Algérie

Bettina Heinen-Ayech, 50ans à Guelma : l'amour, l'Algérie... Culture : les autres articles



«La force de l'art, c'est de nous donner à regarder les mêmes choses ensemble.»J. M. G. Le Clézio
Bettina Heinen-Ayech déclare et déclame sa flamme à l'Algérie depuis 50 ans, picturalement parlant l Elle est la muse de Guelma
dont elle est la fille terrible. Regarder une peinture de Bettina, c'est percevoir, furtivement, des fragments de souffle éternel, c'est éveiller cette nostalgie, cette soif d'autre chose que nous ressentons au plus profond de nous-mêmes. Patiemment, avec un amour infini, étonnant de pérennité, qu'elle n'a jamais cessé de bercer, ni de cultiver, elle a apprivoisé vallées, montagnes, fleurs, arbres, plantes insolites au bord des chemins, soleil incandescent, couleurs insolentes, ciels éblouissants, de Guelma, et, par extension, de tout un pays. Humbles petites fleurs des champs, les coquelicots deviennent, tout à coup, sous son regard, aussi beaux, aussi fabuleux que des roses. Elle laboure avec ses pinceaux, selon sa propre expression, de grands champs, des ciels, des vallées extatiques, auxquels elle donne leurs couleurs intimes, débordantes, celles qu'elle seule peut voir.
A leur tour, ces éléments l'ont miraculeusement gratifiée de leurs secrets, initiée prêtresse, fait d'elle celle qui les devine, les charme, les peint, inlassablement, par tous les temps, sans jamais se redire. C'est le pouvoir, ou l'alchimie de l'amour. L'amour pour l'Algérien Hamid Ayech, qu'elle a décidé de suivre un certain 3 février 1963, à l'orée de l'Indépendance, dans sa ville natale, Guelma. «Quand on est arrivés de Marseille à Annaba, Hamid et moi, il ne cessait de me répéter : il ne faut pas me toucher devant la famille. Et j'étais très étonnée. Trois jours après, à Guelma, il me dit : Ecoute, Bettina, tu peux repartir si tu veux, mais je serais heureux si tu restais' et j'étais encore plus étonnée' Je voulais me donner une chance de comprendre cet homme, faire sa connaissance intérieure. Si on veut faire la connaissance intérieure de quelqu'un, on trouve de drôles de labyrinthes, et on apprend à trouver la sortie.
C'est ainsi que j'ai connu l'Algérie ; Hamid, c'est mon Algérie», révèle Bettina, qui poursuit, à l'infini, ses conversations avec son bien-aimé, que la mort n'a pu interrompre. En rencontrant l'homme qui fut tout son univers, - intimement lié à son art -, Bettina a trouvé sa voie, au sens quasiment mystique du mot. Cinquante ans de quête ininterrompue dans un pays qu'elle a passionnément aimé à travers un homme, «un homme libre et courageux», s'étonne-t-elle encore. Cette femme merveilleusement douée pour dispenser son rayonnement à tous ceux qu'elle aime, puise sa force dans la beauté du monde qui l'entoure, dans sa profonde et tranquille conviction, qu'au-delà des personnes, les maisons, les choses, les objets qui ont accompagné notre vie, ont une âme et qu'ils ne meurent jamais.
Aux jeunes peintres, elle conseille «de sortir, d'aller à la rencontre du vent, du cosmos, d'apprendre à regarder et à aimer la beauté ineffable de leur pays». Pour elle, «l'acte de peindre est une aventure toujours neuve, le même paysage peut se révéler à nous sous des aspects toujours renouvelés.» Et cette expérience, elle la tente au quotidien. Combien de fois a-t-elle peint la Mahouna, la gisante, la femme-montagne, qui veille éternellement sur Guelma '


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