Algérie

Berlusconi est mort, vive Berlusconi '



Berlusconi est mort, vive Berlusconi '
De Turin, Karim Metref
Mercredi 27 novembre 2013, le Sénat de la République italienne a voté, avec une large majorité, l'annulation du mandat de sénateur de Silvio Berlusconi. Après une journée mouvementée, marquée entre autres par la présence de quelques centaines de «supporters» de Silvio aux portes du Parlement.
Après plusieurs mois de tribulations. Après plusieurs procès, une infinité de chefs d'accusations, des tonnes de dossiers, des centaines d'heures de procès. Finalement, Silvio Berlusconi a été condamné par un tribunal italien et le Parlement a décidé son expulsion de la vie parlementaire. Mais le «Cavaliere» a encore plusieurs atouts dans sa manche.
Ironie du sort, l'ère berlusconienne a duré exactement 20 ans. Tout comme Mussolini, l'homme d'affaires milanais a imprimé son empreinte sur la vie politique italienne pour bien deux décennies. C'est en effet en 1993 que Silvio Berlusconi se décide à se jeter dans l'arène politique. Il était déjà connu comme homme d'affaires apparu de nulle part et devenu en quelques années d'activité l'une des principales fortunes du monde. Les juges de l'opération «Mani Pulite» à l'époque étaient à l'œuvre pour dévoiler tous les liens entre politique, mafia et grands groupes économiques. Dans leurs filets étaient déjà tombés de nombreux hommes d'affaires et de politiciens. Le Premier ministre même de l'époque, Bettino Craxi, son grand ami et protecteur politique, était sur le point de tomber et de fuir se réfugier en Tunisie. Encerclé de toute part, Berlusconi décide, en décembre 1993, de fonder un parti politique : Forza Italia. Quatre mois plus tard, en avril 1994, alliée avec les ex-fascistes de «Alleanza Nazionale» et le mouvement séparatiste d'extrême droite «Lega-Nord», Forza Italia gagne les élections et forme son premier gouvernement. C'est la genèse de ce qui en italien s'appelle les deux décennies berlusconiennes. Vingt ans pendant lesquels un seul homme était à la tête du gouvernement, à la tête du principal groupe médiatique et éditorial et à la tête des principaux groupes financiers, économiques et industriels du pays. Les juges ne l'ont pourtant jamais lâché. Il a eu à sa charge des dizaines de chefs d'accusation : fraude, corruption, faux et usage de faux, collusion avec la mafia, espionnage et écoutes téléphoniques contre ses adversaires politiques, exploitation de mineurs, exploitation de la prostitution... Il s'en est toujours tiré à bons frais. Son équipe d'avocats, ses relations, son pouvoir politique et médiatique lui ont toujours donné l'occasion de changer les lois en sa faveur, de retarder les procès jusqu'à leur prescription, de décréter des amnisties générales pour les délits et les irrégularités dans lesquelles il était impliqué. La pratique de la promulgation des lois dites «Ad-personam», cousues sur mesure pour sortir le président de l'exécutif de l'embarras, a été pendant ces vingt années une des principales activités du Parlement dominé par les hommes et les femmes de Berlusconi.
La décision d'annuler le mandat de sénateur et de lever l'immunité parlementaire au «Cavaliere» a été la suite du premier des 41 procès contre Berlusconi qui a pu arriver à une condamnation définitive après les trois niveaux de jugement (premier degré, appel et cassation). Le 1er août 2013, la cour de cassation, à la fin du procès dit «affaire Mediaset», du nom de la première société privée italienne de production et de télédiffusion, pour fraude fiscale, faux en écritures comptables, détournement de fonds, gestion frauduleuse de capitaux, a confirmé le verdict de 4 ans de prison ferme. Etant condamné en voie définitive, et malgré toutes les manœuvres de son clan et de ses médias, la Chambre haute du Parlement avec une petite majorité relative du Parti démocratique (Centre gauche) et un peu moins d'un tiers dominé par le mouvement 5 étoiles, du comique Beppe Grillo, traditionnellement hostile à Berlusconi, a finalement pu expulser de la vie parlementaire du pays ce personnage devenu imprésentable. De là à dire que Berlusconi soit effectivement fini il y a encore du chemin à parcourir. Il reste maître du plus gros groupe économique du pays, le patron de trois des sept chaînes nationales de télévision, l'éditeur de 5 des principaux quotidiens. Ses hommes et ses femmes sont dans toutes les institutions... Mais le principal atout de Berlusconi, c'est le berlusconisme, la philosophie qu'il a gravée sur toute la scène politique et sociale italienne.




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