Algérie

Benyounès et l'aide aux exportateurs



Benyounès et l'aide aux exportateurs
Attention aux courants d'air! Quand on décide d'ouvrir les portes et les fenêtres à la fois, il faut prendre les précautions nécessaires sinon la casse est garantie. En annonçant, hier, la tenue des assises sur les exportations hors hydrocarbures les 12 et 13 janvier prochain, Benyounès en a profité pour déplorer l'absence d'aide du gouvernement aux exportateurs algériens. Il s'agit, vous l'aurez compris, des exportations hors hydrocarbures. Prenant un air de grande compassion, notre ministre du Commerce explique: «Nous avons des entreprises algériennes qui exportent actuellement, avec leurs propres moyens alors que la quasi-totalité des entreprises mondiales exportatrices bénéficient des aides de leur gouvernement.» C'est court, très court comme raisonnement. Il y a actuellement deux ou trois entreprises algériennes qui exportent une partie de leur production qui a toute sa place sur le marché international. C'est-à-dire que les consommateurs qui constituent la demande existent. Nous pensons, sans citer les marques, à la limonade et au couscous. Au-delà de ces entreprises, le reste des exportateurs est à voir par groupe de produits. Il y a les demi-produits où l'on trouve, entre autres l'ammoniac, le méthanol, les engrais, le ciment et dans une moindre mesure les cuirs et peaux et jusqu'aux...champignons. Des demi-produits qui représentent les trois quarts de nos exportations. Viennent ensuite les produits alimentaires à hauteur de près de 20% où le sucre domine très largement. Inutile de revenir sur la vraie fausse production de sucre dans notre pays qui importe la matière première. Enfin, il y a les produits bruts tels les phosphates et l'huile d'olive qui représentent à peine 5% de nos exportations. On peut y ajouter les 2% qui regroupent plus d'entreprises exportatrices que les produits qu'elles exportent. Il s'agit des biens d'équipements industriels (des pneumatiques aux prises de courant) et des biens de consommation non alimentaires (des couches bébé aux parfums et eaux de toilette). Toutes ces exportations ont représenté en 2013 3,28% du total de nos exportations incluant les hydrocarbures. Ces 3% sont réalisés par plus de 400 exportateurs. Sans commentaires sur les infimes quantités que cela représente. Pour l'aide que veut mettre en place Benyounès, il y a lieu de s'inquiéter. S'il compte aider l'exportation du sucre au même titre que les truffes ou les dattes, rien ne va plus. Si l'aide consiste pour le gouvernement à participer à la qualité des produits, on ne peut qu'applaudir des mains et des pieds. C'est sur ce point que butent nos exportations. Pour s'en convaincre, il suffit d'un peu de bon sens. Comment un produit national qui, malgré ses prix bas, se fait concurrencer par l'importation sur son propre marché peut-il avoir la moindre chance sur le marché international' Cette simple équation vaut au commerce comme au tourisme. Le consommateur algérien est le meilleur test. S'il n'accepte pas un produit, il est insensé de croire que le consommateur étranger va en raffoler. Que Benyounès s'occupe de la conservation des produits que nous maîtrisons mal, serait déjà un grand pas pour préparer, demain, l'exportation. Qu'il aille dans les marchés de proximité voir dans quel état sont les oignons commercialisés actuellement. Aux trois-quarts pourris. La conservation, le conditionnement, l'emballage, l'infographie font toute la différence sur un marché concurrentiel. C'est là que l'aide du gouvernement serait la bienvenue. Reste l'aspect conjoncturel comme pour nos produits agricoles qu'il ne sera pas possible d'écouler en Europe après l'embargo décidé par la Russie sur les fruits et légumes européens. Comme on le voit, les paramètres ne manquent pas pour tracer une politique d'exportation. Et si Benyounès pense seulement à une aide financière, ce serait vraiment le comble!




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