Algérie

Beyrouth nuit et jour



Beyrouth nuit et jour
C’est l’été en Belgique. Le roi des Belges se fâche sérieusement parce que le pays n’a  toujours pas de gouvernement depuis des mois. Une crise interminable. Mais les Belges sourient sous le ciel radieux, élisent Miss Belgique et organisent un festival à Namur. Pendant ce temps, à Beyrouth, au Liban, les cinéastes vivent heureux. Un système de production, unique dans le monde arabe, a propulsé ces dernières années le cinéma libanais au-devant de la scène internationale. Pas un festival à travers le monde aujourd’hui sans productions libanaises. Dans un passé pas si lointain, c’était le cinéma iranien qui brillait partout. Aujourd’hui, Beyrouth fait de l’ombre à Téhéran. Le Festival de Namur présente trois films libanais et pas des moindres : des productions qui sortent des sentiers battus du cinéma arabe. Trois films qui se distinguent par leurs thèmes et affirment leur singularité. Ce qu’il y a de très émouvant dans le film de Nadine Labaki : Et Maintenant où on va ', c’est son désir fort de convaincre que l’avenir de son pays ne peut être sombre, si toutes les femmes libanaises, toutes confessions confondues, font entendre leur voix. Une voix de paix, de réconciliation et d’oubli des affrontements passés. Sa mise en scène de la longue procession vers le cimetière, à elle seule, témoigne d’une réelle virtuosité. Le même talent marque aussi le beau portrait de la ville libanaise de Tripoli filmé par Ranieh Attieh et D. Garcia dans leur film Tayeb, khallas, yalla. Superbement rendus aussi les voix, les bruits, les couleurs, la musique de Beyrouth filmés par Danièle Arbid dans Beyrouth Hôtel. Un remarquable thriller au thème brûlant, d’une sensualité inouïe, marquant ainsi une rupture radicale et définitive avec le cinéma arabe trop prude. On est littéralement fasciné par ce film et par son actrice principale qui fait merveille : Darin Hamzé. Une Libanaise bien plus belle, plus plantureuse et plus talentueuse que Monica Bellucci à qui elle fait d’abord penser. Danièle Arbid a réussi, avec une superbe habileté, à capter la beauté de Beyrouth by night et à faire vibrer la voix unique de son actrice quand elle chante une vielle chanson de Mohamed Abdelwahab. Le public de Namur a suivi avec beaucoup d’intérêt les deux productions tunisiennes Plus Jamais Peur de Mourad Ben Cheikh et Laïcité Inch’Allah de Nadia El Fani, avec des scènes fortes, impressionnantes des récentes manifestations populaires. Beaucoup moins apprécié sans doute, L’amante du Rif, de la cinéaste tangéroise Narjiss Nedjar. Un récit jusqu’au-boutiste qui mêle avec confusion fantasmes érotiques,  air d’opéra : Carmen, culture et trafic de drogue dans les montagnes du Rif, cruauté des «barons» locaux, corruption généralisée des juges et avocats, en plus de quelques images publicitaires sur un village de montagne aux murs éclatants de blancheur… En cours de route, on perd l’histoire de vue. Seules quelques séquences sur l’univers carcéral féminin au Maroc échappent à la banalité. Dans le programme de Namur, c’est aussi le cinéma canadien qui vise haut et fort et retient toute l’attention. Tout particulièrement le film de Philippe Fallardeau Monsieur Lazhar, avec Fellag  dans le rôle principal. Le jeu du grand comédien algérien atteint ici un degré de sensibilité très impressionnant. Fellag se retrouve, dans cette histoire émouvante et fraîche à la fois, dans le rôle d’un maître d’école à Montréal. Il brille par ses qualités pédagogiques. Il dit qu’il a enseigné en Algérie à l’école Moloud Feraoun. Il obtient sa carte de résidence. Tout va bien pour lui. Mais il porte en lui une énigme, un secret qu’on ne parviendra à connaître qu’à la fin du récit. Un message de la police algérienne envoyé à Montréal indique que Monsieur Lazhar n’a jamais enseigné, mais qu’il gérait un restaurant… Déjà, aux récents Festivals de Montréal et Toronto, ce film avait attiré attention et éloges.


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