Berceau d'une civilisation millénaire

Le Yémen est un pays de vieilles traditions islamiques et d'architecture arabe fondée sur le moucharabieh à valeur symbolique.
Très proche voisin des Lieux Saints de l'Islam pour ne pas dire qu'il en est une partie intégrante d'un point de vue géographique et historique, c'est au Yémen, d'après les détenteurs des secrets religieux, que se trouve la première transcription du Coran, recueilli sur des feuilles de palmier et d'autres supports anciens. Le Yémen, anciennement appelé royaume du Sud-Ouest arabique, prospère entre le VIIIe et le Ie siècle avant l'ère chrétienne, change de configuration avec l'avènement de l'Islam. A la tête de ce royaume mythique, il y eut une reine qui avait eu la particularité de rendre visite à Salomon pour lui offrir un morceau de benjoin, fortement apprécié en ces temps de médecine traditionnelle. Pays de la résine aromatique Cette résine, communément appelée jâwi au Moyen-Orient ainsi qu'en Afrique du Nord, est brûlée pour dégager un parfum si fort que les populations croient en ses vertus curatives. Les sociétés traditionnelles, comme celle du Maroc qui a connu ses effets magiques, l'emploient en poudre comme cicatrisant dans les soins des plaies. En tant que produit au parfum magique, les traditionnalistes des sociétés conservatrices lui ont accordé une place privilégiée dans les rites anciens. C'est pourquoi qu'à côté des marchands de sel, des caravanes de chameaux ont emprunté même la route de la Sie pour transporter du jâwi très demandé partout, chez les populations musulmanes de l'extrême est à l'extrême ouest du Maroc, pour servir d'ingrédient à des recettes magiques d'une médecine traditionnelle qui a toujours eu comme souci majeur d'obtenir des résultats convaincants. Une résine plus précieuse que l'or Les caravanes qui ont sillonné les déserts ont vendu le jâwi aussi facilement que les marchands de céréales. Ce qui a donné au Yémen une renommée perpétuée au fil des siècles de berceau d'une civilisation originale. Certains textes arabes, anonymes et d'origine populaire pour la plupart, affirment qu'en arrivant au bord du Yémen, on sent l'odeur de l'encens répandue par fumigation. Et nul parmi les millions de pèlerins aux Lieux Saints de l'Islam n'a omis de rapporter dans ses bagages une quantité variable de jâwi, lorsqu'on sait que chacun des siens vous attend pour avoir une part de cette résine odorante. Et les superstitions que cela a suscitées sont telles que les enfants trop naïfs pour croire en l'infaillibilité de ce produit naturel en prennent dans leurs poches pour réussir dans tout ce qu'ils entreprennent. «Tiens ! Voilà un peu de jâwi qui va te permettre de bien travailler à ton examen», dit une fille ignorante s'adressant à une camarade qui, par superstition, n'attendait qu'un produit magique pour obtenir un diplôme pour lequel elle n'avait pas jugé nécessaire de se préparer. L'odeur du parfum du jâwi est telle que l'on croit pouvoir décrocher tout ce qu'on peut désirer. Si le jâwi permet de traiter certains maux, il n'est cependant pas capable d'accomplir des miracles. Cette évidence doit faire partie d'une éducation que les parents conscients de leurs responsabilités sont chargés de transmettre. Les enfants qui continuent de croire qu'on peut avoir la fleur sans l'avoir plantée doivent être convaincus que le progrès ne peut être que le fruit d'un travail assidu et sérieux. Et une preuve que le peuple yéménite a été l'artisan d'une civilisation marquée par une architecture, des inventions et découvertes. Ce fut peut-être à une époque où la liberté était telle que chacun pouvait réfléchir et apporter un plus à la connaissance. Que l'on sache que c'est au Yémen que pour la première fois, on a découvert l'effet bénéfique du café, grâce à un berger perspicace ! Ce dernier, qui gardait des chèvres, avait remarqué une fois que ses bêtes avaient atteint un haut degré d'excitation qui les rendait agressives ; cela était dû au caféier qu'elles venaient de brouter. Ayant consommé lui-même les grains de caféier, il constata l'effet de coup de fouet qu'ils produisaient. L'expérience répétée fut ainsi concluante.