Le président du Comité olympique algérien (COA) compte décerner la médaille de l'ordre du mérite olympique à Karim Benzema, un footballeur français de parents algériens. Le «débat» sur les choix du joueur quant à sa nationalité sportive est déjà loin et quelque part inutile, mais on peut y revenir. On peut même l'expédier en deux temps, trois mouvements : aucun joueur aux origines algériennes qui a le niveau technique pour prétendre à la sélection française n'est venu renforcer les Verts. Et ce n'est pas par? déracinement, les liens avec le pays des ancêtres étant souvent restés très forts, comme pour l'ensemble d'une génération d'Algériens ayant accédé à la nationalité française en vertu du jus solis ou du jus sanguinis. Nous sommes déjà un peu loin du propos et pour revenir à Benzema, il a donc choisi la France. En déclarant publiquement que ce n'était qu'une option sportive, au demeurant évidente pour la promotion de sa carrière, ça lui en a coûté, même si ce n'est pas tout ce qui lui a coûté sa place chez «les Bleus». Mais l'ordre du mérite olympique est tout de même une autre histoire. Comme Zidane, il a atteint une telle notoriété que son image, pour peu qu'on parvienne à en exploiter un moment, peut toujours valoir quelques dividendes. Mais pour cela, il faudra que soient réunies trois choses essentielles. Des ingrédients tellement liés les uns aux autres qu'il est difficile de les séparer. La première, évidente, est que Karim Benzema accepte la distinction, son refus étant le scénario du pire pour ceux qui veulent l'«honorer». La seconde est que ceux qui ont pensé à lui soient sincères, sans autre motivation que celle de récompenser un sportif qui le mérite. La troisième, enfin, est que la récompense soit bien accueillie au sein de l'opinion publique sans qui elle serait un coup pour rien. Or, le moins qu'on puisse dire est qu'il n'est pas évident que Karim Benzema accepte une distinction qui a tout d'une roublardise courtisane. C'est d'autant plus improbable qu'elle tombe à un moment où il ne peut pas s'offrir le luxe d'un faux-pas. Il est au sommet de son art, plein de challenges sportifs et avide de revanche depuis qu'on lui a signifié que son «aventure avec l'équipe de France» était terminée. S'agissant du deuxième ingrédient, on n'a même pas besoin de s'y appesantir. L'Algérie officielle fait feu de tous bois pour retrouver une popularité largement entamée, le président du Comité olympique algérien est dans de sales draps avec l'ensemble de ses casseroles et les Algériens ont très peu de disponibilité à s'enthousiasmer pour des opérations du genre. Le troisième, enfin, est que les Algériens même si, par miracle, elle peut être sensible à la récompense, auront du mal à trouver en Karim Benzema l'incarnation du mérite? national. Ils l'adorent parce que c'est un footballeur génial, ils lui témoignent de la solidarité parce que convaincus, à tort ou à raison, qu'il est victime de racisme et ils ont même fantasmé il n'y a pas longtemps sur la possibilité qu'il joue pour les Verts. Mais ils n'en font pas un héros susceptible de les représenter. Surtout que la récompense elle-même est loin de les passionner. Bien au contraire, elle a été dans un passé récent décernée à de zélées incarnations du système, pendant que d'illustres figures du sport national, qui ont valu au pays ses rares satisfactions internationales, n'y ont jamais eu droit !S. L.
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Posté Le : 22/12/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Slimane Laouari
Source : www.lesoirdalgerie.com