Bentifour Hillal est un jeune arboriculteur de Blida depuis 1997 (photo ci-jointe). Une année après, il a été élu président de l’Association professionnelle des arboriculteurs (APAM) de la wilaya de Blida, actuellement en cours de restructuration.
Il a reçu plusieurs formations portant sur l’arboriculture en France et en Algérie, et ce dans le cadre des coopérations techniques.
Il est aussi chargé du lancement de la section agricole au sein de l’organisation patronale CEIMI.
Il se bat aujourd’hui pour une meilleure organisation de la profession agricole afin de mieux défendre les intérêts des arboriculteurs.
-Un aperçu sur le feu bactérien en Algérie?
A ma connaissance, le déclenchement du feu bactérien en Algérie a eu lieu au mois de mai de l’année 2010 dans un verger de poiriers à Ben Chaâbane, au nord de Blida. D’après des versions, il serait causé par des plants importés de Syrie. Au début, le foyer représentait 4 à 5 hectares de vergers touchés et il était maîtrisable. L’alerte a été tout de suite donnée aux autorités, dont la direction locale des services agricoles (DSA), la chambre agricole, les instituts techniques comme l’INPV et l’ITAF. On a surtout attiré l’attention du ministère de l’Agriculture, en proposant des solutions, en tant que professionnels, afin de limiter les dégâts et la propagation de la bactérie. Malheureusement, aucune mesure d’urgence, émanant de la tutelle, n’a été prise en ce moment-là.
Les autres organismes et institutions ne pouvaient rien faire tant que le ministère de l’Agriculture n’avait pas réagi.
Ce n’est qu’une année après la découverte du premier foyer, que le ministère a décidé enfin de réagir. Une réaction en retard puisque pendant ce silence d’une année, le feu bactérien a touché plus de 8.000 hectares.
Un comité de suivi et de lutte a été alors lancé par direction de protection des végétaux et contrôle technique relevant du ministère de l’Agriculture, sans pour autant apporter une solution efficace. De la Mitidja, la bactérie s’est vite propagée, en atteignant des vergers pourtant lointains situés notamment à Sidi Bel Abbès et à Aïn Oussera (Djelfa). On espère toutefois que les conditions météo seront défavorables à l’infection durant la prochaine floraison pour que le feu bactérien ne se renouvelle pas cette année.
-Que demande finalement l’arboriculteur?
On a organisé des réunions avec le ministère de l’Agriculture et on a alors proposé l’arrachage, uniquement, des vergers sérieusement endommagés.Par contre, ceux qui sont partiellement touchés, on a proposé l’utilisation de produits homologués par le ministère de l’Agriculture afin d’éviter les pertes des vergers sains d’un côté et la propagation de la maladie de l’autre côté.
Sans nous associer à la décision finale, le ministère était alors catégorique en exigeant l’arrachage pur et simple de vergers touchés même à 1%. Au moment où nous avons vivement contesté cette décision, les walis des wilayas touchées ont établi par la suite des arrêtés pour exiger l’arrachage, tout en nous proposant la maudite somme de 35.000 DA l’hectare en guise de dommage.Une grave aberration surtout quand on sait que les frais d’arrachage reviennent, à eux seuls, à 200.000 DA l’hectare...
Pour arracher, il faut aussi penser à replanter de nouveaux vergers. Donc, il nous faut l’achat de plants, la préparation du sol, le recours au système de goutte-à-goutte, la fertilisation de la terre. Ensuite, il faut suivre et entretenir les nouveaux vergers jusqu’à l’obtention de la première récolte. Il faut penser aussi au manque à gagner de l’arboriculteur puisque ce dernier doit attendre quatre ans, au minimum pour qu’un nouveau verger donne ses premiers fruits.
Ainsi, nous demandons une indemnisation globale de 1 million de dinars l’hectare, et ce, pour une stabilité économique et sociale des arboriculteurs concernés par le feu bactérien. Sinon, si on arrache les 8.000 hectares en question, ce sont en moyenne 24.000 ouvriers qui risquent le chômage du jour au lendemain, car un hectare représente en moyenne 3 ouvriers agricoles.
Il faut dire qu’en arboriculture, tout est manuel: récolte, taille, éclaircissage… contrairement à la céréaliculture, à titre d’exemple, où tout est mécanique. Aussi, la politique d’arrachage systématique ne fait qu’encourager l’importation au moment où l’Etat parle de renouveau rural et du développement de l’agriculture.
Les Marocains pensent déjà à la lutte biologique et les recherches scientifiques y sont remarquables dans ce domaine, alors qu’en Algérie, les autorités concernées sont restées une année pour réagir sans pour autant arriver à trouver la bonne solution!
Mohamed Benzerga
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Posté Le : 20/02/2012
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Mohamed Benzerga
Source : El Watan.com du lundi 20 février 2012