Surplombant la mer, Bider s’enorgueillit de ses potières aux mains d’or. Une signature réputée dans le milieu artisanal national.
Nous sommes allés à la rencontre de quinze créatrices, dignement représentées par Habiba Mous, présidente de l’association Patrimoine de Bider. Dans sa maisonnette, suspendue sur les hauteurs de la bourgade, Habiba, les mains rugueuses, mais sur le cœur, nous montre son atelier traditionnel. Avec fierté.
Fatna Kalkoul, potière de talent reconnaît, en revanche, que l’association Ayadi d’Alger les a beaucoup aidées et soutenues. Nos deux interlocutrices, qui sont loin de rouler sur l’or, en ce sens que leur métier ne les fait pas vivre, nous rappellent qu’elles avaient représenté Bider et la wilaya de Tlemcen dans plusieurs expositions nationales. «Notre poterie est reconnue. Notre village est lié à nos produits, à nos objets artistiques».
En 2010, les potières de Bider ont participé à une formation à Marsat Ben M’hidi. Mais sans aucune utilité. «La courte formation qui nous a été prodiguée, notamment sur les tours, ne nous a pas été utile. On n’a rien appris, nous dirions que pendant cette formation, ceux qui étaient censés nous apprendre les nouvelles dans ces conditions, nous ont plutôt volé notre métier». Habiba et Fatna sont amères. «Notre souci, c’est de pérenniser ce métier qui est notre identité. Mais, à ce rythme et dans ces conditions archaïques, la relève n’existera pas».
Une réalité qui profite à des opportunistes n’ayant rien à voir avec la poterie, et qui, devant l’impuissance des vraies artisanes à ne pas pouvoir sauvegarder leur art, accaparent le marché avec la signature Bider. «Aux responsables de la commune et de la wilaya de nous aider pour préserver ce noble métier et barrer la route aux tricheurs qui s’enrichissent et gagnent des galons sur le dur travail de femmes humbles sans soutien !» Habiba, Fatna, Zahia et tant d’autres continuent d’espérer une reconnaissance, une aide… pour maintenir en vie un métier qui se perd.
Posté Le : 22/04/2018
Posté par : tlemcen2011
Ecrit par : Chahredine Berriah
Source : El Watan