Une quarantaine d'armateurs investisseurs,
exerçant au niveau des ports de Béni-Saf et Bouzedjar, se sont regroupés ce
mercredi au siège de la direction de la pêche de Aïn Témouchent pour exprimer
leurs inquiétudes quant aux retombées, de plus en plus angoissantes, de dettes
impayées. Ces derniers ont contracté des crédits bancaires pour l'acquisition
de bateaux de pêche, contrats qu'ils n'arrivent plus à honorer faute de
recettes suffisantes due en majorité à la maigre production halieutique
enregistrée depuis 2008. Et faute de remboursements, plusieurs d'entre eux ont
reçu récemment des mises en demeure leur sommant de se mettre, dans un délai
prescrit, à jour vis-à-vis de leur bailleur, faute de quoi ils seront
poursuivis devant la justice avec toutes les conséquences qui s'ensuivraient
allant jusqu'à la saisie de leurs bateaux.
Ainsi et dans une salle pleine à craquer,
un porte-parole désigné par ses pairs a énuméré, devant un parterre de
représentants de la presse locale, toutes les causes de la banqueroute que
connaissent ces investisseurs. Les recettes se minimisant de plus en plus, les
armateurs estiment qu'ils sont au bout d'un tunnel.
L'un d'eux nous aura même murmuré qu'ils
sont tous sur le point de reposer les rôles, synonyme d'arrêt des activités.
Selon l'intervenant, les remboursements graviteraient autour de 600 millions de
centimes par année et pour chaque investisseur.
Cependant aujourd'hui avec un chiffre
d'affaires qui varie entre 1 et 3 millions de dinars et pour un système de
partage propre à la profession qui ne réserverait qu'à peine 27% à l'armateur
pour faire face à la banque, ce qui représenterait à peine 2 mois de
remboursements sur l'année, alors que les taux d'intérêt ne cessent de galoper
et les pénalités de s'ajouter. Devant un tel calvaire, vécu au quotidien,
explique-t-il, «certains d'entre nous voient chaque jour leur santé se
dégrader».
Le directeur de la pêche, présent à la
rencontre, s'est montré sensible à leurs préoccupations et s'est engagé à faire
parvenir au ministre de tutelle une lettre qui lui a été remise par le groupe
laissant même une porte ouverte à une solution. Ces armateurs endettés
demandent, à travers les colonnes de la lettre, adressée au chef du
gouvernement dont une copie a été remise à la presse, de surseoir aux
calendriers des remboursements. L'accord signé avec la banque indiquant que les
remboursements devront s'effectuer dans un délai égal à 5 années, les armateurs
souhaitent cette fois-ci voir cette échéance se rééchelonner à 25 années. Mais
comme une telle décision appartient au gouvernement, en attendant ils réclament
un ajournement ou un gel des remboursements des crédits y compris des mesures
administratives ou pré-juridiques prises à leur encontre, le temps de voir
repartir la production halieutique et leurs portefeuilles souffler.
Ces armateurs rappellent qu'ils viennent
d'essuyer un revers de 2 années de suite 2007-2008 avec des bilans négatifs.
«2008 a été plus noire que 2007», soulignera le porte-parole. A l'origine, une
production halieutique catastrophique et des temps d'immobilisation longs dus
souvent à la météo ou encore aux problèmes techniques répétitifs et compliqués.
Durant cette période 2008, ajoute encore un autre intervenant, il y eut à peine
110 journées profitables à la pêche. Ainsi, rappelle cet armateur, si cette
situation venait de perdurer, elle menacerait au moins 500 marins-pêcheurs
(2.000 emplois directs et indirects) de se retrouver subitement sans revenus.
«A raison de 5 bouches à nourrir par personne, faites vous-même le calcul»,
ajoutera-t-il.
Enfin, notons que parmi les 48 projets déjà
réalisés dans le cadre du PRSE, 44 sont des unités de pêche et enrôlent
aujourd'hui près de 500 marins-pêcheurs. Treize autres projets dont 10 unités
de pêche sont en cours de réalisation. Le coût global de ces projets
s'élèverait à environ 2,7 milliards de dinars. L'objectif des responsables de
ce secteur de la pêche de la wilaya de Aïn Témouchent reste bien sûr la
concrétisation de tous les projets mais aussi la priorité à l'emploi, à la
formation et à la production. Pour terminer, l'on sait qu'ailleurs, beaucoup de
pays placent la pêche et l'agriculture dans le même département. Chez nous,
c'était le cas, il y quelques années. Ce qui suppose que le cri est le même
dans les 2 camps. Et comme leurs égaux, les armateurs, touchés eux aussi par la
crise météorologique, souhaitent trouver un soutien du haut de la hiérarchie.
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Posté Le : 03/05/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed Bensafi
Source : www.lequotidien-oran.com