Quand le «Parlement» avec ses deux Chambres s'était réuni à Club-des-Pins pour entériner l'intérim «constitutionnel» d'Abdelkader Bensalah à la tête de l'Etat, il y avait encore de doux rêveurs qui osaient espérer un spectaculaire, voire un salutaire renoncement qui pouvait ouvrir les portes d'une autre transition, forcément plus raisonnable. On le disait malade, conscient de son impopularité et capable d'un baroud d'honneur qui allait lui permettre une sortie honorable. Et peut-être bien lui valoir quelque sympathie qui atténuerait les casseroles qu'il traîne «comme tout le monde». Enfin, pas vraiment comme tout le monde. On ne sait pas s'il mérite d'être dans le premier cercle des honnis mais il n'a pas certainement volé sa place. Mais attendre de lui qu'il boude l'aubaine de goûter au trône signifie à la fois qu'on ne le connaît pas suffisamment et que le pouvoir dans sa déclinaison réelle avait de réelles disponibilités à accéder aux revendications populaires, la rue ayant déjà rejeté clairement le scénario en question. Pour plein de raisons, dont la plus évidente est que c'est un? non-scénario en ce sens qu'il est synonyme de statu quo dans ce qu'il exprime de moins vertueux. Quoi qu'il en soit, les plus béatement «optimistes» en ont eu pour leurs illusions même si, curieusement, on a continué à tirer des plans sur la comète : d'une démission plusieurs fois? imminente au report des élections de juillet qui signifierait sa sortie de fait, en passant par son «court-circuitage» par un collège de transition, tout est passé. Pendant qu'il observait un étrange, voire un inquiétant silence pour un chef d'Etat d'un pays assis sur un brasier, le chef d'état-major apparaissait chaque jour un peu plus ouvertement sous les oripeaux d'un? chef tout court. A partir de ses inlassables tribunes en caserne, il évacuait rapidement le prétexte officiel de ses «visites d'inspection» qui n'auront dupé personne, avant de? passer aux choses sérieuses. Les Algériens en doutaient un peu mais s'accrochaient, histoire de ne pas tout voir en noir. Bensalah savait et pour cause ! Il faut dire que Gaïd Salah s'est aussi offert le beau rôle : celui de porte-parole d'une armée en «osmose avec son peuple» et engagée à ses côtés contre «l'ennemi intérieur et extérieur». Dans ses discours, il ne pouvait pas aligner trois phrases sans le dire et sur le terrain, il était convaincu que le complot ? réel ou supposé ? qu'il aurait déjoué, conjugué à une vague d'arrestations pour corruption opérée dans une troublante opacité et une injonction qui ne se cache pas, pouvait suffire à gagner la confiance et asseoir un pouvoir de fait accompli dont personne ne peut imaginer la suite. Comme il fallait quand même une dose de politique, on ne peut pas vraiment dire que les Algériens n'ont pas été servis : graves dérapages répressifs, fermeture de plus en plus musclée et hermétique des accès vers Alger et surtout intransigeance à chaque fois réaffirmée quant à la feuille de route «constitutionnelle». Dans la foulée de l'arrestation de Saïd Bouteflika, Tartag et Tewfik, Bensalah pouvait boucler la boucle avec un discours de? confirmation, si des fois il subsisterait un doute. Circulez, il n'y a rien à voir. Pour le prétexte officiel, c'est chacun selon son rang. Les visites en régions militaires pour Gaïd Salah, le? Ramadhan pour Bensalah. C'est déjà fait mais les Algériens donneront encore leur réponse vendredi. Il paraît qu'on entend mieux en nocturne.S. L.
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Posté Le : 07/05/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Slimane Laouari
Source : www.lesoirdalgerie.com