Algérie

Béni soit le vendredi



Nous croyions, naïvement, en avoir fini avec cette polémique stérile sur le nouveau week-end et que la collectivité nationale allait s'adapter à ce glissement calendaire sans trop de couacs. Mais c'était compter sans le dogmatisme des adeptes du « vendredi ou rien ». Et c'est un argument très terre à terre qui est servi pour valoir ce droit ' divin pour certains bigots ' de sécher le travail le vendredi. Un jour pas comme les autres pour les nouveaux exégètes qui n'ont pas hésité à le décréter « sacré ». Dans quelle sourate du Saint Coran, dans quel dit du Prophète et dans quelle Sunna le vendredi a-t-il été sacralisé ' Nulle part bien sûr. Cela est d'autant plus improbable dans notre religion qui a érigé le travail au rang de culte « ibada ». Le Prophète lui-même (QSSL) instruisait les fidèles à vaquer à leurs occupations aussitôt la prière du vendredi terminée. N'est-ce pas là une preuve irréfutable, un argument massue contre tous ces prédicateurs autoproclamés qui donnent la prime au repos et à la paresse ! En quoi la demi-journée de travail ou d'étude du vendredi pourrait-elle entacher la pureté d'une prière si l'intention est bonne ' Y a-t-il une préparation « physiologico-spirituelle » censée être faite avant l'accomplissement de la prière sacrée ' C'est dire que la polémique lancée par des cercles intéressés, notamment à l'université, ne dispose d'aucun substrat religieux. Est-il besoin de rappeler que les Algériens accomplissaient normalement leur prière du vendredi de 1962 jusqu'à 1976 quand le week-end universel était en vigueur. Ils ont su parfaitement marier leurs vies spirituelle et professionnelle. Et à la fin de la journée, la moisson est totale : la grâce divine et le sentiment du devoir accompli au travail !Aujourd'hui, on assiste à une sorte de vendredi de l'angoisse, comme si travailler une matinée avant d'aller à la mosquée pouvait écorcher la foi des Algériens. Mais là où le bât blesse, c'est quand on sait que ce sont deux ministres-clés dans cette tempête politico-religieuse (de l'Education et de l'Enseignement supérieur) qui ont donné l'onction « sacrée » à la journée du vendredi. Ce qui a servi d'eau bénite aux milieux rétrogrades, dont les deux secteurs constituent les principaux réceptacles. A moins de considérer nos voisins immédiats moins musulmans que nous, par le seul fait qu'ils aient adopté le week-end universel depuis des lustres, on est face à un faux débat provoqué par de faux dévots.Les effets de manche de ces derniers qui jurent de ne pas travailler le vendredi mettent à nu l'incapacité du pouvoir à faire passer ses choix qu'il estime pourtant cruciaux pour le développement économique. Quand on est à ce point incapable d'imposer une mesure économiquement salutaire et religieusement correcte, c'est signe que quelque chose ne tourne pas rond dans la sphère de décision. Le reste n'est que prosélytisme.


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