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Beyrouth paye pour toute la régionInternational : les autres articles



Beyrouth paye pour toute la régionInternational : les autres articles
Mardi, le Liban a une nouvelle fois été le théâtre d'une attaque-suicide. Une nouvelle preuve que le pays, malgré sa position officielle neutre, n'échappe pas aux développements qui affectent la région.Béyrouth De notre envoyé
Dans le quartier de Jenah, banlieue chiite de Beyrouth où a eu lieu, mardi dernier, l'attentat qui a coûté la vie à 23 personnes, dont le conseiller culturel de l'ambassade d'Iran, les mesures de sécurité ont été renforcées, l'armée est déployée dans le périmètre sous la forme d'une dizaine de check-points et barrages. Elle est épaulée par des volontaires du Hezbollah, reconnaissables à leur brassard jaune et vert. La tension est palpable dans ce bastion du «parti de Dieu» pourtant stratégique à l'échelle urbaine puisqu'il permet l'accès à l'aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth, le seul du pays.
La route a d'ailleurs été barrée jusqu'à mercredi matin comme le confirme Mohammed, âgé de 40 ans et père de trois enfants : «Après l'explosion, la route a immédiatement été bloquée par les autorités et le Hezbollah, c'est nécessaire, ça permet de mieux contrôler les allées et venues, et surtout ça permet de sécuriser l'aéroport, qui a déjà été pris plusieurs fois pour cible.» La vie poursuit malgré tout son cours à Beyrouth et les Libanais semblent décidés à ne pas se laisser déstabiliser par une énième attaque du genre, comme l'explique Ali, chauffeur de taxi : «Aujourd'hui est un autre jour, je ne vois pas pourquoi je devrais m'abstenir d'aller à Jenah, dans la banlieue sud ou l'aéroport sous prétexte qu'une bombe a explosé là-bas mardi. Dans ce cas, il faudrait rester cloîtrer chez soi et ces fous auront tout gagné.»
Un politologue libanais spécialiste de sociologie politique analyse : «Au Liban, les gens ne sont plus outrés par ce genre d'événements. La capacité d'indignation n'existe pratiquement plus, le peuple est désabusé et semble comme résigné à accepter son sort.» Rima, âgée de 35 ans et habitant le centre-ville de Beyrouth, explique : «Nous sommes arrivés à un point où c'est plutôt quand rien ne se passe que nous sommes nerveux, justement parce qu'on attend de savoir quelle sera la prochaine attaque, la prochaine explosion et où elle aura lieu cette fois-ci. Le calme n'a jamais été une réalité au Liban et cela ne le sera jamais. Je veux dire, si le Liban était un pays stable, cela se saurait.»
L'espoir d'un retour au calme n'anime plus beaucoup de Libanais et ce n'est pas tant les attaques isolées qui font peur aux Libanais, mais davantage le retour à une guerre civile que la société n'évoque qu'à demi-mot, faute d'un travail sur la mémoire sur la guerre de 1975-1990 qui a fait plus de 100 000 morts.
Impuissance
Un risque que l'ensemble de la classe politique libanaise mesure, alors que le Président, le général Michel Sleiman, se bat pour assurer la neutralité du Liban et l'intégrité de son territoire. Toutefois la situation politique du pays est caractérisée par un blocage institutionnel depuis bientôt un an et la tendance n'invite pas à l'optimisme dans la mesure où les partis de l'Alliance du 14 mars, farouchement opposée au Hezbollah et à son intervention en Syrie, ne veulent entendre parler d'élections législatives qu'une fois que leur adversaire se soit retiré du conflit syrien.
Pour l'heure, cette option n'est pas encore sur l'agenda politique du parti. En effet, son leader, le charismatique Hassan Nasrallah, dans un discours donné la semaine dernière à l'occasion de l'Achoura, la fête religieuse la plus importante pour la communauté chiite, a affirmé : «Le Hezbollah continuera à lutter aux côtés de l'armée syrienne le temps qu'il faudra.»
Ce qui est dénoncé, ce débordement du conflit syrien dans les limites des frontières libanaises n'est pas un phénomène nouveau. Sa première manifestation est celle des réfugiés qui, depuis mars 2011 et le début de la guerre en Syrie, affluent en masse au pays du Cèdre. L'Etat libanais a évalué leur nombre à 1,4 million le mois dernier. La recrudescence de la violence est un autre dommage collatéral. Des éléments qui font craindre le pire aux médias libanais, à l'image du quotidien Al Safir, dont l'éditorialiste écrit : «Le Liban est désormais impliqué dans un conflit régional qui pourrait se transformer en conflit international.»
La situation en Syrie n'est pas la seule préoccupation du Liban. Le pays du Cèdre ? et plus particulièrement ses communautés chiites ? fait partie de la sphère d'influence de l'Iran, alors que des discussions sont engagées entre la République islamique et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU ainsi que l'Allemagne à Genève depuis mercredi soir. Le guide suprême de la révolution, Ali Khamenei, a indiqué que l'Iran tiendrait à son droit à l'enrichissement et au maintien du réacteur à eau lourde d'Arak qui représente pourtant une des questions à cause desquelles la diplomatie française a entravé les premières négociations qui ont eu lieu au début du mois.
Par ailleurs, Khamenei a estimé qu'«Israël était voué à la disparition», une annonce qui n'est pas pour inciter au calme du côté de l'entité sioniste qui a d'ailleurs été formellement accusée par l'ambassade d'Iran d'avoir mené les attentats de Beyrouth de mardi dernier. «Si les tensions entre l'Iran et Israël s'accroissent, le Liban risque encore d'en payer le prix, comme par le passé, simplement parce que le Liban a toujours été un Etat tampon entre les puissances régionales», estime un spécialiste de la région. Le Liban se retrouve désormais tributaire d'un accord entre Iraniens et Occidentaux qui, en plus, devra satisfaire «l'ennemi du front sud», comme aiment à l'appeler les médias libanais.
Un Sud-Libanais acquis au Hezbollah, bras armé de l'Iran, et qui a construit toute sa légitimité politique interne sur la résistance à l'entité sioniste. Toutefois, son leader, Hassan Nasrallah, se montre plus optimiste et a affirmé qu'«un accord entre l'Iran et les Occidentaux ne ferait que renforcer le Hezbollah.»




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