Algérie

Berlin 2 et le retrait des forces armées de Libye : Du surplace en attendant les élections du 24 décembre



Rappel du communiqué final de la Conférence de Berlin 2 sur le retrait de toutes les forces armées étrangères de Libye. Phase difficile en attendant les élections et un gouvernement élu.Le communiqué final de la Conférence internationale Berlin 2, tenue mercredi dernier, réclame le départ des «troupes étrangères» et des «mercenaires» de Libye. Une formulation qui a déplu aux Turcs, les poussant à émettre des réserves.
Le ministre turc des Affaires étrangères voulait une structure se limitant aux mercenaires. Les Américains ont soutenu la formulation globale, puisqu'ils considèrent les membres du groupe Wagner, soutenant Haftar, comme faisant partie de l'armée russe. Finalement, Berlin 2 a discuté le sujet des groupes armés étrangers en Libye, sans lui trouver de solution. La conférence a permis de cerner les différends, sans les résoudre.
Délimitation
Berlin 2 a permis de passer en revue en direct l'état des différends entre les pays ayant des intérêts en Libye. Cela a été démontré par le chef du gouvernement italien, Mario Draghi, qui a constaté, avant-hier devant le Sénat italien, que «la conférence de Berlin 2 a permis d'annoncer la fin de la concurrence entre les pays européens, au profit d'une entente en Libye en vue de stabiliser la région du Sahel».
Son ministre des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, avait déclaré, la veille, à la sortie de la conférence : «Il y a entente entre les pays présents sur le départ des troupes étrangères et des mercenaires», en remarquant toutefois que c'était «difficile» et que «la Libye constitue une source d'inquiétude pour l'Italie, pas uniquement pour les immigrés. Mais, aussi, pour le danger terroriste».
Le communiqué de presse, publié suite à la rencontre entre la chancelière Merkel et le chef du gouvernement libyen, Dbeyba, s'est limité à évoquer le «départ des mercenaires». Et puisqu'il s'agit d'un communiqué écrit, cela ne saurait être qualifié d'oubli le fait que ledit communiqué ne reprend pas «troupes étrangères et mercenaires». C'est dire la cacophonie qui a régné à Berlin, surtout autour du communiqué final. Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavusoglu, a émis des réserves sur le paragraphe citant le départ des troupes étrangères dans le communiqué final, considérant que la présence des instructeurs militaires turcs a été demandée par le gouvernement Al Sarraj. Laquelle présence est régie par une convention entre les deux pays, toujours selon Çavusoglu. L'Egypte s'est opposée à cette éventuelle modification, en réclamant l'ouverture de tout le texte aux amendements si la modification turque était validée. C'est la position américaine, favorable au maintien du texte, qui a favorisé la position égyptienne et poussé les Turcs à émettre des réserves officielles. Pourtant, la position américaine poursuivait un autre objectif. Le ministre américain des Affaires étrangères, Antony Blinken, considère le groupe armé russe Wagner, comme faisant partie de l'armée russe et il réclame son départ. Et ce sont les départs des Wagner et des instructeurs turcs qui posent le plus gros problème, sans dire que le départ des mercenaires est une mince affaire.
Dessous
Un haut cadre de la délégation américaine, présent à Berlin, a déclaré sous le couvert de l'anonymat au média libyen Al Wassat que «la question du retrait des groupes armés pose problème, pas uniquement en rapport avec l'impact de ce retrait sur les forces restantes dans le conflit. Mais, aussi, en rapport avec les zones d'accueil de ces forces».
Il ajoute : «Un gros lot, parmi les prétendus Syriens, combattants avec les forces de l'Ouest libyen, sont plutôt des Tunisiens. Et la Tunisie a déjà informé les Américains de son refus de les recevoir, étant déjà en difficulté avec les maquis terroristes à l'intérieur de ce pays.» Pareilles réserves sont également vraies pour les Tchadiens et les Soudanais, ce qui complique davantage le départ de ces troupes.
Néanmoins, Dr Najla Al Mangouche, ministre libyenne des Affaires étrangères, maintient la pression et réclame à la communauté internationale le départ de toutes les forces étrangères de Libye, y compris celles entrant à travers des conventions contestées.
Pour sa part, le représentant de la Ligue arabe auprès de l'ONU, l'ambassadeur Majed Abdelfattah, assure que «le départ des troupes étrangères et des mercenaires constitue la clé de voûte de la stabilité en Libye» et qu'il faut «coordonner l'exécution avec l'ONU, l'Union africaine et les parties concernées». Majed Abdelfattah reconnaît toutefois que «certains pays arabes se réservent par rapport au départ des troupes turques de Libye». Pour ce qui est des Libyens raisonnables, ils sont conscients que la tâche est difficile.
Mais ils misent sur un départ progressif des mercenaires pour commencer, comme les 600 Syriens dont a parlé la ministre libyenne des Affaires étrangères, Mme Al Mangouche. «Nous procédons à de petits départs, en attendant les élections du 24 décembre 2021, sur lesquelles tout le monde mise», assure le juge libyen Jamel Bennour.
Les Libyens sont convaincus que la guerre ne reviendra plus dans leur pays, malgré ce grave problème sécuritaire. Le juge justifie cette conviction de paix par le fait que «les belligérants sont convaincus de l'impossibilité d'une solution militaire».
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