Algérie

Bereksi aborde la mondialisation à l'heure du Covid-19



En dépit des catastrophes naturelles, des pandémies qu'a connues l'humanité à travers les âges, elles n'ont pas eu raison de «la vanité et de l'arrogance de l'Homme prétentieux, orgueilleux tyran, esclave du profit». C'est la raison pour laquelle M3 a décidé, «tout simplement, de faire taire le monde, d'arrêter toutes les activités et de donner répit à l'Homme pour se reconstituer et à la nature pour se régénérer».L'essai de l'ancien diplomate et ancien SG du ministère des Affaires étrangères, Abdelhamid Senouci Bereksi, Itinéraires du coronavirus M3. Essai d'une uchronie du siècle XXI, est un véritable «petit précis de mondialisation».
Le petit livret de 60 pages, paru chez Rafar Editions le 1er semestre 2020, donne à voir, en effet, ce concept, d'ordinaire abstrait, de la mondialisation à travers l'histoire du virus ou de l'agent M3. Si à travers ces itinéraires du coronavirus on ne peut s'empêcher de penser au film documentaire d'Erik Orsenna, Sur les routes du coton, inspiré de son livre Voyage au pays du coton, l'ancien diplomate a laissé libre cours à son formidable talent de conteur. Et à une imagination créative.
Il a dénommé le virus, son personnage principal, l'agent M3, lequel a été «ressuscité dans un marché», le marché de Wuhan, en Chine. Un «marché aux animaux vivants», qui constitue «une attraction majeure de la ville». Donc, c'est à des «milliers de kilomètres à l'est-sud-est asiatique géographiquement, et à des années-lumière technologiquement», qu'un événement se préparait, écrit l'auteur, et ce, «dans le plus grand secret».
Plus encore, il «allait bouleverser la quiétude et les certitudes individuelles et collectives de l'humanité», a clarifié Senouci Bereksi bien qu'il ait pris le soin d'avertir le lecteur dans le chapitre introductif : «L'épisode du coronavirus dit Covid-19 est à inscrire dans la lignée des grandes épidémies qui ont marqué l'histoire de l'humanité depuis les temps immémoriaux, non pas tant en raison du nombre de victimes, dérisoire en comparaison avec... les victimes d'accidents de voiture par exemple, mais plutôt en raison de l'état de psychose qu'il a engendré et le climat d'hallucination collective qu'il a cultivé.»
Bien que dans cet essai, uchronique, ? l'auteur y a relaté les faits tels qu'ils auraient pu se produire ? soit écrit les premiers mois de la pandémie, la deuxième vague qui se poursuit était encore loin ? on ne lâche pas le petit livret, qui se lit d'une traite. Avec une imagination débordante : rien à faire, l'agent M3, le virus, veut «absolument revivre l'extraordinaire épopée de (ses) aïeux» ? il s'agit en l'occurrence des autres virus qu'a connus l'humanité. Plus encore, M3, «ambitieux, intelligent et philosophe», veut «faire ce qu'aucun virus n'a fait avant»!
Sa première ambition : rivaliser avec la peste noire, une pandémie de peste ayant sévi au Moyen-Âge, au milieu du XIVe siècle. Mais pour l'ancien diplomate, en dépit des catastrophes naturelles, des pandémies qu'a connues l'humanité à travers les âges, elles n'ont pas eu raison de «la vanité et de l'arrogance de l'Homme prétentieux, orgueilleux, tyran, esclave du profit». C'est la raison pour laquelle M3 a décidé, «tout simplement, de faire taire le monde, d'arrêter toutes les activités et de donner répit à l'Homme pour se reconstituer et à la nature pour se régénérer»
Une déferlante, qui fut le début «d'un dérèglement à l'échelle universelle». La preuve, écrira-t-il en page 36 : «On immobilisa des pays pour moins de 300 malades et 15 décès ! On décréta le couvre-feu, la suspension de l'enseignement, la fermeture de tous les établissements à forte concentration humaine et l'arrêt des transports...» Toutefois, écrit plus loin Senouci Bereksi, «un vent de révolte commença à poindre. Les populations, excédées par les encagements, le chômage et la pauvreté, n'en peuvent plus». Même sur le plan religieux, «M3 fut témoin de bouleversements inimaginables et uniques. La Mecque, la place Saint-Pierre, le Mur des Lamentations, se vidèrent...».
Pour l'auteur, c'est une opportunité unique pour «un ressourcement profond et fécond». Les calamités viennent, indique-t-il, «nous rappeler notre force, celle de bâtir des ouvrages plus résistants aux furies de la nature et notre extrême vulnérabilité».
Ce n'est pas la fin du monde, mais probablement la fin d'un monde...
A. Kersani


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