Peut-être c'est une chance, ces jours-ci du
mois sacré, si la sardine est cédée raisonnablement à 70 DA le kilogramme à Béni-Saf/ville -réputée pour son activité de pêche- il
demeure que les autres espèces de poissons sont hors de prix.
Et si la consommation de ces catégories de
poissons a toujours été un luxe par contre, jamais les prix n'ont connu une
telle flambée comme au cours de ces premiers jours de Ramadhan. La raison est
bien sûr connue, le ratio offre/demande est nettement inférieur à 1. Pour mieux
expliquer, on a une sous-production qui fait face à une sur-demande.
En fait, même si le poisson demeure inévitablement un plat très préféré pour la
plupart des «jeûnards», un peu plus pour les Bénisafiens, manger du poisson blanc ou des crustacés
relève de l'imaginaire, pour la majorité de la population dont le pouvoir
d'achat a été, encore une fois, frappé de plein fouet en ce mois sacré, mois
des envies.
Les prix affichés donnent le vertige à plus
d'un. Il va falloir réfléchir par deux fois pour demander au poissonnier de
vous mettre quelques pièces sur la balance. En cette période où la pêche se
déroule en haute mer, ainsi moins productrice, certains poissons blancs
valaient les yeux de la tête. Ce luxe reste réservé aux couches aisées de notre
société. Comment peut-on garnir chaque soir, la table avec des prix affichés
aujourd'hui à la pêcherie du port de Béni-Saf où
justement une virée effectuée ce jeudi 11ème Ramadhan nous a permis de faire un
constat de visu ?
Le lieu, un espace exigu réservé dans sa
partie sud à la pêcherie centrale, qui depuis le début du mois en cours est
envahie, chaque jour, par des rushs de gens, venus de tous azimuts, pour
s'approvisionner en poisson frais. Dès 13h30, ce hall nord devient une
véritable fourmilière où il devient difficile de s'ouvrir un chemin à travers
les rangées de caisses de poissons entreposées à même le sol. Si vous avez un
téléphone et que vous comptez l'utiliser, faudrait mieux le mettre en mode
«vibreur». Dans ce semblant de marché, on y trouve de toutes les espèces de
poissons, de toutes les couleurs, de toutes les tailles et à tous les prix. Ces
prix qui justement font grincer les dents à plus d'un. Et comme dira l'autre, à
chacun sa bourse, à chacun son poisson. On est dans l'après-midi, c'est surtout
le poisson blanc qui est proposé. Le plus attirant est le rouget. Sa robe, rayée
rougeâtre et sa superbe forme, attirent le premier venu. Celui-ci qui, il y a à
peine un mois était proposé à 1.000 DA le kilo, est passé à 1.600 voire 1.900
DA. Le merlan, cet adorable poisson de coloration argentée est cédé à 2.000 DA.
Pour la crevette, ne me demandez surtout pas la couleur, car la distinction se
fait à la taille. La taille moyenne fait aujourd'hui 2.500 DA le kilo. Sa
cousine, la langoustine, on ne vous la mettra pas sur la balance à moins de 2.000
DA le kilo. Et si elle atteint un calibre respectable, elle est aux alentours
des 3.000 DA. On parle toujours au kilo, messieurs ! Ces prix élevés des
crevettes et des langoustines les assimilent à des produits de luxe que chacun
se fait un devoir de traiter avec le plus grand respect, c'est-à-dire, le plus
souvent, de les servir platement avec une mayonnaise banale. Le calamar, le
gris (le vrai), il est affiché à moins 2.000 DA le noir appelé «Potta», à 1.400 DA, bizarrement comme la sole d'ailleurs. L'espadon,
si vous en trouvez, est tranché à pas moins de 1.400 DA. Seulement, vous pouvez
toujours trouver le similaire, de la «bistna» ou
requin blanc ou encore le thon blanc. Et là, c'est du 1.200 DA, le kilo, et
encore c'est donné ! Le poissonnier a souvent intérêt à liquider la pièce de
poisson souvent d'une cinquante de kilos. L'autre catégorie du poisson blanc, appelé
communément 2ème, tel le «mister», le pageot, la
rascasse ou le diable de mer «scolpa», le faux pageot
ou «bizigou», ils sont cédés en général, entre 700 et
800 DA, selon le calibre du poisson ou encore la tête du client. Le poisson
vendu à la pièce, c'est du 1.000 DA la pesée. Quant au 3ème choix (appelé
communément «morayâ»), constitué principalement des
poissons comme le chat de mer, la raie…. c'est du 400 DA, le kilo et non à la
pièce. On y trouve même de l'anchois, préparé à la maison et proposé à 600 DA
le kilo. Reste enfin l'autre poisson de toutes les bourses, le sorel. Il y a
quelques jours à 140 DA le kilo, il est passé à 200. Le petit «sorel», utilisé souvent pour la soupe de poisson, est soldé
à 120 DA le kilo. Quant à la sardine, désignée comme le poisson accessible à
toutes les bourses, et comme cité en haut de page, elle est proposée
raisonnablement entre 70 et 120 DA, même si ces jours-ci, elle nous vient de Ghazaouet. Celle de Béni-Saf est
souvent mieux appréciée mais l'offre reste à son stade d'insuffisance. Ainsi, et
à ces prix-là, le «sorel» surtout, à un degré moindre
la sardine, a de fortes chances de farcir, chaque soir, les poêles des
ménagères. Et pourquoi de tels prix, a-t-on demandé à un poissonnier ? «Le
poisson nous a ‘'tourné'' le dos, tout simplement».
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 13/08/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed Bensafi
Source : www.lequotidien-oran.com