Son fruit est
appelé jujube ou communément «sfi'zef». Bizarre, et à
l'inverse des autres, ce fruits est en train de devenir rare. Aujourd'hui, vous
n'êtes pas sûr de le trouver, du moins largement répandu, sur tous les étals
des détaillants comme il l'était avant les années 90.
Vous n'avez qu'à faire un tour dans n'importe quel souk populaire et
vous vous rendrez compte de vous-même. Septembre-octobre, c'est sa haute saison.
Ce jeudi, au marché couvert de Béni Saf, rares sont ces marchands qui en
proposaient. Le prix affiché, vous ne vous en doutez pas, il était à 400 dinars
le kilogramme et c'était un produit local. Ce n'est pas ça le plus inquiétant
mais plutôt les quantités étalées. C'est souvent un cageot, un seul, entreposé
à l'arrière des autres caisses de fruits comme pour dire ‘'not touch» aux
vilaines mains. Les rares caisses qui garnissaient les quelques étals nous venaient
des halles de Tlemcen, marché de gros le plus important de la région. Encore que
les rares agriculteurs, qui continuent encore à cultiver le jujubier, sont
installés du côté de la
vallée de Bensekrane, une bande fruitière aujourd'hui très
réputée. Même au niveau de ce marché de Tlemcen, on y trouve souvent à peine la
vingtaine de caisses, rapporte un grossiste du terroir. Dans la région de Béni Saf, même
si des jujubiers - encore en vie - continuent d'offrir chaque saison leurs fruits,
peu de gens daignent s'agripper pour en cueillir ce beau fruit voire même le
détacher à coup de ramures. Il est vrai que le jujubier est un arbre très haut
au point où il atteint souvent jusqu'à 8 m. Jadis, il était utilisé par le fellah
comme muraille contre les vents violents pour protéger ses récoltes. C'était
lui qui venait au souk proposer sa cueillette de jujubes. Compter tous les autres
fellahs, c'était voir, chaque jour, ce fruit rouge-brun qui ressemble à une
datte séchée, inonder ces lieux publics. Malheureusement, ce n'est plus le cas
aujourd'hui. Plusieurs jujubiers, mis sur pied par nos ancêtres, sont sur le
point de disparaître sinon de «mourir» de vieillesse. Et c'est dommage ! Enfin,
et pour ceux qui ne connaissent pas ce fruit ou l'ont carrément perdu de vue, le
jujubier est souvent répandu sur des terres immergées. C'est un arbre commun en
Afrique du Nord et d'une façon générale dans les pays chauds. En arabe, on
l'appelle unnâb sfi'zef (raisin de jujube). Cette dernière appellation est sans
doute à mettre en rapport avec le nom latin de l'arbre zizyphus jujuba. Son
fruit, le jujube, ressemble à une grosse olive de couleur rouge-brun avec un
gros noyau. Le jujubier est peu exigeant. Cet arbrisseau a une croissance très
lente, c'est son principal inconvénient. Son rendement est donc tardif. Pour
accélérer sa croissance, il est nécessaire d'améliorer le sol. Dans sa prime
jeunesse, le jujubier exige des arrosages copieux et des engrais organiques
azotés. En prenant de l'âge, il résiste bien à la sécheresse. Cependant
pour augmenter et régulariser son rendement, des
irrigations sont indispensables. Les jujubiers ont des épines à leurs branches. Le jujubier est un arbre dont les fruits
se mangent frais, en pâte de fruits, confits, en conserves, ou en confiture. On
s'en sert également comme médicament, pour soigner les douleurs, les
difficultés à s'endormir, l'asthme, le rhume, les bronchites, les inflammations
intestinales et urinaires ainsi que pour traiter la constipation. Ce
fruit protègerait même des caries dentaires ! Enfin, et au regard des vertus
médicinales et alimentaires de ce fruit, et faute d'être encore utilisé par
l'homme malgré de nombreux potentiels agroalimentaires, espérons que ce rappel
de «fruits oubliés» permet de renverser la menace qui pèse sur
cette espèce fruitière.
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Posté Le : 08/10/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed Bensafi
Source : www.lequotidien-oran.com