vie et les exclus, laissés en rade avec leur mobilier épars, qui continuent malgré tout à s'époumoner et à créer à l'injustice, en vain. Nul besoin, amis lecteurs de forcer le trait, puisque tout ce qui est relaté ici est consigné dans nos archives télévisuelles, accessibles celles-ci. La pièce s'achève enfin, dans une ambiance aussi euphorique que cacophonique, où s'essaye au discours dithyrambique, un tribun local, affirmant sans ambages et franco de port : Les bidonvilles sont le vestige d'un passage révolu, ils seront éradiqués jusqu'au dernier, leurs habitants relogés. L'Etat a les moyens, tout le monde sera servi. Tonnerre d'applaudissements et clap de fin. Toutes ces paroles, belles au demeurant, sont très bien reçues par l'auditoire, car elles sont révélatrices d'une réelle volonté des pouvoirs publics de prendre en charge les couches les plus défavorisées de notre population. Mais traduites autrement c'est-à-dire décodées, elles sont perçues comme un signal fort, un formidable appel d'air par tous ceux qui ne s'embarrassent pas de légalité et qui ont vite fait de résoudre l'équation.


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