Algérie

Bensalah-Bedoui : une mort politique prévisible



L'élection présidentielle prévue le 4 juillet prochain n'aura fort probablement pas lieu. Les potentiels candidats ne se sont pas bousculés au portillon du siège du Conseil constitutionnel pour y déposer leurs dossiers. Le scrutin est définitivement compromis. Le vide constitutionnel que l'on craignait, s'est imposé, irrémédiablement de lui-même. Avec l'échec de la tenue de la présidentielle, c'est le soulèvement citoyen qui vient d'engranger une nouvelle victoire. Il vient d'arracher un autre acquis. Cependant, au-delà de ce qu'impose la situation, il est important de rappeler que l'organisation du scrutin présidentiel est la mission première du chef de l'Etat intérimaire, Abdelkader Bensalah et de son Exécutif et à sa tête Noureddine Bedoui. Le scrutin étant compromis, c'est la mission du chef de l'Etat intérimaire qui, en toute logique, s'estompe, d'autant plus que la loi fondamentale ne prévoit pas de solution dans ce cas de figure. Désigné chef de l'Etat suite au départ d'Abdelaziz Bouteflika, en vertu de l'application de l'article 102 de la Constitution, Abdelkader Bensalah n'avait pour mission constitutionnelle que la préparation de la présidentielle. L'article 102 précise, en effet, que "(?) le président du Conseil de la nation assume la charge de chef de l'Etat pour une durée de quatre-vingt-dix (90) jours au maximum, au cours de laquelle des élections présidentielles sont organisées". Son départ de la présidence de la République interviendra une fois un nouveau président élu. Toutefois, cette tâche est devenue quasiment inexécutable dans les délais de rigueur, soit en 90 jours de règne. Que reste-t-il, donc, à Bensalah et au gouvernement Bedoui comme mission constitutionnelle ' Autrement dit, qu'est-ce qui pourra justifier le maintien en place du chef de l'Etat et de son Exécutif ' À vrai dire : rien ! Cet échec de l'organisation de l'élection présidentielle signe fatalement la mort politique du duo Bensalah-Bedoui. Ce revers les prive de toute "légitimité" pour rester encore. Tel que réclamé par la rue, le départ "des deux B" devient inéluctable, compte-tenu des échecs à répétition des tenants du pouvoir. Cet échec est aussi celui de tous ceux qui se sont entêtés à maintenir envers et contre tout le scrutin du 4 juillet, Ahmed Gaïd Salah, notamment.En présentant l'élection présidentielle comme un aboutissement logique de l'application de la Constitution et comme une réponse appropriée au ras-le-bol exprimé par la rue, la non-tenue de ce rendez-vous électoral signe la défaite des personnes aux commandes. Ce nouveau camouflet pour les gens du pouvoir, même si attendu depuis plusieurs semaines, hâtera-t-il l'engagement d'une solution politique proprement dite ' Il est, désormais, admis, compte-tenu de l'impasse dans laquelle se trouve le pays, de "sortir" du cadre constitutionnel en quête d'autres solutions. L'annulation ou le report de l'élection présidentielle doit ouvrir la voie à la solution politique. Pour y parvenir, le maintien de la pression de la rue reste nécessaire et une volonté de la part des gens du pouvoir est souhaitée également. Avec l'échec de la mission du chef de l'Etat intérimaire et de son Exécutif, c'est la solution politique qui s'impose. À moins qu'une volonté de régler la crise existe bel et bien.
Mohamed Mouloudj


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