Il n'avait pourtant que 68 ans mais il faisait
déjà figure de proue des grands patrons de pêche (ou raïs) qu'a connus la
région de Béni Saf. Il était plus connu sous le nom de «Safi ould Hagag». Il
s'est éteint, ce lundi, sur un lit de l'hôpital de Béni Saf. De son vrai nom
Mohammedi Safi, ce dernier n'a, durant toute sa vie, côtoyé que la mer. Il a
passé pas moins de 55 ans en mer. A l'âge de 14 ans, il était déjà membre d'un
équipage d'un sardinier. Il remplissait le rôle de ‘'mouâoun» (mousse), un
métier qui a, avec le temps, disparu. Le mousse avait un rôle secondaire, un
marin pêcheur à tout faire. Il préparait le manger, le café, il apportait sa
contribution dans le tri des poissons… et il apprenait en même temps. Après une
année voire moins, le mousse savait même démarrer un moteur, l'arrêter et même
s'en servir du timon (gouvernail) encore plus, avoir une connaissance sur les
points de repère des zones de pêche.
‘'Safi ould Hagag» avait même le secret de
connaître des zones poissonneuses que les autres ont mis beaucoup de temps à
découvrir. Le WMS, lui, il ne l'a connu mais sinon aujourd'hui il n'en aurait
pas besoin. Il était petit de taille mais grand par le métier. Et comme on dit,
c'était un ‘'pintchou'', patron de pêche qui ne reculait devant rien. Il a
affronté les mers les plus houleuses, les fonds les plus rocheux. On disait
qu'il aimait défier ou même ‘'taquiner'' les grandes vagues. Il aimait les
risques, les défis. C'était pour lui comme une autre passion. C'était
d'ailleurs sa réponse qu'on lui demandait pourquoi il aimait risquer de sa vie
pour les autres. Il était de la catégorie de ces hommes qui sont toujours prêts
à donner de leur sang à un malade qui est dans le besoin urgent. Lui, il
donnait de sa vie à celui ou ceux qui sont restés ‘'coincés'' en haute mer pour
une raison ou une autre. Il était le premier à prendre la mer et aller à la
rescousse de ses pairs. Il disait souvent que «la mer exige des hommes l'audace
et la passion. Celui qui n'en a pas, il n'a qu'à changer de métier».
Il a fréquenté presque tous les ports de
l'Algérie, du moins de Ghazaouet à Bouharoun, connaît chaque coin, chaque zone
de toutes ces mers. De ses 04 garçons, 02 ont suivi le métier de leur père.
«Safi ould Hagag» a été enterré le même jour au cimetière de Sidi Moussa en
présence d'une grande foule composée en majorité de gens de la mer.
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Posté Le : 30/03/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed Bensafi
Source : www.lequotidien-oran.com