BIDEN, LES AMIS ET LES ENNEMIS

Par l'engouement et l'attention généralisés qu'elles ont suscités, les élections américaines ont dégagé une odeur de classico à cause de l'intérêt que les médias du monde leur ont témoigné. L'événement a accaparé pendant plusieurs jours une fixation planétaire notable que ne justifiaient pas à bien des égards des supputations exagérées sur un événement se déroulant dans une Amérique d'abord braquée sur ses propres problèmes internes.Si la démocratie n'y est pas un décor de façade, la vie politique américaine reste caractérisée et soumise à de multiples forces dans l'ombre influant grandement sur les grandes décisions et il est probable que le plus important gain acquis à l'issue de ces élections serait de s'être seulement débarrassé des pitreries du président sortant.
Au caractère soft et au comportement mesuré, Joe Biden n'aura cependant pas les mains libres pour chambouler tout et n'importe quoi à l'image de son prédécesseur qui pensait à tort que la première puissance mondiale était un atelier d'artisan où les petites comptabilités étaient la clé indiquée pour soigner son ego. De nombreux Etats se nourrissent déjà d'optimisme ou d'inquiétudes, selon les loges qu'ils occupent, prédisant de nouvelles orientations dans la marche du monde.
Mais à bien se plier à l'indémontable logiciel nord-américain, le nouveau président ne sera pas l'homme providentiel attendu. Pour entretenir la suprématie de son pays, il n'aura que la latitude de surfer sur un état des lieux déjà tracé avec des sutures que son devancier a entamées. Fidèle à la ligne de conduite du parti démocrate, il procédera évidemment à des retouches en renouant avec des engagements nationaux et internationaux que Trump a reniés, mais il n'est pas certain qu'il procèdera à de grands chambardements. Le ton et le verbe changeront. Les démarches et les stratégies aussi, mais le fondement de la politique demeurera inamovible et seul l'intérêt des Etats-Unis, d'abord, primera sur le reste.
Ainsi, les décors et les assortiments échafaudés depuis toujours par les différents pouvoirs américains ont peu de chance d'être ravalés. Les amis seront toujours des amis et les ennemis resteront ennemis.