Algérie

Benjamin Stora, Gisèle Halimi....



Lundi. Mission de Benjamin Stora
Désigné par Emmanuel Macron pour assumer une mission sur « la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie », Benjamin Stora essuie les feux croisés de la droite et de l'extrême droite nostalgique de la colonisation et de certains de nos compatriotes. Pourtant, que l'on éprouve ou non de la sympathie pour l'homme, il faut convenir que, pour nous Algériens, ce n'est pas le plus mauvais des choix. L'historien a en effet grandement contribué à faire connaître en France le nationalisme algérien. Il a même été l'un des pionniers dans le défrichement biographique de ces mêmes nationalistes. Il a toujours soutenu l'indépendance de l'Algérie.
Dès que son nom a été prononcé pour cette mission, les attaques contre lui ont déferlé. On va jusqu'à le soupçonner d'être dans une vision de l'histoire favorable au... FLN.
L'écrivain de confession catholique et royaliste, auteur de récits historiques, Jean Sevilla, pourfend Stora qui, selon lui, aurait une vision « partielle donc partiale » de la guerre d' Algérie. Il lui reproche de ne parler que des méfaits du colonialisme et ne noterait jamais les massacres des Européens.
S'il y a, nous semble-t-il ici, des réserves à émettre, c'est sur la nature même de la mission, qui est discutable. S'agit-il d'un travail scientifique ou d'un os politique ' Est-ce à un historien de faire en sorte que les mémoires antagoniques coexistent dans la paix ' N'est-il pas, plutôt, sacré pour lui de nous faire connaître l'Histoire dans sa nudité, fût-elle cruelle '
Mardi. Mort de Gisèle Halimi
Gisèle Halimi, l'avocate de Djamila Boupacha et d'autres militants du FLN, nous a quittés à l'âge de 93 ans. Nous avons eu l'occasion par ailleurs de raconter un souvenir de sa présence qui date d'une conférence qu'elle avait donnée en 2006 à la parution de son ouvrage sur La Kahina (Plon). Outre son engagement indépendantiste, son féminisme révolutionnaire, Gisèle Halimi était une militante propalestinienne, ce qui n'est pas facile s'agissant d'une... juive tunisienne. Elle fut même l'une des juges du tribunal Russel qui condamna les crimes d'Israël, un tribunal initialement créé en 1966 par Bertrand Russell et Jean-Paul Sartre pour dénoncer la politique des Etats-Unis dans la guerre du Vietnam.
D'autres tribunaux portant la même appellation ont été mis en place dans les décennies suivantes traitant des violations des droits de l'Homme dans d'autres parties du monde et notamment en Palestine. En dépit de ce curriculum progressiste en béton, il s'est trouvé certains de nos compatriotes, lors de cette conférence, pour porter contre elle l'accusation anachronique de sionisme, du seul fait d'avoir adopté l'affirmation d'Ibn Khaldoun selon laquelle Dihya était juive. Heureusement, que notre amie feue Farida Azzegagh était là pour remarquer, par une de ses colères pertinentes et salvatrices, que « nous avons si peu d'amis, et lorsque nous en avons un, on trouve le moyen de l'accuser injustement et de le faire fuir ».
Mercredi. Qui est responsable de l'extension de l'épidémie '
L'épidémie semble devenir folle. Le virus échappe à tout contrôle. Il est vrai que le comportement décontracté des Algériens qui se tamponnent des gestes barrières est très dangereux et peut mener au chaos. Mais une nouvelle problématique surgit dans la moite canicule de cet été atypique. On s'amuse funestement à savoir qui il faudrait incriminer dans cette descente mortifère dans les abysses de la catastrophe sanitaire. N'a-t-on pas le droit de rappeler au gouvernement que, comme dans tous les pays du monde, ce sont ceux qui sont aux affaires qui doivent définir les politiques à mener et éventuellement subir les critiques ' Or, ça n'a pas l'air de se passer comme ça !
D'un autre côté, il est vrai que nous autres Algériens formons un peuple compliqué, indiscipliné, prompt à nous en remettre, au moment de perdre pied, au fatalisme plus qu'à la rationalité de l'action.
Jeudi. Le bon client Trump
Décidément, Donald Trump devient de jour en jour l'un de nos meilleurs clients. Chaque semaine, il nous fournit un nouveau motif à commentaires. Cette fois, il nous immerge encore davantage dans l'infantilisation dont il est un héraut et un otage. On sait tous que cette satanée crise de Covid qu'il a gérée de façon puérile et désastreuse, donne un sacré coup de griffes supplémentaire à son image. Il en est lui-même d'autant plus conscient qu'il sait que son comportement le dessert alors qu'il est en campagne électorale pour sa réélection en novembre prochain.
Voyant dans les sondages que son rival démocrate, Joe Biden, le devance jusqu'à 10 points, il songe d'abord à reporter les élections avant de se rétracter et de sombrer dans une plus profonde infantilisation en dénonçant par avance le vote électronique. On entend ce qu'il veut nous dire : si je perds l'élection en novembre, ce n'est pas parce que je suis le pire président que les Etats-Unis aient connu depuis leur fondation en juillet 1776, mais parce que le vote électronique permet la fraude, évidemment en faveur de mon adversaire.
Dans ce théâtre de l'absurde, dont il est le héros involontaire, Trump pousse la caricature au point où chacun a le loisir d'imaginer être dans sa caboche.
Encore un coup foireux. Il s'est présenté comme le président de la loi et de l'ordre, et le voilà couronné champion du chaos. Ce titre, il le doit à l'envoi des agents fédéraux rebaptisés les soldats de Trump, sur les lieux de contestation du mouvement antiraciste suscité par l'assassinat de George Floyd.
Vendredi. Raconte-Arts
Normalement, comme il a dit lui, on aurait dû être cette semaine en plein Raconte-Arts. Bon, ce n'est pas le cas. Tout est sens dessus-dessous. Mais les organisateurs ont eu la bonne idée de ne pas laisser à blanc l'occase. Ils organisent une sorte de festival sur Facebook. Les gens qui y tiennent peuvent poster des photos ou des textes. C'est symbolique, de fait. Mais quand même !
A. M.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)