Algérie

Bidonville de Khezrouna : précarité et insalubrité chroniques



Les habitations précaires menacent la santé de leurs occupants.A Khezrouna, ce sont plusieurs familles qui vivent dans des bidonvilles aux abords de l'oued Beni Azza, entre les communes de Beni Mered et Blida, où les commodités de vie les plus rudimentaires font cruellement défaut. Du parpaing mal posé, des tôles ondulées et de la pierre sont les principales compositions de ces bidonvilles. Cela ressemble beaucoup plus à des «antres d'animaux» qu'à un endroit censé abriter des êtres humains. Ces habitations ne sont raccordées à aucun réseau : pas d'électricité ni de gaz, encore moins d'assainissement ou d'AEP. «La misère et le besoin nous ont obligés à vivre de cette manière. Dès l'annonce d'une averse, nous prions pour que l'oued, près duquel nous vivons, ne déborde pas. Une petite crue mettrait en danger plusieurs vies», s'emporte Abdenour, résidant dans cette cité et père de six enfants.
En effet, à notre arrivée, l'oued Beni Azza était en pleine crue, et pour le traverser, les habitants ont construit un minuscule pont de fortune fait de tôles perforées par l'usure. Récemment, un enfant de 6 ans est tombé alors qu'il se rendait à l'école. «Heureusement, un des voisins l'a vu, autrement on ne l'aurait jamais retrouvé vivant», dit un des jeunes du quartier. Ce qui aggrave encore plus la situation, c'est le manque d'éclairage. Dès la tombée de la nuit, le bidonville est plongé dans une obscurité totale, favorisant la délinquance et la débauche, et ce n'est pas tout puisque, à défaut du passage d'éboueurs, les résidants du bidonville et des cités avoisinantes ont transformé l'oued en une décharge à ciel ouvert. Tous les déchets s'y mélangent. En plus des odeurs nauséabondes qui s'y dégagent, le liquide lixivia qui résulte de ces déchets se déverse directement dans l'oued. Cela constitue un réel danger pour l'environnement.
Pourtant, la totalité des habitants de cette «favela» ont déposé des demandes de logement social. Abdenour déclare que sa demande de logement date de 16 ans. Déposée à la daïra d'Ouled Yaïch, il n'a toujours pas de réponse. «Dans les années de terreur, nous nous sommes réfugiés ici. Aujourd'hui, nous n'avons pas d'autre lieu où aller, ajoute-t-il. Nous avons frappé à toutes les portes, en vain. L'APC de Beni Mered nous renvoie vers celle de Blida. Ils disent qu'on dépend de cette commune. Dans les bureaux de cette dernière, on ne nous donne aucune information rassurante. Nous sommes livrés à nous-mêmes.»
Ferfera Djamel, P/APC de Blida, déclare qu'un recensement a été effectué pour reloger les 190 familles du bidonville en question. Cela ne sera possible, d'après lui, que lors de la disponibilité d'un quota spécial, ce qui n'est pas encore le cas dans l'immédiat. «L'éradication des bidonvilles dans la wilaya de Blida se fait par étapes», nous confie-t-il. Entre-temps, ces laissés-pour-compte n'ont qu'à prendre leur mal en patience?


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