Algérie

Beni Saf : Les espaces culturels en déshérence



Alors que les professionnels ont identifié l'absence d'un réseau de distribution comme étant l'une des principales entraves à la relance du cinéma dans notre pays, voilà que El Feth, ex-Le Rex, a pris feu suite à un court-circuit, faute d'entretien.Ce fait divers rappelle l'existence d'autres espaces à vocation culturelle en déshérence à travers la wilaya, généralement des biens communaux. Il en existe trois à Beni Saf pour une population de 45 000 habitants et datent d'avant l'indépendance ! Si El Feth, ex-Le Rex, et la salle des fêtes appartiennent à la commune, Ennasr, ex-Lux, est propriété privée. Les deux salles de cinéma ne connaissent plus aucune activité culturelle (projections, théâtre, concert) depuis le début des années 1990.
Des trois espaces, Ennasr risque de disparaître à jamais.
Des fidèles de la petite mosquée mitoyenne se sont mis en tête de lancer une quête pour l'acquérir et réaliser une extension de leur lieu de prière.
L'affaire ne s'est pas faite car d'autres Benisafiens s'y sont opposés au motif que l'architecture de la vénérable mosquée serait totalement défigurée. Mais pour combien de temps tiendra encore cet argument ' Pour rappel, ce sont des partisans du mouvement des Oulémas qui ont cotisé pour la construction du lieu de culte qui tenait également lieu de médersa. Ben Badis est venu en personne l'inaugurer. Pour l'anecdote, les fidèles d'alors ont mis un point d'honneur jusqu'à payer le terrain à son propriétaire, un rabbin qui, sachant sa destination, leur a proposé de leur en faire don. La mosquée/médersa a depuis vécu en bonne intelligence avec le Lux qu'on appelait aussi, le «cinéma arabe» puisque sa programmation proposait des films égyptiens.
Le troisième espace est la salle des fêtes qui trône sur les anciennes hauteurs de la ville dominant les minuscules corons encore debout depuis la création de la ville. Cette salle a été prêtée à la direction de la Culture pour y programmer des activités culturelles à défaut d'El Feth, l'espace le plus approprié. Ce dernier demeure loué à un particulier bien qu'il est dans l'incapacité d'y programmer une quelconque animation culturelle. Il est de notoriété publique qu'il est intéressé par l'acquisition d'un bien immeuble en se prévalant d'un droit de préemption en tant que locataire.
Finalement, la direction de la culture a renoncé à la gestion de la salle des fêtes. Elle ne pouvait engager aucune opération d'entretien, ni même honorer les factures d'eau et d'électricité parce que, n'étant pas son bien, elle ne peut justifier leur paiement auprès du contrôleur financier de wilaya. La commune, elle, n'en a pas les moyens.
La direction de la culture s'est alors désisté au profit de Cultures du littoral, l'unique association culturelle de la ville. Cette dernière a pu répondre aux besoins les plus pressants et lancer des activités sauf qu'il en faut davantage pour d'autres aménagements et entretiens. Mais surtout, l'espace n'est pas du tout fonctionnel parce qu'il a été conçu pour abriter des noces et des bals. Sur ses 1000 m2, il dispose d'un espace cuisine, d'un autre de restauration et d'une très spacieuse piste de danse. Par ailleurs, grâce à l'épaisseur de ses murs porteurs, elle totalement insonorisée, ne générant aucune nuisance sonore pour le voisinage. Mieux encore, elle est située au centre ville et dispose d'une aire de stationnement.
C'est ce qui fait dire à d'aucuns, sachant l'importance de la demande sur ce type d'espace, qu'il est de toute urgence de la rendre à sa vocation première en la louant à un exploitant. De la sorte, les recettes pourraient soulager le maigre budget communal : «En seulement 250 jours sur les 365 de l'année, il pourrait engranger au bas mot un pactole de 12 millions de DA ! Ce sera sa plus importante source de revenu.
Accessoirement, il sera enfin possible au comité des fêtes et à la commission culturelle d'exister», estime un interlocuteur. Le SG de la commune et un élu auxquels a été rapportée cette suggestion, la trouvent séduisante : «Cette question fera l'objet d'une réunion de l'APC», promet-on. Au cours de celle-ci, il sera sûrement question de trancher sur le devenir des activités de Cultures du littoral puisque la salle des fêtes le lui sera retirée.
Pourquoi ne pas lui attribuer la salle El Feth contre un cahier de charge qui l'oblige à en faire une salle polyvalente pour le cinéma, le théâtre et les concerts ' Sur les recettes des projections et des concerts, activités bénéficiaires, une ristourne serait faite au budget communal.


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